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vendredi 18 décembre 2020

« Orgueil et préjugés » de Jane Austen (1813)

C'était un sujet passionnant et Mrs Bennett ne semblait pas se lasser d'énumérer les avantages d'une telle union. Un charmant jeune homme, si riche et vivant seulement à trois miles de chez eux, étaient les premiers motifs de sa félicité. Ensuite, c'était pour elle une grande satisfaction de se dire que, puisque ses deux sœurs était aimées de Jane, elles désiraient certainement autant qu'elle que ce mariage ait lieu ! Et puis, quelles perspectives prometteuses pour les plus jeunes sœurs pour qui le beau mariage de Jane faciliterait la rencontre d'hommes fortunés. Et, en dernier lieu, il était si agréable, à son âge, de pouvoir confier ses filles à la garde de leur sœur, de façon à ne plus se sentir obligée d'aller dans le monde plus qu'elle n’en avait envie. Il était important que les mondanités restent un plaisir, et c'est d'ailleurs ce qu’exigeait le bon ton (…) Elle termina en formulant le vœux que lady Lucas ait bientôt le même bonheur qu'elle, même si elle était bien évidemment convaincue, dans son triomphe, qu’il n'y avait aucune chance que cela lui arrivât un jour (…) À la longue, cependant, Mrs Bennet finit par n'avoir plus rien à dire, et lady Lucas, qui avait longtemps bâillé à l'énumération de délices qu'elle n'avait aucune chance de partager, put enfin goûter en paix au jambon et au poulet froid.

Mr Collins n'était assurément ni intelligent ni plaisant, sa société était ennuyeuse, et son prétendu attachement pour elle inexistant. Mais, enfin, il serait son mari. Sans avoir une autre idée des hommes et du mariage, son objectif avait toutefois toujours été de se marier. C'était la seule position honorable pour une jeune fille bien élevée et peu fortunée et qui, à défaut d'un bonheur incertain, constituait la meilleure garantie contre le malheur. Cette garantie, elle l'avait maintenant obtenue. Et, à l'âge de vingt-six ans, n'ayant jamais été jolie, elle en sentait tout le prix.


Catherine, l'esprit faible et irritable, s'était toujours offensée de leur avis. Et Lydia, entêtée et insouciante, les écoutait à peine. Elles étaient ignorantes, paresseuses et vaines.


Son caractère sera fixé et, à seize ans, elle sera la plus incorrigible coquette qu'on ait jamais vu ridiculiser elle-même et les siens. Il s'agit d'une coquetterie de la pire et de la plus basse espèce, qui n'a pour la justifier que l’attrait de sa jeunesse et un physique acceptable. Du fait de son ignorance et du vide de son esprit, elle est parfaitement incapable de se protéger du mépris général que sa rage de se faire admirer ne peut manquer de susciter. Kitty est elle aussi menacée par ce danger. Elle suivra Lydia partout où celle-ci voudra l'amener. Vaine, ignorante, paresseuse et absolument sans la moindre maîtrise d'elle-même !

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