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samedi 12 octobre 2019

"Terrence Malick et l'Amérique" d'Alexandre Mathis (2015)

Après une dizaine de semaines de repérages, son entreprise évolua et se mua en une saga contemplative sur les origines du monde et de la vie. Il envoya alors des équipes filmer en Antarctique, en Europe et en Asie, et y récupéra tout un tas d'images, sans pour autant écrire de scénario, au grand dam de ses producteurs Robert Geisner et John Roberdeau. Le projet échoua. Plus tard, The Tree of Life s'apparentera d'ailleurs à une version remodelée de Q.

A bien des égards, Malick s'ancre dans une tradition du cinéma américain en traitant de la conquête et de la possession (…) dans son œuvre, l'homme n'est jamais conquérant de l'espace.

Malick est né et vit au Texas. il y habite une demeure à Austin, proche de la nature, où les biches se promènent dans son jardin. Son pays, les contrées qu'il aime, il les filme, il les explore, il les fait partager. Avec The Tree of Life, son ode à la vie se nourrit de ce qui l'a marqué étant enfant. Pour filmer cela, il a rebâti un quartier entier près d'Austin. Les gens vivaient sur place, comme si le plateau de tournage et le vrai monde ne faisaient qu'un. le procédé rappelle celui adopté sur le tournage du Nouveau Monde, où le fort de Jamestown avait été refait de toutes pièces C'est une communauté perdue qui se recrée dans The Tree of Life : celle de l'Amérique industrielle post-Seconde Guerre mondiale. Le quartier ressemble à un îlot de bonheur. Dans cette banlieue calme s'épanouissent des enfants auprès de leurs parents. Ils y découvrent le partage, l'autorité, la beauté des choses, la cruauté et les pulsions.

La Balade Sauvage s'inspire d'un fait réel survenu en 1958 : Charles Starkweather, 20 ans, et Caril Fugate, 13 ans, commettent onze meurtres (dont celui de la petite sœur de Caril, étranglée et poignardée)…

… chez Malick, les fuyards ne luttent que pour rester enfermés dans leur monde.

En ne glorifiant ni Kit ni Holly, le cinéaste questionne notre représentation du héros, ou de l'antihéros. Il refuse toute explication sociologique du passage dans l'illégalité. Il expose des faits et rien d'autre. Dès ce premier films, il impose un parti pris central de son cinéma : poser des questions sans offrir de réponse.

(…) le destin de deux frères de Terrence. L'aîné, Chris, fut gravement blessé dans un accident de voiture. Larry, son second frère, parti en Espagne pour apprendre la guitare, désespère de ses échecs, se casse les mains et se suicide.

(…) la dernière image que voit un soldat de La Ligne rouge trépassant, celle d'une feuille trouée à travers laquelle passent des rayons de soleil. La nature y est encore vivace, mais perforée, comme brisée par le passage de l'être humain.

Tous les films de Malick sont un apprentissage au monde, à la vie, à l'amour. Les comportements des adultes et des enfants diffèrent peu (…) La meilleure façon d'apprendre pour un enfant, c'est d'expérimenter, donc de jouer.

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