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lundi 28 mai 2012

« Lost in management » de François Dupuy (2011)


La coercition, c'est la production exponentielle de procédures -« process » ou « processus », de systèmes de « reporting » et d'indicateurs- les fameux « Key Performance Indicators » KPIs)-, pour ne citer que les plus en vue.
Au lieu de "motiver" les salariés, de les amener à "s'engager" pour leur entreprise, elles provoquent retrait et rébellion active ou passive (…) Mieux : le délire des processus, des reportings et des indicateurs finit par recréer des zones de liberté pour les salariés tant ils deviennent contradictoires les uns avec les autres…
(…) l’idéologie, celle du langage managérial en tout premier lieu, masque la réalité.

(…) Personne ne semble avoir une conscience claire du fait que la façon dont on évalue les dirigeants, les promeut et rémunère constitue l'un des principaux « leviers » de management.

(…) Un acteur peut adhérer à une nécessité et en rejeter les conséquences. (…) C'est d'ailleurs pourquoi les politiques de « communication » atteignent vite leurs limites. Expliquer les nécessités et certes indispensable mais n'est vraiment pas suffisant. La vraie question, celle qui est « concrète », est celle de l'anticipation : anticiper d'abord les effets réels des changements sur la vie quotidienne des acteurs, leur façon de travailler (ou de ne pas travailler !), de résoudre leurs problèmes, de gérer leurs arrangements ; anticiper ensuite à partir de là, la façon probable dont ils sont susceptibles de faire face aux contraintes qu'on veut leur imposer au nom des nécessités du marché. La question n'est alors plus celle de convaincre les uns et les autres d'accepter bon gré mal gré ce qui va se passer ; elle est de redéfinir avec les salariés un « nouveaux deal », très différent des formes traditionnelles de protection du travail, mais qui rend les transformations effectuées acceptables par tous.

(…) La dimension quasi idéologique du langage de l'entreprise, produit aussi bien par les business schools que par les grands cabinets de conseil qui, jour après jour, se donnent pour mission de reformuler en termes acceptables les nouvelles contraintes que les organisations, elles-mêmes sous pression, imposent à leurs membres.

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