C’est vrai que ces peuples
d’Extrême-Orient sont des peuples d’argent (…) les femmes sont épouvantables.
Ce sont vraiment des tigresses.
J’ai assisté à un dîner où on
saoulait les singes, puis on leur coupait le dessus du crâne alors qu’ils
vivaient toujours et on mangeait la cervelle avec des baguettes. Il fallait
avoir le cœur bien accroché. C’est aussi ça l’Orient ! C’est ce qui m’a
heurté en arrivant là-bas, jusqu’à quel point ils pouvaient être raffinés dans
la torture.
… lui-même (Bresson)
n’intervenait pas au montage (…) ses films étaient presque faits sur le papier
(…) Ce n’était pas un de ceux qui écrivent un truc et en font un autre (…)
Bresson existait déjà, je l’ai aidé à faire les films qu’il devait faire, mais
on n’intervient pas dans un film de Bresson. Le travail de son producteur est
de monter le film et de le mener à bien.
Je suis quelqu’un qui a la tête
claire, quelqu’un de très rigoureux mais malgré tout c’était mon rêve ! (…)
quand il s’agit d’un film que j’ai en main et que je veux faire, je laisse
tomber toutes les questions d’argent, c’est mon défaut. Entre la qualité et
l’argent, j’ai toujours préféré qu’un film soit beau et corresponde à mon rêve.
Si je n’ai plus mon rêve, pourquoi faire du cinéma ? Si c’est pour faire
un métier d’argent, je ne peux pas.
- Vous avez toujours gardé une distance avec les gens avec qui vous
avez travaillé, notamment les réalisateurs…
- Mais je vais vous dire une
chose qui compte énormément : tous ces gens s’intéressaient à eux mais
jamais à moi. Pour les aider à faire leur film, oui, mais jamais autrement…
- Au moment où j’ai fait mes
films, on n’avait pas besoin d’argent, il suffisait de connaître du monde.
- Il fallait connaître qui ?
- Je connaissais Pierre Lazareff
et on ne pouvait pas me dire non, le fait que Pierre soit dans ma vie faisait
que j’étais la personne à connaître, à choyer (…) Pierre habitait toujours avec
sa femme, mais on savait qui j’étais pour lui.
(…) je n’ai jamais eu beaucoup
d’estime pour les hommes politiques. Ce sont des gens qui manquent d’un courage
profond. Vous savez, pour aider les autres à gagner, il ne suffit pas d’avoir
des idées, il faut savoir avancer en créant, en donnant… Ils ont rarement ça,
en plus ils ont peur. De Gaulle avait tous les courages, il voulait que tout le
monde participe à l’entreprise, soit gâté par l’entreprise, il voulait que tous
ceux qui travaillent dans l’entreprise aient une part dans l’entreprise…
Godard, il s’amusait de vivre, il
aimait le cinéma autrement. Truffaut est un classique, Godard est un fou, c’est
vraiment un personnage qui venait d’ailleurs alors que Truffaut ne s’envolait
jamais dans les nuages (…) Sous ses airs tordus, Godard était quelqu’un de très
sincère, je ressentais avec lui de la chaleur, plus rarement chez Truffaut.
Truffaut, toutes les branches dont il pouvait avoir besoin, il les saisissait.
Cette distance se trouve dans un
certain calme, et quand on fait un film il y a beaucoup trop de gens, d’avis
qui interfèrent. J’ai toujours trouvé que dans le cinéma on fait beaucoup de
bruit pour pas grand-chose. C’est là où j’ai aimé travailler avec Bresson, il
faisait très peu de bruit pour arriver à une chose très simple qui s’imposait
d’elle-même.
On fera les films pour les
enfants au cinéma, et les films de qualité pour les adultes seront faits pour
la télévision. Le cinéma descend trop vite ! Avec tout ces effets
spéciaux, il ne s’adresse plus qu’aux enfants !
Quand je vois la ligne de
certains producteurs, c’est simple ça m’écœure. C’est Prisunic ! (…) Pour
moi ce n’est pas de la production. La production, c’est aimer une chose et tout
faire pour qu’elle existe. J’ai travaillé comme ça, mais c’est vrai que c’était
une autre époque, le monde a beaucoup changé (…) notre société change
tellement, elle est en de plus en plus dure et devient totalement déséquilibrée
(…) les cœurs tremblent moins, ils sont à la mode. Tout est dans la mode
maintenant, ce n’est plus le dedans, c’est la façon, et ça ne m‘intéresse pas
du tout.
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