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mercredi 5 février 2014

« Le jeune Staline » de Simon Sebag Montefiore (2007)

Kamo « était complètement subjugué » par Staline qui l’avait converti au marxisme. Ils avaient grandi ensemble dans la ville tumultueuse de Gori, à 78 km de là. Pilleur de banques d’une audace ingénieuse, Houdini de l’évasion, c’était cependant un nigaud crédule et un dangereux psychopathe à moitié fou. D’une sérénité inquiétante et intense, le visage étrange et « sans éclat », le regard vide, il était toujours prêt à tuer pour son maître et implorait souvent Staline : « Laisse-moi le tuer pour toi ! ». Il ne reculait devant aucune action macabre ou follement intrépide ; plus tard, il plongerait la main dans la poitrine d’un homme pour lui arracher le cœur.
Toute sa vie, le magnétisme distant de Staline attirerait des psychopathes amoraux et sans entraves et lui gagnerait leur dévotion. Kamo, son homme de main depuis l’enfance, et ces gangsters de Tiflis inauguraient une longue lignée.

En 1907, Staline était un individu de petite taille, mince, nerveux, mystérieux, aux nombreux noms d’emprunt, vêtu habituellement d’une chemise de satin rouge, d’un manteau gris et d’un feutre noir, son signe distinctif. Parfois (…) il aimait arborer une cape blanche caucasienne jetée avec ostentation sur l’épaule. Toujours en mouvement, toujours pressé, il revêtait les nombreux costumes de la société tsariste comme autant de déguisements et échappa souvent aux traques en s’affublant de vêtement féminins.
Séduisant aux yeux des femmes, il chantait souvent des mélodies géorgiennes ou déclamait des poèmes ; charismatique, doué d’humour, c’était cependant un être profondément mélancolique, un étrange Géorgien  à la froideur nordique.

Baigné dans la culture de l’honneur et de la loyauté de la Géorgie, Staline était l’exemple même du réaliste résolu, du cynique ironique, du tueur impitoyable ; c’était lui qui avait créé l’Equipe bolchevique d’attaques de banques et d’assassinats qu’il contrôlait de loin comme un parrain de la Mafia. Il cultivait une rudesse de paysan mal dégrossi, ce qui lui aliénait des camarades, mais dissimulait utilement ses dons subtils aux yeux des rivaux snobs.

Sa carrière de parrain de la pègre, de pilleur de banques audacieux, de tueur, de pirate et d’incendiaire, bien que murmurée en Russie et très appréciée par les critiques à l’étranger, demeura cachée jusqu’au XXIè siècle.

Davrichewy, le chef de la police, qui aidait Keke lorsqu’elle se plaignait des beuveries agitées de son mari, était un autre père potentiel. « Pour autant que je le sache, Sosso était le fils naturel de Davrichewy », témoigna un ami de Davrichewy, Jourouli, le maire de la ville. « Tout le monde à Gori était au courant de sa liaison avec la jolie mère de Sosso ? »
Staline lui-même dit en une occasion que son père était en fait prêtre, ce qui nous amène au troisième candidat, le père Tchakviani (…) Les prêtres de Gori, eux, étaient des débauchés notoires (…) Quant à Keke elle-même (…) sa piété ne fait pas de doute, mais l’observance de la religion n’a jamais exclu les péchés de chair (…) « Quand j’étais jeune, je faisais le ménage chez les autres et lorsque je rencontrais un beau garçon, je ne manquais pas l’occasion. »

(…) à l’école paroissiale, on n’acceptait que les enfants du clergé et sa mère raconta que l’on avait fait passer Sosso pour le fils d’un prêtre.

Les rumeurs sur sa bâtardise (…) n’était qu’une autre façon d’abaisser le tyran profondément haï en Géorgie, province qu’il envahit et opprima dans les années 20.

« Les raclées imméritées rendirent le petit garçon aussi dur et inflexible que son père lui-même »

Quqnd Sosso se cachait, Besso, fouillait la maison en hurlant : « Où est le petit bâtard de Keke ? Caché sous le lit ? » (…) un jour, il lança même un poignard à la tête de Besso pour défendre Keke (…) Keke avait l’habitude de le battre (…)
Adolf Hitler fut lui aussi battu par son ivrogne de père, Alois. Staline ne devint ni bourreau d’enfants ni mari brutal, quoiqu’il fût un époux et un père destructeurs. Et il fut, en parie au moins, responsable de la mort prématurée de ses deux épouses.

Comme il « ne pouvait s’arrêter de boire », elle s’installa chez le pope, le père Tcharkviani.
Keke remarqua le changement qui s’opérait chez le petit Sosso : « Il devint très renfermé, restant souvent assis seul et ne sortant plus pour jouer avec les autres enfants. Il annonça qu’il voulait apprendre à lire ? Moi je voulais l’envoyer à l’école, mais Besso s’y opposa. »

(…) il fut marqué à vie au visage et aux mains de cicatrices de la variole. Un de ses surnoms – et des noms de code que lui dona l’Okhrana – serait Tchopura, le Vérolé.

Son amour (…) était étouffant et strict. La mère et le fils étaient assez semblables, et la source du problème est là.

A la fin de 1888, alors âgé de dix ans, Sosso entra triomphalement à l’école paroissiale de Gori (…) Malgré sa pauvreté, Keke tint à ce que Sosso ne fit pas mauvaise figure au milieu des fils aisés de popes. Il serait au contraire, le garçon le mieux vêtu de l’école qui comptait cent cinquante élèves.
Ainsi il se fit que beaucoup d‘élèves n’avaient pas oublié, des décennies plus tard, le premier jour de Sosso à l’école (…) Les écoliers firent cercle autour de lui, fascinés. Le garçon le plus miséreux était le mieux vêtu, tel un petit Lord Fauntleroy de Gori. Qui avait bien pu payer ces beaux atours ? Popes, taverniers, et officiers de police avaient certainement joué leur rôle.

C’était un enfant étrange : lorsqu’il était heureux, « il exprimait sa satisfaction de la manière la plus bizarre. Il claquait des doigts, hurlait très fort et sautait alentour à cloche-pied ! »
Staline, même à l’âge de dix ans, exerçait un magnétisme singulier.

« Il n’était pas un jour », raconte le fils du père Tcharkviani, Kote, que « quelqu’un ne l’ait rossé, le renvoyant en pleurs à la maison – ou qu’il n’ait lui-même rosé quelqu’un ». Telle était la ville de Gori.

C’était un parfait Goreli, car l’habitant de Gori était bien connu dans toute la Géorgie pour n’être qu’un matrabazi, un coquin vantard et violent. Gori était une des derniers villes à pratiquer «  la coutume pittoresque et sauvage » des rixes ouvertes à tous avec leurs règles propres, mais où tous les coups étaient permis. Boisson, prière et bagarre se mêlaient étroitement, les popes éméchés jouant le rôle d’arbitres.

La population s’élevait à sept mille habitants, pour la moitié des Géorgiens comme les Djougachvili, pour l’autre moitié des Arméniens comme la famille de Kamo…

Dès qu’il échappait au contrôle de sa mère, il fallait que Staline, même enfant, fût le chef.

Staline témoignait d’un enthousiasme lyrique pour les montagnes et le ciel, mais rarement de compassion pour les gens.

Il avait été heurté dans la rue par une calèche (…) alors âgé de douze ans (…) il manqua l’école pendant de longs mois. Il avait été sérieusement atteint aux jambes (…) une fois rétabli, il adopta une démarche pesante et bancale qui lui valut un nouveau surnom. De Tchopoura, le Vérolé, il devint Geza, le Trottineur (…) Son bras en resta à jamais estropié, lui interdisant d’être véritablement l’idéal du guerrier géorgien (…) Par ailleurs, cela lui épargna la conscription et une mort probable dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale.

Alexandre III décréta que les Géorgiens devraient apprendre le russe (…) Les élèves n’avaient pas même le droit de parler géorgien entre eux.

L’enfant de chœur préféré du maître de chant était Staline (…)  « Il y avait beaucoup de solos et c’était toujours Staline qui les chantait. » On demandait souvent Staline pour les mariages (…) C’était lui « qui lisait le mieux les Psaumes » à l’église.

« Sosso consacrait son temps libre à lire » (…) Il ne manquait jamais la classe ni n’arrivait en retard, et il voulait toujours être le premier en tout » (…) lorsqu’il était responsable de la classe, il notait le nom de quiconque était en retard ou essayait de tricher. Les autres garçons le surnommèrent même « le Gendarme. »

Staline et Peter Kapanadze se demandèrent s’il était juste de tuer des brigands alors que les prêtres leur enseignaient le commandement biblique « Tu ne tueras point ». Les deux écoliers furent particulièrement atterrés de voir un prête debout près des potences avec une grande croix.

Dictateur septuagénaire et conquérant de Berlin, Staline continuait à étudier : « Regardez-moi, dit-il vers 1950, je suis vieux et j’étudie encore. » Les livres de sa bibliothèque sont tous soigneusement annotés et accompagnés de commentaires en marge. Ce fut cette ferveur d’autodidacte et diligente, soigneusement cachée sous des manières frustes de paysan brutal, que ses adversaires, comme Trotski, ignorèrent à leurs dépens.

Le garçon de 16 ans (…) se retrouvait  dans une institution qui ressemblait davantage aux école privées britanniques ou aux pensionnats français du XIXè siècle qu’à une faculté de théologie ; les dortoirs, les petites brutes, la sodomie, les professeurs cruels et confits en dévotion…

Le séminaire devait se glorifier, titre singulier, de fournir à la Révolution russe certains de ses plus impitoyables extrémistes. « Aucune école laïque, écrivit un autre séminariste, Philippe Makharadze, camarade de Staline, ne produisit autant d’athées que le séminaire de Tiflis. » Le Sac de pierre devint un pensionnat pour révolutionnaires.

A la fin du trimestre, Sosso porta ses textes au célèbre journal Iveria (« Georgie ») où il fut reçu par le prince Ilia Tchavtchavadze, le plus grand poète du pays (…) Il aimait les vers de  Staline et choisit de publier cinq poèmes (…) Tchavtchavadze le surnomma « le jeune homme aux yeux brûlants ».

Il connaissait Nekrassov et Pouchkine par cœur, lisait des traductions de Goethe et de Shakespeare et pouvait réciter des poèmes de Walt Whitman. Il parlait sans se lasser des poètes géorgiens de son enfance (…) Staline respectait le talent artistique, préférant en général tuer des politicards du Parti que de brillants poètes (…) Et il préserverait la plupart des génies, comme Chostakovitch, Boulgakov, Eisenstein, leur téléphonant parfois pour les encourager, d’autres fois les dénonçant et les ruinant (…) Staline protégea Pasternak : « Qu’on laisse cet hôte des nuages en paix ».

Alors qu’ils visitaient une vieille église, Staline encouragea son élève à décrocher une ancienne icône, à la briser et à uriner dessus.

Staline se déclarait athée, il quittait les séances de prière, bavardait en cours, arrivait en retard à l’heure du souper et refusait d’ôter son chapeau devant les moines.

Staline ne revint jamais. En mai 1899, le journal de l’école nota simplement : « Renvoyé (…) pour absence aux examens. »

Une femme écrivit à Staline au sujet de sa nièce (…) qui aurait été conçue par Staline lui-même en 1899 (…) Si le père Abachidze découvrit un tel événement ou si Keke craignait que le séminaire n’apprît cet incident, le rôle de la mère de Staline dans son départ de l’institution pourrait s’expliquer (…) il n’avait pas été exclu parce qu’il était révolutionnaire et il conserva des relations courtoises avec le séminaire par la suite. Certaines biographies affirment qu’il fut renvoyé pour absence aux examens, mais cela eût été excusable en cas de maladie. En fait, l’Eglise se mit en quatre pour le satisfaire, lui épargnant de rembourser ses cinq années de bourse d’études (…) elle lui proposa même de repasser les examens et lui offrit un poste de professeur (…) Tache noire avait habilement augmenté les frais de scolarité. Staline n’essaya même pas de payer. Il partit tout simplement (…)
Tache noir avait fait de lui, de manière perverse, un marxiste athée et lui avait précisément enseigné les tactiques répressives – « surveillance, espionnage, intrusion dans la vie intérieure, viol des sentiments », selon les mots mêmes de Staline – qu’il reproduirait dans sa police d’Etat soviétique.

Son bolchevisme singeait la religion chrétienne avec ses cultes, ses saints et ses icônes.

(…) selon le célèbre Catéchisme du révolutionnaire du nihiliste Netchaïev, « tout sentiment tendre et amollissant de parenté, d’amitié, d’amour, de gratitude et même d’honneur (devait) être étouffé par l’unique et froide passion révolutionnaire. » (…) Il suggérait de « fondre ce monde de brigands en une force invincible et destructrice » et de tuer les policiers « de la manière la plus implacable ».

En 1881, ils atteignirent leur cible et tuèrent Alexandre II dans les rues de Saint-Pétersbourg (…) La corde, réservée aux assassins d’un membre de la famille impériale ou d’un ministre, était rarement employée, mais elle eut un effet déterminant : l’exécution d’Alexandre Oulianov, jeune homme qui s’était trouvé dans l’entourage d’une conspiration contre le tsar, contribua à radicaliser son frère cadet Lénine.

Ses compagnons d’incarcération (…) s’accordent à dire que Staline en prison était un sphinx froid, « dépenaillé, marqué par la variole, avec une barbe hirsute et de longs cheveux peignés en arrière ». Ce qui les frappait le plus, c’était  « son calme parfait ». Il « ne riait jamais franchement, mais souriait seulement avec froideur » et « était incapable de coopérer avec quiconque (…) Il marchait seul. Toujours imperturbable. »
(…) « tempérament glacial : en six mois, je ne l’ai jamais vu crier, céder à la colère ou s’indigner – il se comportait toujours avec un parfait sang-froid », et son « sourire était soigneusement calculé selon ses émotions. »

(…) cette docilité de la police tsariste serait inconcevable dans la police secrète soviétique (…) Une fois au pouvoir, Staline n’eut que mépris pour le laxisme tsariste et se montra déterminé à l’éviter dans le cadre se da propre politique de répression. « Les prisons ne ressemblent à rien d’autre qu’à des maisons de repos », écrivit-il à l’apogée de la Terreur en 1937.

Staline était hostile aux intellectuels prétentieux, mais, avec les révolutionnaires ouvriers plus frustes, qui ne réveillaient pas son complexe d’infériorité, il jouait au professeur, au Prêtre. Sosso « organisa la lecture des journaux, de livres et de revues, et donna des conférences aux détenus. »

L’exil en Sibérie était considéré comme l’un des abus les plus terribles de la tyrannie tsariste (…) Ces séjours paternalistes ressemblaient davantage  des mornes vacances émaillées de lectures qu’à l’enfer vivant des goulags meurtriers de Staline. Les exilés recevaient même de l’argent de poche du tsar) douze roubles pour un noble comme Lénine, onze pour un diplômé comme Molotov, et huit pour un paysan comme Staline – de quoi acheter des vêtements et de la nourriture et payer un loyer (…) Les bannis devaient louer des chambres chez l’habitant ; ils se retrouvaient dans des pièces exiguës et bruyantes, accablés par les cris des enfants et le manque d’intimité (…)
Les exilés se comportaient de faon effroyable, mais la conduite de Staline, séducteur désinvolte, géniteur d’enfants illégitimes, querelleur invétéré et trublion compulsif, était l’un des pires. A peine arrivé, il se mit à enfreindre les règles (…) J’étais le plus souvent avec les droit commun. Nous faisions une halte dans les bistrots de la ville…

Lénine, qui adorait les confrontations schismatiques, divisa le Parti, affirmant que son groupe rassemblait les Majoritaires, les Bolcheviki, et celui de Martov les Minoritaires, les Mencheviki.

Même à cette date précoce, Lénine et Staline, soi-disant champion du prolétariat, étaient contre l’engagement des authentiques travailleurs. Ils croyaient en une oligarchie qui dirigerait au nom des travailleurs (…) Staline était convaincu que l’élection d’ouvriers aux comités du Parti impliquerait trop de révolutionnaires amateurs et d’agents de la police.

Il y eut en fait neuf arrestations, quatre brèves détentions et huit évasions.

Il « considérait la gratitude comme une maladie canine » (…) Sosso profitait de manière éhontée de ses amis. « S’il se rendait dans la famille d’un individu, il se comportait comme s’il en était un des membres. S’il remarquait qu’elle avait du vin, des fruits ou des douceurs qu’il aimait, il ne se gênait pas pour dire : « Eh bien, quelqu’un m’a dit que l’on m’avait invité à boire et à manger des fruits », et il ouvrait le buffet et se servait ». Il croyait que ces gens lui devaient littéralement de quoi vivre par gratitude pour sa mission sacrée.

Dans la clandestinité, le révolutionnaires avaient (…) des mœurs sexuelles très libérées.

« Ce n’état pas un tribun, mais un maître dans l’art de la dissimulation ». Il parlait « avec un léger sourire, les yeux fixes  de manière concise, claire, et était très convaincant »…

Chavichvili vit comment Staline « tacticien suprême », laissa les mencheviks s’exprimer les premiers devant un auditoire qui s’ennuyait. Lorsque son tour arriva, il dit qu’il ne voulait pas les lasser et refusa d’intervenir. « Les ouvriers l’implorèrent alors de parler », et il le fit pendant un petit quart d’heure avec « une simplicité frappante ». Il « conserva un sang-froid stupéfiant (…) ; il parlait comme dans une conversation sereine et nouvelle (…) ; il semblait ne rien voir, mais rien ne lui échappait. » Il remporta le débat (…) Des années plus tard, il joua le même tour à de célèbres orateurs comme Trotsky.

Tous les révolutionnaires étaient, en partie au moins, soutenus financièrement par le monde des affaires et la classe moyenne, dont beaucoup de membres étaient ignorés par le régime tsariste, en tout cas empêchés d’exercer la moindre influence. En Russie même, les ploutocrates, comme le magnat du textile Savva Morozov, étaient les plus gros contribuables des bolcheviks, tandis que chez les juristes, les directeurs d’entreprise et les comptables, c’était un symbole de statut que de faire des dons aux partis révolutionnaires. Cela était particulièrement vrai en Georgie.
Cependant le sens de l’hospitalité et la philanthropie n’expliquent pas tout. Staline avait probablement appris l’art lucratif du racket de protection et des extorsions grâces à ses relations dans le milieu criminel…

Staline devient le roi de la montagne (…) Mais les mencheviks l’emportaient dans le reste du Caucase.

Partout dans l’Empire, des travailleurs et des soldats élisaient des conseils ou « soviets » (…) A Saint-Petersbourg, le Soviet, dirigé par Trotski, défiait le tsar en se proclamant avec audace « gouvernement parallèle ».

Lénine n’était pas un orateur brillant. Sa voix s’entendait mal et il ne pouvait pas prononcer les « r », mais « au bout d’une minute », écrivit Gorki qui le rencontra pour la première fois à cette époque, « je fus, comme tout le monde, subjugué (…) en entendant des questions politiques complexes traitées aussi simplement ». Staline, observant Lénine parler, « fut captivé par cette force logique irrépressible qui, bien que quelque peu brusque, dominait entièrement son auditoire, l’électrisait peu à peu et enfin l’emportait complètement ! »

Staline se considérait supérieur à tous les autres délégués, à l’exception de Lénine.

(…) un garde du corps qu’il nommait son « Assistant technique ». Le terme « technique » était un euphémisme bolchevique pour terrorisme ou tuerie – ainsi Krassine, tout comme les mencheviks appelaient leurs laboratoires de fabrication de bombes leurs « services techniques ».

Staline ne témoigna jamais aucun intérêt pour l’argent et partageait toujours ce qu’il avait avec ses camarades.

Les gangsters de Sosso partageaient sa foi et son ascétisme marxistes. Leur évangile était le « Que faire ? » de Lénine (…) tout vol d’une partie du butin entrainait la mort.

« Staline était un merveilleux organisateur et extraordinairement sérieux, et il perdait très rarement son calme. »

1907. Staline venait de réussir une évasion de Sibérie en traversant 600 km de toundra sur un traîneau tiré par des rennes.

Brillant écrivains à l’écriture facile, orateur éblouissant à l’accent juif incontestable, et d’une vanité éhontée, Trotski, aux costumes de dandy et à la crinière soigneusement bouclée, était auréolé de l’éclat d’une célébrité révolutionnaire internationale, très en avance déjà sur Staline. Quoiqu’il fût le fils d’un riche paysan juif de la lointaine province de Kherson, il était d’une arrogance démesurée et considérait les Géorgiens comme des ploucs, des « péquenauds » (…) Staline, dont les talents restaient dans l’ombre alors que Trotski brillait sous les feux de la rampe, le détesta au premier coup d’œil : Trotski était « joli mais inutile », écrivit-il à son retour. Trotski ricana simplement, disant que Staline « ne parlait jamais ».
(…) les mencheviks, qui détestaient sa brutalité et ses actes de banditisme, travaillaient contre lui en menant une campagne pour interdire les attaques de banques et pour marquer des points contre Lénine.

La présence des Juifs irritait Staline qui décida alors que les bolcheviks étaient « la véritable faction russe », tandis que les mencheviks étaient la « faction juive ».

Partout en Russie, « la réaction avait triomphé, toutes les libertés avaient été abolies et les partis révolutionnaires écrasés », se souvient Tatiana Voulikh, mais Bakou, contrôlée tout autant par les compagnies pétrolières et une police corrompue que par les gouverneurs du tsar, suivait ses propres règles.

Bakou était une ville de « débauche, de despotisme et d’extravagance », une zone crépusculaire de « fumée et de ténèbres ». Son propre gouverneur la qualifiait d’« endroit le plus dangereux de Russie ».

Bakou fut créé par une unique dynastie. Suédois par leurs origines, Russes par opportunisme et internationaux par instinct, les Nobel s’enrichirent une première fois en vendant des mines terrestres et autres engins explosifs au tsar Nicolas Ier et, en 1879, l’année du premier derrick (« fontaine » de pétrole) à Bakou, Ludwig et Robert Nobel créèrent la Compagnie pétrolière Nobel Frères dans la ville jusqu’alors essentiellement connue pour son antique temple zoroastrien ou des mages s’occupaient des feux sacrés alimentés en huile de naphte[1].

Un autre frère, Alfred, inventa la dynamite, mais l’invention par Ludwig des pétroliers ou tankers fut presque aussi importante. Les Français Rothschild suivirent les Nobel à Bakou. Dès les années 1880, la Compagnie pétrolière Caspienne – mer Noire du baron Alphonse de Rothschild était le deuxième plus gros producteur.

En 1901, Bakou produisait la moitié du pétrole mondial – et le prix Nobel, créé cette même année, fut financé grâce à ses profits.
Le boom pétrolier, tout comme la fièvre des diamants de Kimberley ou la ruée vers l’or californienne, transformait les paysans en millionnaires du jour au lendemain. Et c’est ainsi qu’une ville perse, poussiéreuse et venteuse, construite au bord de la Caspienne autour des murailles et des rues sinueuses d’une forteresse médiévale, devint une des plus célèbres cités au monde.

Bakou était un creuset de pauvreté pitoyable et de richesse incroyable. Ses rues étaient envahies de « musulmans à la barbe rousse, de porteurs dénommés ambals ployant sous des charges excessives, de colporteurs tartares vendant des friandises, d’étranges personnages vêtus de soies bruissantes dont les yeux noirs enflammés vous observaient par des fentes, de barbiers installés sur les trottoirs, tout semblait se passe dans les rues », grouillantes d’hommes des tribus en veste plissée avec des dagues ornées de pierreries, de Perses en gilet et chapeau de feutre, de Juifs des montagnes en bonnet de fourrure, et de millionnaires occidentaux en frac avec leurs épouses vêtues selon la mode française. Staline qualifiait sa main d’œuvre composée d’Azéris turcs, de Perses, de russes, de tchétchènes et d’Arméniens de « kaléidoscope national ». Les riches se promenaient sur l’Esplanade maritime suivies de voitures remplies de gardes du corps armés de revolvers.

« Le pétrole suintait partout, dit Anna Allilouïeva. Les arbres ne pouvaient pas pousser dans cette atmosphère empoisonnée. » Parfois le pétrole remontait à la surface de la mer  et s’enflammait en vagues de feu extraordinaires.

Les 48 000 ouvriers travaillaient dans des conditions épouvantables, vivant et se battant entre eux dans des ruelles crasseuse, « jonchées de détritus en décomposition, de chiens étripés, de morceaux de viande putréfiée, d’excréments ». Leurs demeures ressemblaient à des « habitations préhistoriques ». L’espérance de vie était de 30 ans seulement. Les gisements pétroliers étaient l’arène bouillonnante du « crime organisé et sans loi et de la xénophobie. La violence physique, les vols et les vendettas dominaient la vie quotidienne des ouvriers. »

Tout à la fois Dodge City, Bagdad la médiévale, Pittsburg l’industrielle et Paris du baron Haussmann, Bakou était trop perse pour être européenne, mais trop européenne pour être perse. »

A Bakou (…) Staline prospéra (…) Ce fut là qu’il devint le « second Lénine ».

La réaction de Staline à la mort de Kato est très comparable à son comportement après le suicide de sa seconde épouse, Nadia Allilouïeva, en 1932 : menace de suicide, apitoiement sur soi-même et autocritique pour négligence.

Bien que son fils fût à Tiflis, il n’avait nulle intention de revenir dans ce « marais » provincial où il était déjà un paria politique. Il abandonna donc son enfant pendant plus de dix ans (…) Ce n’était en rien la coutume géorgienne.

La plupart des intellectuels étaient trop snobs ou hautains pour s’occuper de ces analphabètes, mais Sosso faisait salle comble grâce aux musulmans qui votaient en masse pour lui (…) Par l’intermédiaire de ses contacts musulmans, Staline contribua à armer la Révolution perse. Il envoya des combattants et des armes (…) pour renverser le shah de Perse, Mohammed Ali, que ses bolcheviks tentèrent d’assassiner. Staline traversa même la frontière pour organiser ses partisans en Perse…

(…) Lénine qui s’était installé à Genève. Nous savons qu’ils se rencontrèrent en 1908 et que Staline se rendit en Suisse. Il vit aussi Plekhanov, qui l’exaspéra car il « était convaincu que c’était un aristocrate congénital ». Ce qui le dressa contre le sage du marxisme, c’était que « la fille de Plekhanov avait des manières aristocratiques, s’habillait à la dernière mode et portait des bottines à talons hauts ! ».

Lénine se battait contre les mencheviks tout en poursuivant son conflit scissipare contre Bogdanov et Krassine, ceux qui avaient volé une grande partie du butin de Tiflis et que les polices européennes traquaient impitoyablement. Ainsi l’organisation, à présent attaquée à l’intérieur par les schismes de Lénine et à l’extérieur par la répression victorieuse de Stolypine, avait, explique Voulikh, un « besoin impérieux d’argent ».

A Bakou (…) Koba était en quête de criminels, d’assassins, de « têtes brûlées » ainsi qu’il les nommait. En Amérique, de tels hommes seraient des gangsters, mais Staline les paraît de « l’aura de combattants de la Révolution… »

L’objectif de Staline (…) était de menacer les magnats du pétrole et les Cent-Noirs (les nationalistes russes de droite qui disposaient de leurs propres groupes armés). Selon Bokov, il ordonna aux Mauseristes d’abattre autant de membres des Cent-Noirs que possible.

Il demeure étonnant que les Rothschild et d’autres barons du pétrole, parmi les plus riches hommes d’affaires d’Europe, aient financé les bolcheviks qui ruineraient finalement leurs intérêts (…) Il est difficile de distinguer dons et argent versé pour s’assurer une protection, car les « pressions » que Staline exerçait alors sur eux comprenaient « vols, agressions physiques, extorsion auprès des familles riches et enlèvement de leurs enfants dans les rues de Bakou en plein jour et demande de rançon ensuite au nom de quelques « comité révolutionnaire » (…) « L’enlèvement d’enfants était une routine à l’époque » (…)
L’enlèvement le plus rentable de Staline fut celui de Moussa Naguéïev, le dixième plus riche baron du pétrole, un ancien paysan notoirement pingre qui admirait tant le Palazzo Cantarini de Venise qu’il s’en fit construire une copie (plus grande encore) – le majestueux palais Ismaïlye de Style gothique vénitien (aujourd’hui Académie des sciences).

Staline maintenait un secret si absolu autour de ses activités que Bokov, le Mauseriste, déclara : « Le climat de conspiration était parfois tel qu’il arrivait que nous ignorions pendant six mois où il se trouvait ! Il n’avait pas d’adresse permanente et nous ne le connaissions que sous le nom de « Koba ». S’il avait un rendez-vous, il n’arrivait jamais à l’heure ; il venait soit la veille, soit le lendemain. Il ne changeait jamais de vêtements et avait l’air d’un chômeur. » Les camarades de Sosso remarquèrent qu’il ne ressemblait en rien au Caucasien passionné typique. « Le sentimentalisme lui était étranger, dit l’un d’eux. Peu importait combien il pouvait aimer quelqu’un, il ne lui pardonnait jamais la moindre erreur lorsqu’il s’agissait du parti – il l’écorchait vif. »

Staline se flattait d’être ce qu’il appelait un praktik, un homme dur et ayant le sens pratique, un expert de ce qu’il nommait « le travail noir », plutôt qu’un intelligent bavard, mais son don était d’être les deux.

Un de ses compagnons de cellule, Simon Verectchak, un menchevik, rédigea un portrait pénétrant de Staline à la Baïlovka. Il le haïssait pour sa malice brutale et cependant il était fasciné, malgré lui, par l’extrême assurance de Staline, son intelligence vigilante, sa mémoire de machine et son sang-froid (…) Staline était le seul détenu capable de dormir profondément même lorsque ses compagnons entendaient des hommes se faire pendre dans la cour.

Ceux que Staline détestait le plus, c’était les socialistes chrétiens qui suivaient Léon Tolstoï.

Le marxisme était son élément et là il se montrait invincible.

Staline gardait une préférence pour les truands. On « le voyait toujours en compagnie d’assassins, de maîtres chanteurs, de voleurs et de porte-flingues – les Mauseristes. »

Le jeu le plus cruel était celui de « la Folie » au cours duquel un jeune détenu était placé dans la cellule des droits communs pour qu’ils le rendent fou. On prenait des paris sur le temps que résisterait le jeune homme avant de craquer. Parfois la victime perdait vraiment la raison.

Le système tsariste particulièrement lent, cahotant avec sa confusion et son laxisme coutumiers, prit encore plus de temps que d’habitude pour déterminer la véritable identité de Staline et instruire son procès. Finalement il fut condamné à une peine étonnamment légère de deux années de bannissement dans la province de Vologda, en Russie occidentale et non en Sibérie asiatique.

« C’était un homme mince, fort et énergique, à la tignasse incroyable et aux yeux brillants. » Toute le monde mentionne, semble-t-il, ses « yeux brûlants » (…) Son expression énigmatique, son arrogance, son caractère impitoyable, sa vigilance de félin, son goût obsessionnel des études et son intelligence aiguë en imposaient peut-être encore plus auprès des femmes (…) Son apparente incapacité à soigner son apparence – il était solitaire, maigre, dépenaillé – fit que, toute sa vie, les femmes souhaitèrent s’occuper de lui (…) dépourvu d’empathie (…) il était épouvantablement distant et difficile à percer. Son énergie bouillonnante et égocentrique était envahissante et épuisait les faibles sans leur apporter le moindre soutien affectif.

Il préférait les jeunes adolescentes malléables ou les paysannes bien en chair qui se soumettaient à lui.

En fait l’Okhrana était remarquablement efficace, comparée, disons, aux agences de sécurité américaines généreusement  financées aujourd’hui, en notre époque d’ordinateurs et de surveillance électronique.

« Donne-moi quelque chose pour que je me souvienne de toi », demanda Ossip le Loufoque.
Elle lui donna come souvenir la croix qu’elle avait au cou, mais il refusa. Par contre, il accepta la chaine qu’ils « suspendit à sa montre ». Elle lui demanda une photo de lui, mais Staline, qui s’apprêtait à replonger dans la vie clandestine, refusa : « Personne ne me photographie. Seulement en prison, de force. »

En ce mois de janvier 1913 (…) dans un foyer pour hommes de la Medelmannstrasse, à Brigettnau, univers très éloigné de la résidence quelque peu somptueuse de Staline, vivait un jeune Autrichien, artiste peintre raté, Adolf Hitler, alors âgé de vingt-trois ans (…)
A vienne, Hitler et Staline étaient tous deux obsédés, quelque de façon différente, par la question raciale. Dans cette cité de courtisans surannés, d’intellectuels juifs et d’agitateurs racistes, de cafés, de brasseries et de palais, les Juifs ne représentaient que 8,6 % de la population, mais leur influence culturelle, incarnée par des gens comme Freud, Mahler, Wittgenstein, Buber et Schnitzler était bien plus grande. Hitler commençait à élaborer les théories völkisch antisémites de la suprématie raciale qu’il imposerait, une fois Führer, dans son Empire européen, tandis que Staline, tout en faisant des recherches pour son article sur les nationalités, formulait une nouvelle conception d’un empire internationaliste doté d’une autorité centrale derrière une façade autonome, le prototype de l’Union soviétique (…)
Les Juifs n’avaient aucune place dans leurs visions du monde. Ils inspiraient répulsion et rage à Hitler, tandis qu’ils irritaient et intriguaient Staline, qui critiquaient leur nature « mystique » ; ils « étaient trop « race » pour l’un, pas assez « nation » pour l’autre (…)
Jamais ils ne se rencontrèrent, même lorsqu’ils devinrent alliés en 1939 lors du pacte Molotov –Ribbentrop. Ces promenades furent probablement le moment où ils furent physiquement le plus proche.

La vie clandestine imposait tout un répertoire de noms d’emprunt, souvent choisis au hasard. Oulianov avait peut-être pris « Lénine » en s’inspirant de la rivière Léna, mais il utilisa en tout 160 pseudonymes. Il conserva « Lénine » parce que c’était cette signature pour l’article Que faire ? qui l’avait fait connaître. De même Sosso employa « Staline » pour l’essai sur les nationalités qui fit sa réputation et c’est une des raisons pour lesquelles ce nom demeura (…) Mais ce nom « industriel », à la sonorité dure et qui signifie « l’homme d’acier »…

L’étiquette de l’exil exigeait que les bibliothèques des compagnons fussent partagées, mais Staline comme à son habitude, « expropria » les livres qu’il se mit à dévorer avec avidité. La vie des exilés tournait autour de ce genre de querelles mesquines que Staline avait le don de provoquer. Les autres exilés furent scandalisés – ils se plaignirent et l’ostracisèrent. Philippe Zakharov, un bolchevik, affronta le voleur de livres, mais Staline traita son impertinent visiteur « comme l’aurait fait un général tsariste recevant un simple soldat qui aurait eu l’impudence de paraître devant lui avec une requête. Ainsi, Staline se comportait en khoziaïn, en « maître », bien avant de devenir dictateur de Russie – en fait il se comportait ainsi depuis l’enfance.

« On ne le considérait pas comme le chef officiel du Parti » (…) en cette année 1917, mais « tout le monde écoutait ce qu’il avait à dire, Lénine y compris – il représentait la base, quelqu’un qui en exprimait les opinions et les humeurs véritables », choses qu’ignoraient des émigrés comme Trotski.

Le Comité central refusa par 6 voix contre 4, résultat extraordinaire un mois seulement avant la révolution d’octobre et qui révèle la popularité de la voie défendue par Kamenev. Cependant les deux extrémistes, Staline et Trotski, qui ne voyaient pas la nécessité d’une alliance avec les mencheviks, soutinrent Lénine.

« Comment peut-on faire une révolution sans pelotons d’exécutions ? Si nous ne pouvons pas fusiller les saboteurs de la Garde blanche, quel genre de révolution est-ce là ? Rien que parlotes et un bol de bouillies ! » Il exigeait que l’on « trouve des gens plus durs ». Et ça, Staline et Trotski l’étaient. « Nous devons mettre fin une fois pour toutes, dit Trostki, au bavardage papiste et quaker sur le caractère sacré de la vie humaine ». Staline partageait le même goût pour la Terreur. Lorsque les bolcheviks estoniens proposèrent de liquider les « traîtres » aux tout premiers jours de la révolution, il répondit sans hésiter une seconde : « Un camp de concentration, l’idée est excellente ».

Staline n’aurait pas été possible si Lénine n’avait pas, dans les premiers jours du régime, écrasé la voie plus modérée de Kamenev pour créer la machine d’un pouvoir absolu et sans limites.

Il avait grandi dans l’esprit clanique caucasien, passé toute sa maturité dans la clandestinité et les complots, ce milieu particulier où violence, fanatisme et loyauté sont monnaie courante ; il s’était épanoui dans la jungle de la lutte, de la tension et du drame constants ; et celui qui accédait au pouvoir était un être rare – homme de violence et d’idées, expert en gangstérisme et marxiste convaincu ; mais surtout, il croyait en lui et en sa suprématie impitoyable, unique moyen de gouverner un pays en crise…

Le sort des camarades bolchéviques de Staline ne fut pas moins tragique que celui du peuple soviétique. Kamenev et Zinoviev furent fusillés en 1936, Boukharine en 1938 ; Trotski fut assassiné à coups de pic à glace en 1940 – tous sur l’ordre de Staline. En 1937-1938, environ un million et demi de personnes furent massacrées. Staline signa de sa main les listes de condamnations à mort de presque 39 000 personnes, dont beaucoup étaient de vieilles connaissances. La Géorgie, dont Beria, le jeune potentat montant de Staline, avait la charge, fut tout particulièrement frappée…






[1] Le mot perse pour « feu » est azer, d’où le nom du pays, Azerbaïdjan.

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