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jeudi 22 août 2013

"Mag Bodard – Portrait d’une productrice" de Philippe Martin (2013)

C’est vrai que ces peuples d’Extrême-Orient sont des peuples d’argent (…) les femmes sont épouvantables. Ce sont vraiment des tigresses.

J’ai assisté à un dîner où on saoulait les singes, puis on leur coupait le dessus du crâne alors qu’ils vivaient toujours et on mangeait la cervelle avec des baguettes. Il fallait avoir le cœur bien accroché. C’est aussi ça l’Orient ! C’est ce qui m’a heurté en arrivant là-bas, jusqu’à quel point ils pouvaient être raffinés dans la torture.

… lui-même (Bresson) n’intervenait pas au montage (…) ses films étaient presque faits sur le papier (…) Ce n’était pas un de ceux qui écrivent un truc et en font un autre (…) Bresson existait déjà, je l’ai aidé à faire les films qu’il devait faire, mais on n’intervient pas dans un film de Bresson. Le travail de son producteur est de monter le film et de le mener à bien.

Je suis quelqu’un qui a la tête claire, quelqu’un de très rigoureux mais malgré tout c’était mon rêve ! (…) quand il s’agit d’un film que j’ai en main et que je veux faire, je laisse tomber toutes les questions d’argent, c’est mon défaut. Entre la qualité et l’argent, j’ai toujours préféré qu’un film soit beau et corresponde à mon rêve. Si je n’ai plus mon rêve, pourquoi faire du cinéma ? Si c’est pour faire un métier d’argent, je ne peux pas.

- Vous avez toujours gardé une distance avec les gens avec qui vous avez travaillé, notamment les réalisateurs…
- Mais je vais vous dire une chose qui compte énormément : tous ces gens s’intéressaient à eux mais jamais à moi. Pour les aider à faire leur film, oui, mais jamais autrement…

- Au moment où j’ai fait mes films, on n’avait pas besoin d’argent, il suffisait de connaître du monde.
- Il fallait connaître qui ?
- Je connaissais Pierre Lazareff et on ne pouvait pas me dire non, le fait que Pierre soit dans ma vie faisait que j’étais la personne à connaître, à choyer (…) Pierre habitait toujours avec sa femme, mais on savait qui j’étais pour lui.

(…) je n’ai jamais eu beaucoup d’estime pour les hommes politiques. Ce sont des gens qui manquent d’un courage profond. Vous savez, pour aider les autres à gagner, il ne suffit pas d’avoir des idées, il faut savoir avancer en créant, en donnant… Ils ont rarement ça, en plus ils ont peur. De Gaulle avait tous les courages, il voulait que tout le monde participe à l’entreprise, soit gâté par l’entreprise, il voulait que tous ceux qui travaillent dans l’entreprise aient une part dans l’entreprise…

Godard, il s’amusait de vivre, il aimait le cinéma autrement. Truffaut est un classique, Godard est un fou, c’est vraiment un personnage qui venait d’ailleurs alors que Truffaut ne s’envolait jamais dans les nuages (…) Sous ses airs tordus, Godard était quelqu’un de très sincère, je ressentais avec lui de la chaleur, plus rarement chez Truffaut. Truffaut, toutes les branches dont il pouvait avoir besoin, il les saisissait.

Cette distance se trouve dans un certain calme, et quand on fait un film il y a beaucoup trop de gens, d’avis qui interfèrent. J’ai toujours trouvé que dans le cinéma on fait beaucoup de bruit pour pas grand-chose. C’est là où j’ai aimé travailler avec Bresson, il faisait très peu de bruit pour arriver à une chose très simple qui s’imposait d’elle-même.

On fera les films pour les enfants au cinéma, et les films de qualité pour les adultes seront faits pour la télévision. Le cinéma descend trop vite ! Avec tout ces effets spéciaux, il ne s’adresse plus qu’aux enfants !


Quand je vois la ligne de certains producteurs, c’est simple ça m’écœure. C’est Prisunic ! (…) Pour moi ce n’est pas de la production. La production, c’est aimer une chose et tout faire pour qu’elle existe. J’ai travaillé comme ça, mais c’est vrai que c’était une autre époque, le monde a beaucoup changé (…) notre société change tellement, elle est en de plus en plus dure et devient totalement déséquilibrée (…) les cœurs tremblent moins, ils sont à la mode. Tout est dans la mode maintenant, ce n’est plus le dedans, c’est la façon, et ça ne m‘intéresse pas du tout.

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