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dimanche 23 juillet 2023

« Mon chien me conduira-t-il au Paradis ? » de Xavier Loppinet (2020)

« Le chien a son sourire dans sa queue », a dit un jour Victor Hugo (…) dans L'Homme qui rit.

« Partout où il y a un malheureux, Dieu envoie un chien. » (Alphonse de Lamartine, Mémoires, inédits)


Ange, homme, chien : on retrouve ici l'inséparable trio.

C'est comme si les anges prenaient le relais des chiens dans le soin apporté à Lazare. Ceux-ci (les chiens), comme ceux-là (les anges), sont donc des compagnons de route, les uns sur les chemins terrestres, les autres sur les célestes. 


Selon Albert le Grand, Lazare a, par ses mérites, comme Daniel l'avait fait avec les lions, retourné, « converti » les chiens. Ils se convertissent en quelque sorte au contact des hommes bons. À bon homme, bon chien….


Le terme de « compagnon » pour le chien doit donc être pris dans son sens étymologique : celui qui partage le pain.


Ce chien fut un authentique go-between, comme il l’avait été entre Tobie et les siens.


(…) il y a la providence, certes, et le chien en a été l'instrument. Mais maintenant que saint Roch intercède pour toi, lecteur, à toi aussi d'être providentiel pour ton prochain. Comme Gothard a été ému par son chien, laisse-toi aussi convertir par la bonté, puisqu'elle se manifeste dans n'importe quelle créature du Bon Dieu.


La Légende dorée est un ouvrage du dominicain Jacques de Voragine (1228-1298) (…) Au cours de ses démêlés avec Simon le magicien - mentionné dans les Actes des apôtres (…) saint Pierre ordonne au chien, qu'il a apprivoisé d’un signe de croix, de poursuivre Simon, sans le blesser et de lui arracher ses vêtements jusqu'à le laisser entièrement nu.


« Cabotin » (qui a donné aussi « cabotiner ») aurait été un célèbre comédien ambulant à la fois directeur de théâtre et charlatan sous le règne de Louis XIII…


Le message de La Salette est une « révélation privée » (…)

Ce qui est frappant, c'est que ce règne animal n'est jamais évoqué pour lui-même, mais dans sa relation avec les hommes. Comme si ces mentions enjoignaient à l'homme de tenir son rang dans la création. Il en a la responsabilité. Or si l'homme coupe sa relation avec le Créateur, alors le chaos s'installe. En revanche, si l'homme se tourne vers Dieu, la création en est transformée (…)« S'ils se convertissent, les pierres et les rochers deviendront des monceaux de blé et les pommes de terre seront ensemencées par les terres. »

La Salette n'est pas l'unique apparition mariale où les chiens jouent un rôle. À Beauraing, en Belgique, entre 1932 et 1933, la Vierge apparaît trente-trois fois à cinq enfants, dans la cour d'une école tenue par des religieuses (…) « Il y avait deux chiens présents lors des apparitions. Les Sœurs, incrédules, les avaient lâchés dans le jardin des apparitions, grilles fermées, pour nous empêcher de venir ; nous étions donc hors du jardin, et les chiens aboyaient furieusement en se jetant sur les grilles, car la foule se pressait, rapidement très nombreuse. [...] mais quand la Vierge apparaissait, ils se couchaient et se taisaient. Et ça, tout le monde le voyait. Alors que personne ne nous croyait, même pas ma mère, ce que j'ai pu pleurer ! Ma mère ne pouvait plus nous voir, Andrée [ma sœur] et moi ! Ils ont été les premiers à nous soutenir, et depuis, chaque fois que je vois un chien, je craque. »


« Le scepticisme de jadis déferle comme une mer et porte le nom de superstition.

Le Père Brown se leva brusquement, le visage attristé par une sorte de contrainte et il poursuivit comme s'il était seul.

- Voilà la première conséquence de la négation de Dieu. Vous perdez votre sens commun et ne pouvez plus voir les choses telles qu'elles sont. Une idée quelconque, dont tout le monde parle, et que tout le monde vante, s'étend indéfiniment comme une perspective dans un cauchemar. » (L’Oracle du chien, G.K. Chesterton, 1923)


Tout homme est gardien de son frère, ce frère fut-il un chien, pour reprendre les termes de « frères » et « sœurs » employés par Francois d’Assise dans son Cantique des créatures.


En effet, le geste de Christ associé au diaconat et le lavement des pieds (…) les diacres ont une vocation d'éclaireur pour l’évêque sur la question des malheureux.

La question du pain partagé est précisément à l'origine de l'institution des diacres. Les Actes des Apôtres rapportent que dans la toute première communauté chrétienne, des récriminations avaient surgi parce que ce partage du pain ne paraissait pas équitable. Les douze apôtres, débordés par leurs activités, proposèrent d’instituer sept personnes « de bonne réputation, remplies de l'Esprit et de sagesse, et nous les préposerons à cet office » (Actes 6,3). Les diacres veillent ainsi dans l’Église à la distribution des aumônes…


Parler de providence, c'est dire l'attention aimante de Dieu pour chacune de ses créatures.


En 2015, dans son encyclique (lettre « circulaire » destinée à tous), intitulée Laudato si’, « Loué sois-tu », le pape François écrit : « Le sentiment d'union intime avec les autres êtres de la nature ne peut pas être réel si en même temps il n'y a pas dans le cœur de la tendresse, de la compassion et de la préoccupation pour les autres êtres humains. » (…) La solidarité entre tous les éléments de la création est telle que quand l’homme se détourne de Dieu, la création en pâtit.


Ce chien apparaissait quand Jean Bosco était menacé. Il surgit ainsi un soir quand deux brigands s'attaquèrent lui. Et cela se reproduisit souvent : le grigio arrivait toujours au bon moment. Il était véritablement providentiel. Une de ses dernières apparitions est particulièrement troublante : Bosco venait d'être surpris en route pour la nuit.

« Ah ! Si j'avais mon grigio, me disais-je, cela me serai bien utile! » Ceci dit, je gravis la pente d'un pré pour jouir des derniers éclats du jour. A ce moment le grigio gambada autour de moi tout en fête et m'accompagna pendant les trois kilomètres de route qui restait à parcourir. [Une fois arrivé chez mon ami), on bavarda beaucoup avec toute la famille, puis on se mit à table pour souper. Mon compagnon fut laissé dans un coin de la salle pour s'y reposer.

Après le repas, mon ami me dit : « Il faudrait bien faire manger votre chien aussi. » On prit un peu de nourriture pour la lui porter. On le chercha dans tous les coins de la salle et de la maison, mais plus de grigio ! Tous furent très étonnés car on n'avait ouvert ni porte ni fenêtre et les chiens de la famille n'avaient en rien signalé sa sortie.

On fouilla de nouveau les étages supérieurs, mais personne ne put le retrouver. Ce fut la dernière fois que j'eus des nouvelles de ce chien gris, objet de tant de recherches et de discussions. Je n'ai jamais pu en connaître le maître. Je sais seulement que cet animal fut pour moi une véritable providence au milieu des dangers que j'ai rencontrés. »

En fait, cet épisode ne fut pas le dernier. Le chien réapparut encore après la rédaction de ces mémoires.

Mais le mystère s'épaissit d'autant plus, car cela fait en tout une durée d'apparition de trente-quatre ans (de 1849 à 1883), une bien longue durée de vie pour un chien... Jean Bosco disait avec un sourire : « Alors ç'aura été son fils ou plutôt son petit-fils?. » « À la fin de son existence, Don Bosco a laissé entendre que sous l'apparence de ce chien se cachaient les interventions d'un ange. » (Joachim Bouflet, in Prier, hors-série, 2016)


Ainsi l'homme et le chien se gardent mutuellement, veillent l'un sur l'autre, ils « s'entre-gardent » comme ils s’entre-regardent.


Ce chien montre, en vous suivant, que lui-même est capable de choix. Cette reconnaissance mutuelle, première complicité, augure assurément d'un beau et fidèle compagnonnage…


Quand son maître se tourne vers Dieu, le chien, comme toute la création, trouve en l'homme la réponse à ses confuses aspirations d’échapper au néant (Romains 8,20-21). À la suite du Christ ressuscité, avec l'homme, la création tout entière est aussi en pèlerinage vers l’éternité.


Se promener, c'est aussi s'ouvrir à l'extérieur, à l'aventure, à la rencontre de la création tout entière, dont le chien est ici le représentant attentif et le témoin privilégié d'une harmonie en partie retrouvée. Il me met en interaction avec lui et la création. Il sollicite mon attention : il ne s'agit pas seulement de sortir de chez moi, il faut que je sorte de moi-même (…)

Homme, ton chien est l'ambassadeur de toute la création. Homme, il attend de toi, avec toute la création, que tu sois signe de bonté. Homme, il attend de toi, avec toute la création, que tu sois à l'image de ton Créateur : Don.

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