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mercredi 18 juillet 2018

« Martin Luther - La face cachée d’un révolutionnaire » d’Angela Pellicciari (2012)


« Il est possible que saint François d’Assise n’ait pas été moins révolté que Luther par la débauche et la simonie des prélats. il est certain qu’il en a plus cruellement souffert, car sa nature était bien différente de celle du moins de Weimar. Mais il n’a pas défini l’iniquité, il n’a pas tenté de lui faire front, il s’est jeté dans la pauvreté, il s’y est enfoncé le plus avant qu’il a pu, avec les siens, comme dans la source de toute rémission, de toute pureté. » (Georges Bernanos)

(…) liberté des princes qui se retrouvent - et disent qu’ils agissent par la volonté de Dieu - les maîtres absolus de la vie non seulement temporelle, mais également spirituelle des nations qui leur sont soumises.

Dans Du serf arbitre, Luther affirme que l’homme n’est pas libre, il est esclave. La volonté de l’homme n’a aucun pouvoir. Les hommes sont comme des marionnettes dont le sort est joué derrière leur dos par Dieu et par le démon. Et pourtant le mot liberté devient un mantra répété à chaque pas.

Les nations protestantes donnent naissance à la première internationale de l’histoire : l’internationale protestante est divisée sur tout, mais pas sur la haine antiromaine.

A chaque « office », à chaque charge ecclésiastique, correspond un « bénéfice », c’est-à-dire une rente qui permettrait au titulaire de l’office de subvenir à ses besoins et de remplir le devoir qui lui était confié. Durant la papauté avignonnaise, il est décidé que la personne chargée d’un office doit payer d’avance un an de rente du bénéfice annuel (…) Dans ces circonstances, il est évident que ne devient évêque, cardinal, archevêque, curé, vicaire et ainsi de suite, que celui qui dispose de ressources financières. A partir du moment où il n’y a pas tant de riches, se concentre dans leurs mains un nombre considérable d’offices…

La traduction [de la Bible] de Luther n’est pas la première en langue allemande : c’est cependant la plus efficace, très bien écrite, fruit de la collaboration de chercheurs et de linguistes (…) Le père de la Réforme écrit dans la « langue commune », celle que tout le monde comprend, en Allemagne méridionale comme en Allemagne septentrionale (…) La traduction de Luther est souvent libre au point que, pour mieux expliciter ou pour souligner certains passages considérés comme fondamentaux, il n’hésite pas à modifier le texte en introduisant des mots qui n’existent pas dans l’original. Ainsi, par exemple, le verset 28 du troisième chapitre de l’Epître aux Romains (« Car nous estimons que l’homme est justifié par la foi sans la pratique de la Loi ») est traduit en ajoutant l’adjectif « seul », qui n’est pas sans importance en vie de la juste compréhension du texte. Le texte de Paul devient donc ce qui suit : « Car nous estimons que l’homme est justifié par la foi seule sans la pratique de la Loi. »

Otton, le premier empereur [en 962] issu de Saxe (…) choisit les comptes, les nomme évêques, et ceux-ci, en définitive, lui sont débiteurs de leur autorité et de leurs privilèges : l’obéissance au pape entre en conflit direct avec l’obéissance à l’empereur. D’où l’âpreté de la lutte pour les investitures menée par la papauté contre l’Empire (…) l’Eglise allemande a une structure rigoureusement féodale.

Dans la préface de ses Œuvres rédigée un an avant sa mort, en 1545, Luther parle ainsi de sa « haine » pour la justice de Dieu, du Dieu qui punit les pécheurs…

Les révolutionnaires de toutes les époques ont en commun le langage : un langage simple, clair, populaire, lapidaire. Un langage, qui correspond aux exigences de la propagande, facile à répéter…

Charles Quint de Habsbourg, empereur romain germanique est de loin l’homme le plus puissant du monde (…) engagé sur divers fronts de guerre, il reste pendant des années loin de l’Allemagne. Aussi, si Luther et ses idées s’affirment relativement facilement, c’est également car les conditions extérieures lui sont favorable, empêchant Charles Quint d’agir avec détermination.
Rome est saccagée (…) en 1527 par les troupes du catholique Charles Quint (…) La population romaine est réduite de moitié (…) Avec la paix d’Augsbourg en 1555, il reconnaît aux princes protestants la licéité d’imposer le culte luthérien dans leurs territoires (…) Un absolutisme jusqu’alors inconnu dans l’Europe chrétienne  s’impose aux sujets : celui de partager la profession religieuse de ses seigneurs, sous peine d’exil (…)

En 1556, l’empereur abdique, il se retire dans un couvent. L’homme le plus puissant du monde laisse spontanément l’immense pouvoir qu’il détient. C’est un cas unique dans l’histoire. Charles Quint a compris qu’il n’était plus possible de remplir la fonction de saint empereur romain puisque, l’unité religieuse ayant disparu, il manque la condition préalable qui rend cela possible.

Les ecclésiastiques ayant été éliminés, qui s’acquittera de la tâche qui leur revient  Les princes  « C’est pourquoi je soutiens que, puisque l’autorité temporelle a été commandée par Dieu pour protéger les bons et punir les mauvais, il faut la laisser libre dans ses offices, afin qu’elle pénètre sans encombre tout le corps de la chrétienté, sans faire face à personne, fût-il pape, évêque, prêtre, frère, moine ou ce que vous voulez. »

« Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » devient : « Rendez à César ce qui est à César et donnez-lui également ce qui est à Dieu. Rendez à César autant le pouvoir temporel que le spirituel. »

(…) l’hypothèses des « pieux » chrétiens qui élisent à leur convenance des prêtres et des évêques pour administrer les sacrements est manifestement fausse, à la lumière tant de l’Ecriture que de toute l’histoire de l’Eglise.
L’élection des apôtres vient d’en haut : c’est Jésus qui les choisit (…) Jésus étant monté au ciel, sur quel critère les apôtres désignent-ils le successeur de Judas qui s’est auto-exclu de leur nombre ? Avec le concours de l’Esprit Saint…

(…) de tout temps, et en particulier pendant la Révolution française, le combat contre l’Eglise commence par la revendication que les curés et les évêques soient élus pour toute la communauté. Pourquoi une telle bienveillante attention ? Parce que séparée de Rome et de la succession apostolique, l’Eglise n’est plus catholique et devient une petite église nationale soumise à tous les diktats du puissant de service.

L’homme n’est pas responsable de ses actes, comme l’affirme le titre Du serf arbitre. Par conséquent, il n’y a pour lui et il ne peut y avoir aucune récompense ni aucune condamnation. Il y a simplement l’impénétrable volonté de Dieu qui, depuis l’éternité, destine l’un à l’enfer et l’autre au paradis.

Tous égaux ? En Luther, l’inégalité entre les hommes est tellement radicale qu’elle en devient métaphysique : certains sont créés pour le salut, d’autres pour la damnation.

Dans la lectio divina de Benoît XVI aux séminaristes de Rome, le 22 février 2009 (…), il rappelle (…) : « Chair » - dans le langage de saint Paul - est l’expression du moi rendu absolu, qui veut être tout et prendre tout pour soi.

Si, en 1525, Luther affirme : « L’autorité ne peut empêcher que chacun enseigne et croie ce qu’il veut », cinq ans plus tard, en 1530, il soutient tout l’inverse : qui s’écarte de la doctrine de Wittenberg sera puni (…) : « Il n’est pas autorisé que n’importe quel individu vienne à perdre l’esprit, crée sa propre doctrine, se fasse passer pour maître Untel et veuille devenir votre maître et blâmer qui lui plaît. » (…) Dans les « Propos de table, Luther déclare : « Qui méprise l’école de Wittenberg est un hérétique et un homme mauvais ; en effet, Dieu a révélé sa Parole dans cette école. » (…) Ce n’est pas par hasard s’il a été défini comme le « pape de Wittenberg. »

(…) l’Epître de Jacques semble presque devancer ante litteram les positions de Luther pour les réfuter à la racine : « A quoi cela sert-il, mes frères, que quelqu’un dise : « J’ai la foi », s’il n‘a pas les œuvres ? La foi peut-elle le sauver ? » (…) Dans le Prologue de l’édition du Nouveau Testament publiée en 1546, Luther écrit que l’Epître de Jacques « n’est que paille, parce qu’elle n’a aucun caractère évangélique » (…) sur l’Apocalypse : « Je ne trouve rien d’apostolique ni de prophétique dans ce livre. »

Dans sa deuxième Epître, Pierre écrit : « Avant tout, sachez-le : aucune prophétie d’Ecriture n’est objet d’explication personnelle ; ce n’est pas d’une volonté humaine qu’est jamais venue une prophétie, c’est poussés par l’Esprit Saint que des hommes ont parlé de la part de Dieu. » Est-ce Pierre qui a raison ou est-ce Luther qui, en niant le magistère, revendique la libre interprétation de l’Ecriture pour chaque croyant ?

Le cas extrême est celui d’un tailleur, Jean de Leyde, qui donne vie en 1534 au fantomatique « règne millénaire de Münster » et qui, après s’être proclamé roi de Münster se déclare également roi du monde (…) Son règne millénaire se propose de « se venger ». (…) Les millénaires de Münster croient être les descendants des fils de Jacob et combattent à l’arme blanche contre les fils d’Esaü. Ils ordonnent la fin de la propriété privée, interdisent la chasteté et imposent la polygamie (…) Jean prend pour épouses une quinzaine des femmes.

Le thème de la vengeance, important dans la culture moderne et dans l’implantation maçonnique (les frères pensent devoir venger la mort de leur mythique fondateur, Hiram, tué par trahison), est central dans le texte Sur la vengeance et sur le châtiment de l’atrocité babylonienne écrit par Bernhard Rothmann, chapelain luthérien passé à l’anabaptisme.

(…) tous peuvent , sans aucune limite, et aucun critère établi (…) revendiquer la vérité de leur propres pensées (…) sur l’interprétation de la Bible, ce qui compte, en définitive, c’est la force dont les individus ou les groupes disposent et le manque de scrupules par lequel ils l’imposent.

Le 12 octobre 1952, s’adressant aux membres de l’Action catholique, Pie XII synthétise ainsi le drame de l’apostasie de l’Occident, qui commence avec le protestantisme, continue avec l’illuminisme et aboutit à un athéisme évident : « Le Christ, oui, l’Eglise, non ! Puis Dieu, oui, le Christ, non ! Finalement, le crie impie : Dieu est mort ; et même : Dieu n’a jamais existé. »

Dès les premières années de son engagement révolutionnaire, Luther se sert d’images blasphématoires pour provoquer la haine, et avec la haine, le mépris et, avec le mépris, la dérision de l’Eglise romaine (…) les images dessinées par le peintre et graveur Lucas Cranach l’Ancien, son contemporain et amis (…) « Lucas m’a ordonné d’écrire sous ses images », écrit-il à Spalatin en 1521, et il commente : « L’antithèse illustrée du Christ et du pape est prête désormais, c’est un bon livre pour laïques ». L’Antithèse illustrée de la vie du Christ et de l’Antéchrist (…) est un pamphlet composés de vingt-six xylographies (…) conçu précisément pour le peuple : pour les « laïques » pas trop difficiles à satisfaire, ayant peu de sens des limites et de la mesure, pas particulièrement instruits, faciles à convaincre avec des images grossières et des commentaires aux limites de la brutalité.

(…) sous les traits de l’Antéchrist, Léon X est très reconnaissable, le pontife auquel Luther s’était adressé à peine un an auparavant avec une déférence mielleuse, en disant : « Tu sièges, saint-père Léon, comme une brebis au milieu des loups, ou comme Daniel entre les lions, ou comme Ezéchiel au milieu des scorpions. »

(…) seize ans plus tard : le moine augustinien regrette son choix et reconnaît à trente-neuf ans que son père avait raison (…) Luther affirme se soumettre à la volonté paternelle parce que celle-ci est la volonté de Dieu : « Mon vœu non plus ne valait rien, parce que me soustrayais à l’autorité paternelle étable par Dieu. »
Selon Luther, l’obéissance au père serait donc impérative, y compris pour le for interne qui concerne les choix les plus intimes et personnels de notre vie, qu’est assurément celui de la vocation religieuse (…) cette même conscience à laquelle Luther ne cesse jamais de faire appel (…)
Luther a décidé d’en finir avec la vie monastique ; l’affirmation : « Désormais je suis moine et pas moine, une nouvelle créature, non pas du pape mais du Christ (…) Le Christ m’a délié du vœu monastique, et il m’a donné tellement de liberté (…) que je suis uniquement son sujet, non celui des autres. »
Luther quitte définitivement l’habit en 1534, mais, l’année précédente, il a écrit Pourquoi les vierges peuvent abandonner le cloître avec la paix du Seigneur. Dans les régions où la Réforme se propage, la vie monastique est détruite et interdite parce que Luther pense que les vœux sont contraires à la liberté du chrétien, contraires à l’Écriture, contraires à l’usage de l’Eglise primitive (…) contraires enfin, surtout celui de chasteté, à la raison naturelle dans la mesure où les hommes et leurs femmes sont faits pour la procréation.

Avec Luther, au contraire, « pour toujours » disparaît de la vie des hommes. Apparaît : « tant que je le voudrai, tant que cela me plaira, tant que cela me sera possible. »

Dès 1522, les couvents sont pris d’assaut, les moines sont contraints d’abandonner leurs maisons (…) Refuser, au nom de la liberté, à des moines et des frères de vivre comme ils ont librement choisi de le faire est d’une contradiction implacable.

L’argent a un rôle de premier ordre dans l’affirmation de la Réforme, parce que l’ampleur des biens dont les princes réformés entent en possession du jour au lendemain s’élèvent environ à un tier de la richesse nationale. Non pas un fleuve, mais un océan d’argent.

Premier iconoclaste de l’époque moderne, ennemi juré de toutes les icônes, Luther est convaincu que l’élimination des images saintes rend la vie de la population plus spirituelle; le moine révolutionnaire qui détruit les images de la tradition et de la foi catholiques est pourtant la même personne qui utilise profusément les images qu’il a inventées. Luther sait que, surtout après l’invention de l’imprimerie, la propagande se fait par les images.

Ainsi, par exemple, l’hymne composé en 1537 qui psalmodie : « Maintiens-nous, ô Seigneur, dans ta foi. Envoie au pape et aux Turcs le jour fatal. »

Les princes sont reconnaissants : avec leur totale autonomie vis-à-vis de Rome et la naissance des Eglises d’Etat contrôlées par eux, leur pouvoir, leurs richesses et leur indépendance face à l’empereur augmentent.

L’Exhortation à la paix à propos des douze articles de paysannerie souabe (1525) (…) Aux yeux de Luther, les entreprises « non patients et non pacifiques » ne peuvent se considérer comme chrétienne, parce que le chrétien supporte l’injustice et ne s’insurge pas contre l’autorité. C’est ce qu’il est écrit dans l’Exhortation alors qu’il s’est lui-même comporté de la façon opposée pendant toute sa vie publique.

(…) dans une prédication de 1526, il affirme que les autorités ont le devoir de la part de Dieu de « menacer, de battre, d’étrangler, de pendre, de brûler, de décapiter, d’estropier la populace, le monsieur Tout-le-Monde, pour être redouté(e)s. »

« (…) le Christ nous place corps et biens sous l’empereur et sous le droit séculier » (…) Nous sommes en 1525 et, il convient de le rappeler, Luther s’est déjà ouvertement rebellé contre le pape et l’empereur.

(…) un homme à double face, scindé entre l’esprit, considéré comme libre, et le corps jugé esclave.

« Ce temps est tellement exceptionnel qu’un prince peut, en versant le sang, gagner son ciel. Dès lors, chers seigneurs, exterminez, égorgez, étranglez, et que celui qui a du pouvoir s’en serve. »

En janvier 1533, huit ans après que cent mille paysans environ ont été tués, empalés, brûlés et rendus aveugles, Luther, lors d’un déjeuner avec ses disciples, se remémore ainsi ces jours terribles : « Les prédicateurs sont les plus grands assassins. En effet, ils exhortent l’autorité à disposer fermement et à son goût de sa charge et à punir les éléments nocifs. Lors du soulèvement, j’ai tué tous les paysans, tout leur sang est sur ma tête. Mais, moi, je le reverse sur Notre-Seigneur Dieu ; il a exigé que je parle d’une tele manière. »

Deux siècles après Luther, étant désormais élevée au rang de royaume, la Prusse devient avec Frédéric II la patrie d’élection du despotisme éclairé. C’est-à-dire de ce cercle de souverains qui, s’étant détachés de l’universalité catholique, embrassent l’universalité maçonnique des « Lumières ».

Qu’est-ce que les Lumières ? est un écrit polémique [d’Emmanuel Kant] qui a pour cible l’Eglise catholique qui n’est pourtant jamais nommée (…) Voici la conclusion à laquelle il parvient au nom de la libre pensée : les « savants » doivent jouir de toute la liberté de discussion qu’ils veulent, ils doivent cependant obéir : « Raisonnez autant que vous voulez et sur tout ce que vous voulez ; mais obéissez. » Philosophe d’inspiration protestante, Kant parvient à la même dichotomie que Luther, à la même conception de l’homme divisé en deux composants : le corps et l’âme. L’âme libre et le corps sujet.

«  (…) le meurtre, le vol, l’assassinat et l’adultère ne sont pas aussi pernicieux que l’abomination de la messe papiste. »

(…) le consistoire est institué à la fin des années 1530. Son indépendance vis-à-vis du pouvoir temporel n’est cependant qu’apparente car les membres du consistoire sont nommés par le prince, c’est lui qui le convoque et en rédige les règlements, c’est encore au prince que revient le dernier mot dans toutes les décisions. La juridiction ecclésiastique est devenue un appendice de la juridiction civile.

« Le mariage et l’état matrimonial sont une affaire terrestre, il n’appartient pas aux prêtres et aux ministres de l’Eglise de nous donner un quelconque règlement ou de nous diriger dans cette affaire. » (1)

Le cas du landgrave Philippe de Hesse, luthérien de la première heure, que Luther définit comme étant le « nouvel Arminius », est un cas extrême. Marié en 1523 avec Christine de Saxe dont il a sept enfants, vicieux et luxurieux, il veut épouser, sa femme étant consentante, la demoiselle à la cour, âgée de dix-sept ans, Marguerite von der Saale. Le 9 décembre 1539, Philippe écrit à Luther et à Melanchthon afin qu’ils consentent aux noces et permettent un second, et public, mariage (…) Dès le lendemain, les deux réformateurs répondent : rien de public ne peut être fait en raison du scandale qui en découlerait. Si cependant le landgrave insiste, une dispense peut être accordée parce que le « mariage supplémentaire » n’a rien conte la loi de Dieu, il peut être déterminé par une « nécessité de conscience », et « l’homme peut, sur les conseils de son pasteur, prendre une femme supplémentaire ».

Il se trouve qu’en 1540 était en vigueur la Lex Carolina qui condamnait les bigames à mort par décapitation (…) Que fait Luther ? Il conseille de tout nier et de raconter un mensonge : il n’y a jamais eu de second mariage, la prétendue deuxième épouse est seulement une concubine. Voici ce qu’il écrit le 17 juillet 1540 : « Dire un mensonge nécessaire, utile et qui t’aide, ce n’est pas aller contre Dieu, qui au contraire le prend volontiers sur lui. »

Lorsque les juifs refusent de se convertir au pour Evangile luthérien, la condamnation est sans appel et impitoyable : « Des chiens sanguinaires, et assassins de tous les chrétiens, en parfaite conscience et volonté, maintenant et depuis mille quatre cents ans ; et ils le seraient volontiers également dans les faits. » ; 
« Evite les juifs comme si c’était la peste, et sache que partout où ils ont leurs synagogues, il n’y a rien là d’autre qu’un repaire de démons. » 
« A chaque fois que tu verras un juif, rappelle-toi que juste par son regard il infecte et tue les hommes. » ; 
« Aucun peuple, bien que barbare et cruel, n’a jamais rien fait de façon aussi criminelle et sacrilège. Aucun être humain, aucune créature n’a jamais fait ces choses, à part Satan, ou les forcenés et les démoniaques possédés par Satan. » (2)

« C’est une chose utile que de brûler toutes leurs synagogues, et si quelque ruine a été épargnée par l’incendie, il faut la recouvrir de sable et de boue, afin que personne ne puisse voir pas même une pierre ou une tuile de ces constructions.
Que soient détruites et dévastées également leurs maisons privées. En fait, que les mêmes choses qu’ils font aux synagogues soient faites aussi pour les maisons.
Qu’ils soient privés de tous leurs livres de prières et des textes talmudiques, dans lesquels sont enseignés des idolâtries, des mensonges, des stupidités et des blasphèmes. »
« Si vous, princes et seigneurs, ne prenez l’initiative de barrer de manière habituelle les voies publiques à ces usuriers, alors peut-être certains cavaliers (…) pourraient les traiter comme du gibier dans l’une de vos parties de chasse à cheval ».
(…) que tout l’argent comptant leur soit séquestré », à partir du moment où « tout ce qu’ils possèdent est le fruit des vols et des saccages opérés à nos dépens à travers l’usure. »
(…) la première traduction paraît en allemand, en Allemagne, en 1936. A l’époque du nazisme.

« (…) avant d’arriver à Eisleben, j’ai dû traverser un village plein de juifs (…) j’ai senti un vent froid sur la nuque à travers mon chapeau, comme pour transformer mon cerveau en bloc de glace. »

(…) dans la dernière prédication qu’il prononce à Eisleben le 15 février 1546, trois jours avant sa mort. L’Exhortation contre les juifs peut être considéré comme une sorte de testament spirituel (…) si les juifs ne se convertissent pas , « nous ne devons pas les tolérer » (…) Les juifs sont « nos ennemis publics » et « s’ils pouvaient nous tuer, ils le feraient volontiers, en vérité ils le font souvent, spécialement ceux qui se font passer pour des médecins. » (…) « J’ai voulu faire cette exhortation à vous », conclut Luther, « en tant qu’Allemand. »

Le patient travail de recherche de ce témoignage visuel, tombé dans l’oubli pendant très longtemps et difficile à trouver, a été fait dans les premières années du XXè siècle par les jésuites Hartmann Grisar et Franz Heege, dans leur Images de bataille de Luther (…) se déverse sur Paul III une interminable rengaine d’insultes, monotone, répétitive, déprimante : « très cher petit âne », « apôtre du diable », « maudit Antéchrist », « porc épicurien », « excrément du diable », et ainsi de suite (…) Le 15 mail 1545, à Matias Wanckel : « Chaque image et chaque figure que j’ai publiées vaut un livre entier : ces figures sont mon testament. »
Luther a été prophétique : son testament a été collecté et divulgué dans les siècles qui ont suivi par la pensée gnostique, jacobine et franc-maçonne, dominée par la haine et la guerre contre l’Eglise catholique.

« Comment en arrivons-nous, Allemands, à être obligés de supporter telle volerie et pillage de nos biens par le pape ? Puisque le royaume de France a pu s’en défendre, pourquoi nous laissons-nous, Allemands, berner et piller de la sorte ? (…) A eux seuls, les secrétaires du pape sont plus de trois mille ; qui comptera les employés des autres offices, alors qu’il existe tant d’offices qu’on parvient à peine à les compter ? Et tous guettent les prébendes et les bénéfices d’Allemagne comme le loup guette les brebis. »(3)

(1) Formulaire pour la bénédiction du mariage, 1529
(2)  Des juifs et de leurs mensonges, 1543
(3)  A la noblesse chrétienne de la nation allemande.


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