« Le théâtre et son double » d’Antonin Artaud (1938)

Protestation contre le rétrécissement insensé que l'on impose à l'idée de culture en la réduisant à une sorte d’inconcevable Panthéon ; ce qui donne une idolâtrie de la culture, comme les religions idolâtres mettent des dieux dans leur Panthéon.

Protestation contre l'idée séparée que l'on se fait de la culture, comme si il y avait la culture d'un côté et la vie de l'autre ; et comme si la vraie culture n'était pas un moyen raffiné de comprendre et d'exercer la vie.

Et il est juste que de temps en temps les cataclysme se produisent qui nous incitent à en revenir à la nature, c'est-à-dire à retrouver la vie.

(…) nous devons accuser l'écran formel que nous interposons entre nous et la foule, et cette forme d'idolâtrie nouvelle, cette idolâtrie des chefs-d'œuvre fixés qui est un des aspects du conformisme bourgeois.

Ce conformisme qui nous fait confondre le sublime, les idées, les choses avec les formes qu'elles ont prises à travers le temps et en nous-mêmes,– dans nos mentalités de snobs, de précieux et d’esthètes que le public ne comprend plus.