Dès 1996, la découverte des neurones miroirs
apportait une vérification scientifique et expérimentale des mécanismes mimétiques,
qui dès lors n'étaient plus de simples hypothèses, mais de véritables
certitudes.
Si l'on veut clarifier les choses avec le patient et
éviter une relation duelle, c'est-à-dire rivale et stérile avec lui, il faut lui
expliquer d'emblée qu'il y a trois pôles dans le cabinet de consultation : le
patient, d'un côté ; le désir rival ou la névrose, de l'autre enfin le
thérapeute, entre les deux. Il faut poser le problème de savoir si le patient
va faire équipe avec le thérapeute contre son problème, c'est-à-dire en fait
contre son désir, le désir qui le tient, qui le dirige, le désir rival que l'on
peut appeler sa névrose- ou bien, au contraire, s'il veut s'allier avec sa
névrose contre le thérapeute.
Il existe ainsi une politesse orientale qui s'apparente
à un « contournement » très habile de la rivalité induite par le désir
mimétique. Elle commande à deux hommes de déminer toute source de jalousie
potentielle entre eux. Si l’un d’eux s'exclame : « Je trouve ta cravate très
jolie », l'autre la retire immédiatement pour la lui offrir. Il préfère s'en
séparer, plutôt que de faire de cette seule cravate un objet de discorde.
Le besoin préexiste à l'objet qui va le satisfaire
(…) Le désir, lui, naît en même temps que l'objet qui va lui être désigné, qui
va lui être suggéré.
(…) Le besoin n'est jamais désincarné, séparé du
biologique, mais le désir l'est bien souvent. Le besoin sans mimésis est incapable
de donner naissance à un désir. Le désir, lui, peut créer un besoin.
Le fait hypnotique nous montre qu'il n'y a pas de moi en dehors du désir, que c'est le
désir qui anime le moi…
« Espèce », species, est de la même racine que spéculum, «spéculaire». Est de la même espèce ce qui se reconnaît
en se regardant. Sont de même espèce ceux que l'on peut reconnaître en les
regardant…
Il ne s'agit pas non plus d'un discernement moral ou
d'une capacité de jugement : Adam en est par définition pourvu, faute de quoi
le conseil, où l'avertissement, n'aurait pour lui aucun sens. Manger du fruit
de cet arbre, (…) c’est s'ériger en décideur de ce qui est bien et de ce qui
est mal (…) « Cet arbre, c'est celui
où le Bien et le Mal sont confondus. Qui dit fusion dit aussi confusion (…)
C'est la situation nouvelle à laquelle est confronté Adam : il existe un arbre
-un monde- où le Bien et le Mal sont à l'état de mélange. Le mélange du Bien et
du Mal, en toute chose, est même, selon la mystique juive, le caractère
dominant de l'aventure humaine. » (Josy Eisenberg)
Selon le Zohar, l’Adam a été créé double. Adam était
androgyne ; cependant le face-à-face désiré par Dieu -une « aide en face »-
n'existait pas encore, car les deux parties de l'androgyne se tournaient le
dos. On pense à des frères siamois… Dieu sépare alors les deux côtés de
l'androgyne. Le Zohar nous propose de lire non pas : « Il prit un de ces côtes. » Mais : « Il prit un de ses côtés. »
L'absence de désir se manifeste « cliniquement » par
l'absence de honte. La honte -ou la pudeur- est l'un des ingrédients de
l'érotisme. Le désir érotique est l’exemple type du « mélange » du bien et du
mal, du positif et du négatif, de l'attraction et de la répulsion, de la
tendresse et de la violence. Le désir, archétype du mélange, est absent du paradis
pour le moment, et c'est cette absence qui est signifiée par l'absence de «
honte » devant la nudité.
L'amour est ce rapport qui crée en chacun des amants
un moi nouveau, qui est le moi-du-désir
de l'autre. Toute séparation, tout abandon, crée alors une angoisse de mort
car le moi-du-désir, sil n’est plus
soutenu, maintenu par le désir de l'autre, risque en effet de se dissoudre et
de disparaître…
(…) les deux moitiés de l'androgyne se retrouvent,
se reconnaissent et se soudent : chacune des deux comble totalement, recouvre
exactement l'horrible coupure laissée par le glaive de Zeus, la déchirure de
l’un épouse très précisément la déchirure de l'autre.
Le serpent dit
à la femme : « Alors, Dieu a dit : vous ne mangerez pas de tous les arbres du
jardin ? »
Pour faire entrer un sujet résistant dans un
processus hypnotique, Milton Erickson conseille de ne poser au début que les
questions qui appelleront des négations : « -Vous n'avez pas froid ? -Non. -Vous
n'avez pas chaud ? -Non. – Vous n’êtes pas mal ainsi ? - Non. » Lorsque la
capacité de négation est épuisée par cette séquence, Erickson commence à
introduire sa suggestion : « - Vous commencez à vous détendre… ? »,
« Oui », se dit le sujet, ayant épuisé ses « non » en quelque sorte. (…)
Dieu n'a jamais interdit de toucher à cet arbre,
seulement de n'en pas manger le fruit. (…)
Elle vit et ressent cet interdit comme plus fort
qu'il ne l'est réellement. Le serpent cherche précisément cela : attirer
l'attention de la femme sur la différence
énorme entre cet arbre là et tous les autres, et ainsi aimanter sur elle la
mimésis d'appropriation.
Ce n'est qu'au début des années 1990 que les
hypothèses mimétiques se sont transformées en certitude scientifique grâce aux
travaux des chercheurs de l'institut des neurosciences de l'université de Parme
(…) Ce sont eux qui ont découvert les neurones miroirs (…) L'observation de
l'action cause chez l'observateur l'activation automatique du même mécanisme
neuronal déclenché par l'exécution de l'action. Il existe dans les aires
frontales motrices, des neurones miroirs qui s'activent à la vue d'une action
faite par un autre humain et qui s'allume exactement de la même manière chez
celui qui exécute l'action et chez celui qui le regarde faire. Ces neurones
miroirs des aires motrices et pré-motrices restent silencieux devant un
mouvement effectué par un non-humain ou un non-animal : un bras de levier
automatique, par exemple, saisissant un aliment ne provoquera par l'activation
de neurones miroirs du singe.
Le désir hystérique s'efforce toujours de nier le
désir de l'autre, d'affirmer son antériorité et sa préséance sur lui.
La rivalité hystérique est une hypertrophie
mimétique.
C'est ainsi le médiateur qu'il faut faire
apparaître, on ne peut jamais agir sur le sentiment directement.
Dévaloriser la rivalité, cela signifie par exemple
lui montrer que cette rivale n'est pas digne d'elle,… Qu'elle n'est pas un « bon »
médiateur…
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