Les Néandertaliens ont disparu, mystérieusement, il y a environ 30 000 ans. Pendant quelques milliers d'années, ils ont cohabité avec leurs successeurs, les hommes modernes, dont le prototype est l'homme de Cro-Magnon (…)
L’art pariétal n'existe ni en Amérique, ni en Amérique, ni en Asie. En Europe, sur les 180 grottes abritant des figures rupestres qui ont été retrouvées, un dizaine se trouvent en Italie, une dans l'Oural, et tout le reste dans le sud-ouest de la France et le nord-est de l’Espagne. Pourquoi? Nul ne le sait (…)
Au néolithique (de 5 000 à 2 500 av. J.-C.), (…) le travail aux champs et le soin des peaux deviennent l'activité principale. Les hommes se sédentarisent, les villages se créent (…)
Vers 2 000 av. J.-C. débute l'âge du bronze. Cet alliage du cuivre et de l'étain permet de fabriquer des armes et des outils de qualité.
(…) les Gaulois. Ce sont le historiens grecs qui ont appelé ces peuples les Celtes tandis que les historiens romains ont utilisé à leur sujet le terme de Gaulois (Galli) (…) les Gaulois sont des guerriers, et même des guerriers redoutés. Ils combattent torse nu ou parfois nus, en poussant des cris destinés à intimider leur adversaire (…)
Ils ont inventé le tonneau, qui remplace l'amphore, et conçu le pas de vis. Aux fenêtres de leurs maisons, ils mettent parfois des vitres. Ils se lavent avec du savon, un mélange de graisse et de soude.
(…) les druides, sont aussi juges, savants, médecins, chirurgiens et guérisseurs. Une fois par an, venus de toute la Gaule, ils se réunissent dans la forêt des Carnutes, près de Chartres.
(…) les soixante peuples gaulois se combattent souvent (…)
À la veille de la conquête romaine, 8 millions d'habitants peuplent déjà la Gaule, ce qui est beaucoup pour l’époque (…) en 118 av. J.-C (…) Quelques années plus tard, le Midi méditerranéen et la vallée du Rhône jusqu'à Genève forment une province romaine, la Provincia (d'où viendra le mot Provence) ou Gaule transalpine.
(…) les Helvètes, un peuple gaulois (…)
Vercingétorix, sans doute abusé par son succès à Gergovie, rompt à ce moment-là avec sa tactique attentiste et attaque l'adversaire. Mauvais calcul : ses cavaliers sont massacrés par les Germains.
Avec 80 000 hommes et trente jours de vivres, le chef gaulois s'enferme dans l'oppidum d'Alésia. (…) En face, les légions romaines, en cinq semaines, se livrent à un travail de titan : autour d'Alésia, elles construisent une triple ligne de fortifications. La première vise à empêcher les assiégés de sortir, la dernière à barrer la route à d'éventuels secours (…)
Par rapport aux 7 à 8 millions d'autochtones de la Gaule, les Francs représentent seulement quelques dizaines ou centaines de milliers d'individus. Clovis comprend qu'il ne parviendra à asseoir solidement son autorité sur les Gallo-Romains qu'à la condition d'embrasser un élément essentiel de leur culture : leur religion.
Clovis règne depuis quinze ans quand il choisit de se faire baptiser (…) la conversion de Clovis est sincère. Elle l'est d'autant plus qu'il reçoit le baptême au sein de l'Église catholique, quand les chefs barbares qui ont adopté le christianisme, comme les Wisigoths ou les Burgondes, ont épousé l'hérésie arienne (…)
En adoptant le catholicisme au contraire des autres Barbares, le roi des Francs, par ailleurs, refuse le système où le roi est à la fois chef temporel et chef religieux. Même si Clovis s'appuie sur le corps épiscopal, soutien de son gouvernement, la distinction entre l'Église et l'État restera une caractéristique de l'histoire de France (…)
Son règne, de 629 à 639, représente l'apogée de la royauté mérovingienne. Conseillé par deux évêques, saint Éloi et saint Ouen, Dagobert (…) sera le dernier Mérovingien à exercer personnellement le pouvoir. Inaugurant une tradition, il sera également le premier roi enterré à Saint-Denis (…)
À l'intérieur de chaque royaume, dans la seconde moitié du VIIe siècle, la puissance glisse des rois vers les grandes familles qui se disputent le titre de maire du palais, l'intendant du roi. Dans chaque royaume, ce sont ces intendants qui exercent la réalité du pouvoir, les rois ne gouvernant plus que nominalement (…)
Charles Martel (…) Enterré aux côtés des Mérovingiens à l'abbaye de Saint-Denis, ce quasi-roi a sauvé l'unité du royaume franc et posé les fondations sur lesquelles ses héritiers édifieront l'Empire carolingien.
Pépin le Bref se fait proclamer roi des Francs par les grands du royaume, à Soissons, en 752. En se faisant sacrer par les évêques présents, dont saint Boniface, il introduit dans la monarchie franque un usage ignoré par les Mérovingiens, usage inspiré des traditions bibliques et des rites wisigothiques et celtiques. Elu de son peuple, béni par l'Eglise, le roi légitime son accession au trône par la cérémonie du sacre, qui confère à sa fonction une dimension religieuse : il est roi parce qu'il a été choisi par Dieu, devant qui il aura à rendre compte de ses actes (…)
Pépin le Bref, dans la mémoire collective, est éclipsé par Charlemagne. C'est pourtant lui, premier roi carolingien des Francs, maître incontesté de l'Occident chrétien, qui a préparé l'œuvre de son fils.
Au cours de son règne prestigieux, qui durera quarante-cinq ans, cet homme de foi [Charles] gouvernera avec la volonté de garantir l'ordre et la paix, conditions nécessaires, selon lui, pour que chacun prépare sur cette terre un salut qui surviendra dans l'autre monde (…) Force de la nature, capable de chevaucher pendant des journées entières, il mourra septuagénaire, fait rare à l'époque. Aimant le commerce des ambassadeurs, des théologiens et des poètes, il est doté d'une intelligence large. Il parle la langue germanique, dans laquelle il a été élevé, et lit le latin. En revanche, il ne sait pas écrire (…)
(ce prince chrétien aura six femmes et d'innombrables concubines…) (…)
Depuis 797, il n'y a plus d'Empereur à Byzance ; du moins le trône est-il occupé par une femme, Irène, que les Francs ne reconnaissent pas. En 799, le pape Léon III, chassé de Rome par une révolte, se réfugie auprès de Charles. À l'automne 800, le roi des Francs, son armée, sa cour et une cohorte d'évêques raccompagnent le pape en Italie, et le réinstallent sur son trône (…) Le jour de Noël, Charles est couronné Empereur par Léon III (…) Désormais, Charles le Grand (Carolus Magnus, Charlemagne) est le nouvel Empereur d’Occident (…)
Les évêques, peut-être plus encore que les comtes, sont les administrateurs de la cité, les chevilles ouvrières du pouvoir. Comme sous les Mérovingiens, ils sont nommés par le souverain : Charlemagne, Empereur chrétien, se regarde comme le maître de l'ecclesia, l'Église impériale.
Les missi dominici (« envoyés du maître »), institution mérovingienne reprise par Charlemagne, sont les agents royaux itinérants. Chargés de contrôler les comtes et les évêques, ils circulent par deux, un comte et un ecclésiastique, parcourant chaque année le territoire carolingien.
(…) la cour d’Aix a été un foyer intellectuel (…)
En 788, Charlemagne ordonne l'ouverture d'écoles dans tous les diocèses (…) Dans les monastères, il fait recopier des auteurs païens et chrétiens de l'Antiquité. C'est à cette époque que les manuscrits, qui étaient jusque-là des rouleaux de parchemin, prennent la forme de livres reliés. et enluminés. C'est encore Charlemagne qui fait adopter en Gaule le chant liturgique que nous nommons le chant grégorien.
Son fils et successeur, qu'on appellera Louis le Pieux (…), a pour ambition d'instituer un État chrétien, projet qu'il expose dans l'Ordinatio, texte qu'il a rédigé de sa main. Puisque, selon Louis le Pieux, tout pouvoir vient de Dieu (…) l’harmonie de la société naît de l'étroite solidarité entre l'Empereur, le corps épiscopal et la noblesse.
Les trois fils de l'Empereur défunt, Lothaire, Louis le Germanique et Charles le Chauve, et leur neveu Pépin Il d'Aquitaine sont tour à tour alliés ou adversaires (…) Charles le Chauve et Louis le Germanique (…) renouvellent leur alliance (…) par un serment prononcé à Strasbourg (…) Le serment prononcé par Louis le Germanique, dans une langue intermédiaire entre le latin tardif et le français médiéval, est considéré comme le plus ancien texte français.
(…) En 843, les trois frères concluent enfin un accord, qui est signé à Verdun (…) Le traité de Verdun pose donc une division de l'espace européen qui durera plus de mille ans, jusqu'à nos jours.
Les Vikings, que l'on appelle aussi les Normands (…) Les descendants de Robert le Fort - les Robertiens - (…) Par les services qu'ils ont rendus à la population, au cours du long affrontement avec les Normands, ils ont acquis une légitimité (…) Hugues Capet, sera le fondateur de la troisième dynastie royale de notre histoire.
Duc des Francs à la mort de son père, Hugues Capet est non seulement plus puissant que le roi carolingien, qui est alors Lothaire, mais il se rend à son tour populaire, en 978, en défendant la Francie contre l'Empereur germanique (…)
Lors de son avènement, Hugues Capet est loin de régner sur toute la Francie (…) son royaume est partagé en une quinzaine de principautés héréditaires qui échappent à son gouvernement et qui se subdivisent en une multitude de seigneuries vassales (…) Dans une société où la souveraineté était éparpillée, il faudra un long temps pour enraciner la légitimité royale.
Savoir durer sera le premier miracle capétien. Celui-ci tiendra d'abord à des hasards providentiels. Telle la longévité personnelle des premiers rois, qui bénéficieront tous d'une robuste constitution. Hugues Capet est déjà avancé en âge (environ 47 ans) lorsqu'il accède au trône, mais la plupart de ses descendants directs auront la chance de régner longtemps : (…) quarante-trois ans pour Philippe Auguste, quarante-quatre ans pour Saint Louis, vingt neuf ans pour Philippe le Bel.
Alors que la souveraineté, sous les Mérovingien s'était incarnée dans des tétrarchies (les fils et petits fils de Clovis) et, sous les Carolingiens, dans des triarchies (Pépin le Bref et ses deux fils) et des dyarchies (Carloman et Charlemagne), la royauté capétienne est unitaire : le roi est le seul roi.
(…) Le sacre, de manière essentielle, distingue du plus puissant féodal le roi qui seul bénéficie de l'onction du saint chrême (…) Lors de l'avènement d'Hugues Capet, le domaine royal est plus petit que le duché vassal de Normandie. En 1328, à la mort de Charles le Bel, le dernier Capétien direct, seules la Flandre, la Bretagne, l'Aquitaine et la Bourgogne se trouveront en dehors du domaine royal.
(…) Louis VI entre en conflit avec Henri Ier, roi d'Angleterre et duc de Normandie, guerre qui durera vingt-cinq ans (…) « Montjoie-Saint-Denis» restera le cri de guerre des troupes royales.
En 1149, Louis VII et Aliénor rentrent en France, nais ne s'entendent plus. En 1152, leur mariage est annulé (…) Il laisse en effet Aliénor se remarier avec Henri Plantagenêt, comte d'Anjou, du Maine et de Touraine, à qui elle apporte en dot la Guyenne, la Gascogne, le Poitou, la Marche, le Limousin, l'Angoumois et le Périgord. Or Henri Plantagenêt, en 1154, devient roi d'Angleterre.
Philippe II succède à son père, Louis VII, en 1180. Cinq ans après son avènement, il sort vainqueur de l'affrontement avec une coalition de féodaux dirigée par le comte de Flandre. À 20 ans, précédé d'une réputation de chef de guerre, il peut annexer l'Artois, le Vermandois et l'Amiénois au domaine royal, et gagner son surnom : Philippe Auguste.
La grande affaire du règne sera la confrontation avec les Plantagenêts. Philippe Auguste commence par soutenir le fils d'Henri Il Plantagenêt, Richard Cœur de Lion, qui s'est révolté contre son père. Ce prince, que la légende associe au souvenir du brigand justicier Robin des Bois, devient roi d'Angleterre en 1190. Il prend alors la tête de la troisième croisade en compagnie de Philippe Auguste. Mais, après la chute de Saint-Jean-d'Acre, les deux rois, s'étant querellés, rentrent en Europe (…)
Le dimanche 27 juillet 1214, à Bouvines, au sud-est de Lille, 40 000 Allemands, Flamands et Anglais font face aux 25 000 hommes réunis par le roi. Philippe Auguste a mobilisé ses chevaliers, mais les milices communales ont aussi répondu à son appel. Pour la première fois depuis la fondation de la dynastie, nobles et gens du peuple combattent ensemble, sous la bannière à fleurs de lis, mus par la volonté de repousser l’envahisseur (…)
Philippe Auguste a renforcé le pouvoir royal. Il ébauché une administration d'État en instituant un corps d'agents de la couronne : les baillis, dans le Nord, et les sénéchaux, dans le Sud.
Un siècle plus tôt (…), le pape réclamait la tutelle sur la fonction impériale (…) Les Capétiens, eux, refusent cette doctrine. Maîtres chez eux, sacrés à Reims, ils s'appuient sur l'Église, dont ils protègent les prérogatives, mais défendent leur indépendance.
Cette perspective provoquera un vif conflit, sous le règne de Philippe le Bel, entre la monarchie française et la papauté.
En 1309, Clément V s'installe à Avignon, où les papes résideront jusqu'en 1377 (…)
Aux prises avec le manque d'argent récurrent de la couronne, Philippe le Bel s'attaque aux Templiers. Fondé en 1129, leur ordre, à la fois religieux et militaire, joue aussi le rôle de banquier dans l'Orient latin : il a accumulé d'immenses richesses. En secret, le Conseil du roi décide qu'un procès sera intenté aux Templiers et que leurs biens seront confisqués (…)
Philippe le Bel meurt quelques mois après cet épisode d'un froid cynisme. Son règne marque l'apparition d'une politique qui, au nom du réalisme, se révèle prête à utiliser tous les moyens. L'idéal de la chrétienté s'est alors bien éloigné.
Au Xè siècle, la féodalité se fondait sur la relation d'homme à homme, de vassal à suzerain. Le suzerain des suzerains, c'était le roi. Seigneur parmi d'autres seigneurs, il administrait son propre fief, exerçait la justice, défendait ses vassaux. Mais édicter des lois n'était pas en son pouvoir, pas plus que lever l'impôt ou posséder une armée.
En dépit de son nom, la guerre de Cent Ans n'a pas duré un siècle (…) Ce conflit, débuté en 1337 et terminé en 1453 ou 1475 (les deux dates se défendent) (…) soit peut-être vingt ans de guerre effective (…)
Dans un pays qui a été décimé par la peste et ruiné par la guerre, où la famine est chronique, les «Grandes Compagnies», des bandes de routiers qui n'obéissent qu'à eux-mêmes, pillent, violent et tuent. Des troubles éclatent, comme en Beauvaisis où la Jacquerie, une révolte paysanne, est réprimée dans le sang. (Jacques est un prénom très répandu au Moyen Âge, notamment dans le peuple. Une jacquerie, ou guerre des jacques, est une révolte paysanne).
(…) Étienne Marcel, le prévôt des marchands de Paris (…) La Grande Ordonnance, proclamée en 1357, prévoit une réforme totale de l’administration royale et la réunion régulière des états généraux, ces assemblées de représentants du clergé, de la noblesse et de la bourgeoisie que réunit le roi pour obtenir un soutien à sa politique ou lever des impôts (…) 1358, Étienne Marcel est tué par la foule.
Édouard III, paré du titre de roi de France et d'Angleterre, a l'intention de se faire sacrer à Reims.
Mais, partout, il se heurte à des campagnes désertes et à des villes closes, qui lui rendent palpable l'hostilité de la population à son égard. Le roi regagne alors l'Angleterre.
Devenu roi à la mort de son père, en 1364, Charles V est un homme de cabinet, grand travailleur et cultivé (…) Charles le Sage. Dans l'interminable conflit qui oppose la royauté française à la monarchie anglaise, il est servi par le premier grand homme de guerre qui se soit révélé à cette occasion : Bertrand Du Guesclin (…)
Insigne honneur, Du Guesclin est inhumé dans la nécropole de Saint-Denis, près du tombeau que Charles V s'est fait construire. Symboliquement, le roi rejoint deux mois plus tard dans la mort son meilleur capitaine (…) Si Du Guesclin a été le grand artisan de la reconquête, les Anglais possèdent encore Calais, quelques places fortes en Bretagne et la Guyenne autour de Bordeaux.
Au début de son règne, le jeune roi Charles VI est populaire. En témoigne son premier surnom : Charles le Bien-Aimé.
En août 1392, dans la forêt du Mans, Charles VI est pris d'un subit accès de folie, au cours duquel il manque de tuer son frère, Louis d'Orléans. Le roi est alors âgé de 24 ans. Celui qu'on appellera Charles le Fol a encore trente ans à vivre ainsi, trente ans au cours desquels les longues phases de délire alterneront avec les courtes périodes de lucidité.
La reine Isabeau de Bavière est placée à la tête d'un conseil de régence. Rapidement, deux forces opposées s'y dessinent : d'un côté la maison d'Orléans, de l'autre la maison de Bourgogne (…)
La rencontre, le 25 octobre 1415, a lieu près d'Azincourt, village situé aujourd'hui dans le Pas-de-Calais.
L'élite de la chevalerie française est là (…) tous montés sur de lourds destriers, équipés d'imposantes armures. Mais la terre grasse, imprégnée de pluie, est un mauvais terrain pour les cavaliers. Aucun plan n'ayant été arrêté, tous se bousculent pour avoir l'honneur de combattre au premier rang. Comme à Crécy et à Poitiers, les mêmes causes produisent les mêmes effets : les vagues successives des Français, décimées par les archers anglais, poursuivent l'assaut au corps a corps, à l'épée ou à la hache (…) Défaite française, Azincourt est aussi une défaite des Armagnacs, car les Bourguignons se sont alliés aux Anglais. Une loi de l'histoire de France, qui se vérifiera souvent, est en train de s'écrire : les puissances extérieures cherchent toujours à tirer profit de nos guerres civiles, au cours desquelles apparaît chaque fois, chez les Français, un parti de l'étranger.
Aux termes du traité signé à Troyes, en 1420 (…) Henri V (…) décrété « héritier de France», réunira à la mort du roi les deux couronnes de France et d’Angleterre (…)
La France est coupée en trois. Les Anglais occupent Calais, la Normandie, le Maine, Chartres, Paris et la Guyenne. Leurs alliés, les Bourguignons, possèdent la Flandre et la Bourgogne, et contrôlent Reims et Troyes. Charles VII, roi en titre, n'est reconnu que dans le centre et le sud du pays, et dans de rares enclaves à l’est (…)
Le royaume porte toujours les séquelles de l'épidémie de peste noire de 1348. La France est peu peuplée (…), nombre de villes ou de villages sont ravagés par la guerre, les bandes de routiers rendent les campagnes dangereuses, la mortalité infantile est considérable, les adultes, mal nourris, meurent jeunes (l'espérance de vie est de moins de 30 ans, même s'il s'agit d'un moyenne). En cette époque de foi, où les quatre cavaliers de l'Apocalypse semblent rôder sur le royaume, les Français ne manquent pas d'invoquer la pitié de Dieu dans leurs prières…
Louis XI (…) sa lutte avec charles le Téméraire, fils et successeur de Philippe Bon à la tête de la maison de Bourgogne, sera un des axes de son règne (…) Disputant Nancy au duc de Lorraine, Charles le Téméraire trouve la mort sous les murs de la ville, en 1477. Son corps sera retrouvé dans la neige, à moitié dévoré par les loups.
Cette mort signe la fin de l'État bourguignon…
En août 1515, François Ier franchit les Alpes (…) et doit affronter les Suisses à Marignan, près de Milan (…) À Marignan, Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche, a été un des éléments clés du triomphe de François Ier. Vaincus, les Suisses, redoutables soldats, concluront une paix perpétuelle avec la France.
(…) gallicanisme - principe selon lequel la religion catholique, en France, aurait le droit, en vertu de l'ancienneté de son implantation dans le pays, de s'organiser en maintenant le pape à distance (…) Le concordat de Bologne, signé en 1516 entre Léon X et François Ier, annule cette Pragmatique Sanction de Bourges. Il sauvegarde les prérogatives pontificales en matière de nominations à la tête des évêchés et des abbayes, établissant la règle selon laquelle c'est le roi qui présente d'abord un candidat, le souverain pontife ayant la liberté de le refuser et d'imposer l'élu de son choix (…) Cet accord de 1516 bien équilibré, réglera les rapports du Saint-Siège e de la France jusqu'à la Révolution.
Charles de Habsbourg (…) règne donc sur les Flandres, l'Espagne et sur les territoires de la couronne espagnole : la Sardaigne, la Sicile et les colonies d'Amérique.
De culture française par son ascendance bourguignonne (…) Charles hérite de toutes les possessions familiales en Autriche et en Allemagne…
(…) sous l'égide de la maison d'Autriche, se met en place, à ce moment, une puissance européenne colossale, qui sera la grande rivale de la France pendant plus de deux siècles (…)
En 1520, François Ier (…) Contre Charles Quint, il cherche l'appui du roi d’Angleterre (…)
En 1523, Charles de Bourbon, connétable de France (c'est-à-dire chef des armées royales), trahissant le roi, se rallie à Charles Quint. Prenant la tête d'une armée qui envahit la Provence, en 1524, il assiège Marseille, que seule la résistance acharnée des habitants, forçant Charles de Bourbon à battre en retraite, sauve de l’ennemi (…)
En 1527, les troupes de Charles Quint mettent néanmoins Rome à sac (…)
En 1536, les deux adversaires se font de nouveau la guerre. Les opérations se déroulent notamment en Savoie, que le roi de France voudrait annexer. Guerre interminable, guerre sur tous les fronts (…)
En 1542,(…) François Ier permet à Barberousse, corsaire du Sultan, d'hiverner à Toulon (ville vidée de ses habitants, sur ordre du roi, afin de leur éviter tout contact avec les Infidèles)…
Rival malheureux de Charles Quint sur le plan politique, François Ier a laissé sa marque, dans notre histoire, comme un admirable mécène, providence des lettres et des arts. Protecteur du poète Clément Marot et de l'humaniste Guillaume Budé, fondateur du Collège de France, dont les premières chaires étaient consacrées au grec, à l'hébreu et au latin, introducteur en France de la Renaissance italienne, il fit travailler Benvenuto Cellini (…) et Léonard de Vinci. Bâtisseur, ayant choisi pour emblème la salamandre, animal mythique qui ne meurt jamais et résiste même au feu, il fit construire ou embellir les palais royaux de Chambord, Fontainebleau et Saint-Germain-en-Laye…
(…) ce roi reste l'archétype du prince de cette période, à la fois guerrier et lettré.
C'est du règne du roi-chevalier que date l'édit de Villers-Cotterêts (1539), dont un des articles prescrit d'utiliser le français, au lieu du latin, dans la rédaction des actes officiels. Dans la pratique, cette mesure mettra du temps à être mise en œuvre partout. Elle apportera néanmoins sa pierre à l'édification de la France.
La Réforme française n'est pas née de la Réformation allemande lancée par Martin Luther en 1517 (…)
À partir de 1520, les doctrines réformatrices se répandent en France. François Ier, dans un premier temps, se montre plutôt enclin à la conciliation à leur égard. Mais les évangéliques, s'enhardissant, s'en prennent à la piété traditionnelle, détruisant des statues de la Vierge ou des saints, perturbant des processions (…)
C'est à partir de Genève que les idées protestantes se diffusent en France (…)
Henri II, au cours des douze années de son règne, applique envers les réformés la même rigueur que son père. S'ils sont présents partout, les protestants s'implantent particulièrement dans le tiers sud-ouest du royaume. On les désigne du terme de huguenots, altération de l'alémanique Eidgenossen, « associés par serment ». Vers 1550, un tiers de la noblesse française est calviniste.
En 1559, Henri Il est gravement touché en affrontant le comte de Montgomery en tournoi : un éclat lance lui a pénétré dans le crâne par l'œil, blessure devant laquelle Ambroise Paré s'avère impuissant. Au bout de dix jours d'une atroce agonie, le roi expire. Le coup de lance de Montgomery changera la face de la France. Le successeur du roi, son fils aîné, François Il, est un adolescent qui régnera peu de temps : il meurt de maladie en 1560, un an après son avènement Lui succède son frère Charles IX, qui ne cessera d'être guidé par sa mère, Catherine de Médicis, forte femme et grande tête politique, mais qui n'était quand même pas le roi. Ainsi le pouvoir, manquant de continuité et d'unité, est-il relativement affaibli au moment où une nouvelle Europe est en train de naître.
(…) le duc de Guise, et son frère Charles (…) hostiles à toute forme de compromis avec les protestants, sont les hauts représentants du parti catholique qui, face à la progression de la Réforme, commence à se constituer dans le pays.
Les chefs protestants - Antoine de Bourbon, roi de Navarre, le prince de Condé, son frère, et les Coligny (…) résolus à s'opposer au gouvernement des Guise (…)
Catherine de Médicis a donc attaché son nom à l'un des épisodes les plus dramatiques de notre histoire : les guerres de Religion (…)
Avec des périodes de répit, ce long conflit civil, qui peut être décomposé en huit guerres, durera trente-six ans.
(…) la tactique du parti huguenot est toujours la même : utiliser ses avantages acquis tout en cherchant à les étendre.
Anticipant Louis XIV, Henri III fait de la Cour un instrument de pouvoir, destiné à mettre en valeur la majesté royale. Les hommes sur lesquels il s'appuie (…) l'imitent dans le goût de la propreté corporelle et du raffinement de l'habillement et de la mise : ils sont appelés les mignons, terme qui n'a aucune connotation sexuelle à l'époque, mais que les polémistes calvinistes associeront ultérieurement à l'homosexualité, pratique restée étrangère, en réalité, au monarque et a ses favoris.
(…) le roi ne cesse de confirmer Henri de Navarre comme son successeur. À telle enseigne que la capitale, toujours proche de la Ligue, reproche sa modération à Henri III. En mai 1588, lors de la journée des Barricades, Paris se révolte et contraint le monarque à la fuite (…) Comprenant qu'il n'est plus libre, le roi se résout donc a faire assassiner Henri de Guise et son frère Louis, cardinal de Lorraine (…) Ce double meurtre, s'il est dicté par la raison d'État, scandalise la France catholique, qui se prend de haine pour le roi (…)
Après l'assassinat d'Henri III, Henri de Navarre est de jure roi de France sous le nom d'Henri IV. De facto, il n'est que le roi des huguenots, et sa cause a quelque chose de désespéré (…) Pour sortir de l'impasse, Henri IV fait savoir qu'il est enfin prêt à se convertir au catholicisme. À Saint-Denis, en 1593, il abjure définitivement (…)
Aucun pays européen touché par la Réforme n'a subi un affrontement intérieur aussi long, aussi meurtrier, aussi destructeur. C'est que les guerres de Religion, en France, ont recouvert un conflit pour le contrôle de l'État. Or cet État a toujours reposé sur le principe unitaire. Au sein de l'empire des Habsbourg, là où la Réforme s'était implantée, Charles Quint s'était résolu à la partition territoriale, entre catholiques et protestants, en fonction de la confession de chaque prince, les sujets adoptant la religion de leur souverain, en application du principe Cujus regio, ejus religio. (…) Pour chaque camp, huguenots ou ligueurs, le roi, s'il ne se plaçait pas de leur côté, devenait le tyran à abattre. Les huguenots regardaient vers l'Angleterre et les ligueurs vers l’Espagne.
L'absolutisme est un concept qui a été forgé pendant la Révolution, afin de fustiger les institutions antérieures et de justifier la nécessité de les avoir détruites. Au même titre que l'Ancien Régime (expression qui date de 1790), il s'agit d'une formule de propagande.
Tel Sully, qui inaugure une série de principaux ministres du roi (Richelieu, Mazarin, Colbert...) qui sauront être de grands serviteurs de l'État, tout en édifiant, selon les mœurs de l'époque, de colossales fortunes personnelles.
(…) ce calviniste (…) Sully, persuadé, selon sa formule, que «labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France » (…)
Dès la mort d'Henri IV, sa légende se met en place. Elle ne fera que s'amplifier, chaque époque façonnant personnage à sa guise.
En 1599, le mariage d'Henri IV et de Marguerite de Valois a été annulé. L'année suivante, le roi a épousé Marie de Médicis, la fille du grand-duc de Toscane, grande et belle femme passionnée par la danse et la musique, et néanmoins dévote (…)
Le roi Louis XIII, timide et bègue, est un solitaire. Son mariage avec Anne d'Autriche, consommé en 1619, est un échec : il faudra attendre les hasards d'une nuit d'hiver de... 1637 pour que la reine tombe enceinte. Louis XIII aime le travail manuel et la chasse, et se réfugie à cette fin dans son pavillon de Versailles. Profondément croyant et même pieux, il possède une haute idée de sa mission sur Terre, à la fois comme roi et comme chrétien (…)
Marie de Médicis (…) pousse un de ses protégés : Armand Jean du Plessis de Richelieu (…) évêque de Luçon, délégué par le clergé du Poitou aux états généraux de 1614, il a été remarqué par la force de ses discours et son intelligence tactique (…) frêle et maladif, il souffre de migraines chroniques. Déterminé, persévérant, d'une intelligence hors du commun, d'une foi, aussi, qui ne doit pas être sous-estimée, il a pour passion la politique. La politique qui consiste, dit-il, à « rendre possible ce qui est nécessaire ».
Depuis l'édit de Nantes, La Rochelle, capitale protestante et base logistique des séditions huguenotes qui, sporadiquement, secouent le royaume, n'a cessé de maintenir des liens étroits avec Londres. En juillet 1627, le roi d'Angleterre débarque sur l'île de Ré à la tête d'un corps expéditionnaire (…) Richelieu fait construire une digue destinée à empêcher le Anglais de jeter l'ancre dans le port de La Rochelle et, conduisant lui-même les opérations, assiège la ville. En novembre 1627, les Anglais rembarquent. En octobre 1628, après un an de siège, La Rochelle, réduite à la famine, doit capituler.
L'année suivante, l'édit de grâce d'Alès (juin 1629), corrigeant l'édit de Nantes, supprime la centaine de places de sûreté huguenotes qui échappaient à l'autorité royale : c'est la fin du protestantisme conçu comme un parti politique (…) En ce sens, l'édit de grâce d'Alès, trente et un ans après l'édit de Nantes, représente la vraie fin des guerres de Religion.
Richelieu est un prêtre de la Contre-Réforme (…) François de Sales, né en Savoie, fondateur de l'ordre de la Visitation avec Jeanne de Chantal. Et Vincent de Paul, qui forme des prêtres et se voue aux pauvres par la fondation des Filles de la Charité (avec Louise de Marillac) et de l'Œuvre des Enfants trouvés.
Marie de Médicis (…), la reine mère exige le renvoi de son ancien protégé (…) mais il est au contraire reconduit dans ses fonctions par Louis XIII (…)
La reine mère rejoint les Pays-Bas espagnols, puis la Hollande, l'Angleterre et Cologne, où elle mourra, en 1642, sans avoir revu la France, et sans avoir cessé de conspirer.
Depuis 1618, le Saint-Empire romain germanique est déchiré par ce qui s'appellera la guerre de Trente Ans. Conflit d'origine religieuse, devenu conflit politique, elle met aux prises l'Empereur et les souverains catholiques d'une part, et les princes protestants d'Allemagne et de Bohême d'autre part. Le roi de Danemark, Christian IV, puis le roi de Suède, Gustave-Adolphe, sont entrés ensuite dans le conflit, ce dernier grâce au soutien financier de... Richelieu.
Quand Louis XIII disparaît, en mai 1643, son fils, Louis XIV, n'a que 5 ans. La mère du roi, Anne d’Autriche, exerce la régence. Mais il y a surtout Mazarin (…) Avec sa fortune, il a pensionné Lulli, créé l'Académie royale de peinture et de sculpture, fondé le Collège des Quatre-Nations (aujourd'hui siège de l'Institut, quai Conti, à Paris) et ouvert la première bibliothèque publique de France, qu'on appellera après lui la Mazarine.
Après la Fronde parlementaire, la Fronde des princes prend le relais. Condé (…) rejoint la cabale formée par son frère, le prince de Conti (…) le cardinal de Retz, Turenne ou le duc de La Rochefoucauld.
En 1659, le conflit avec l'Espagne se termine enfin (…) l’infante Marie-Thérèse, fille du roi Philippe IV, est donnée en mariage à Louis XIV, union célébrée en 1660 (…) Dès lors, la France est en paix avec ses plus proches voisins : l'Empire, l'Espagne et l’Angleterre. La situation ne durera pas, mais les frontières sont sûres (Vauban commence son œuvre de fortification du « pré carré»), si bien que les conflits ultérieurs se dérouleront hors du royaume : pendant plus d'un siècle et demi, le territoire français restera à l'abri des invasions.
À la mort de Mazarin, en mars 1661, Louis XIV est âgé de 23 ans (…) annonce-t-il, à la surprise de son Conseil, qu'il se passera désormais de ministre principal, et gouvernera par lui-même.
En septembre 1661, par un véritable coup d'État, le roi brise la puissance de Nicolas Fouquet, surintendant des Finances dont le faste et l'impunité défiaient son autorité (…) Ses plus proches collaborateurs, Louis XIV recrute parmi des bourgeois qui lui doivent tout (…)
La noblesse, (…) reçue à la Cour pour une minorité et vouée à verser son sang sur les champs de bataille pour la plus grande part, elle n'exerce, en tant que corps, aucune fonction politique (…)
Au sortir de la Fronde, où l'anarchie a produit un besoin d'autorité, ce pouvoir fort satisfait une attente. Louis XIV exploite à fond le désir de paix intérieure, d'ordre et de soumission qui s'exprime chez les Français. Seul souverain, le roi bute néanmoins sur les (…) corps royaux, provinciaux, coutumiers, municipaux, professionnels, corps savants (universités, académies), corps de marchands, communautés d'arts et métiers, compagnies de commerce et de finance, chambres de commerce, compagnies et collèges d'officiers, corps des auxiliaires de la justice : tout est corporatif, au sens large. Or le roi, ordinairement, ne peut empiéter sur les droits, privilèges et coutumes de ces corps.
En 1682, quittant le Louvre, austère demeure de ses aïeux, Louis XIV installe la Cour à Versailles. (…) Bien que tout le monde puisse pénétrer dans le palais à condition d'être proprement vêtu et de louer une épée à l'entrée, le transfert à Versailles exerce une conséquence négative qui ne ressortira qu'avec le temps : dès lors que le roi ne vit plus au milieu des Parisiens, et que la Cour ne se déplace plus comme autrefois à travers le royaume, une distance se creuse entre la monarchie et les Français.
(…) l'État manque d'argent. Il en manque d'autant plus que son budget est grevé non pas tant par la cour de Versailles, comme on a pu le dire, que par l'entretien des armées et par les nombreuses campagnes militaires que le roi devra financer, parfois, en faisant fondre sa vaisselle (…) Louis XIV, attiré au-delà de toute raison par la gloire des armes, se lance dans des guerres de conquête, portant le fer et le feu en Europe. Pour ce faire, il possède la plus puissante armée permanente que l'Europe ait connue depuis l'Empire romain…
La France abandonne en outre l’Acadie, la baie d’Hudson et Terre-Neuve à l’Angleterre…
La Ligue d'Augsbourg, nouée en 1686 contre la France, rassemblait l'Empereur, les Provinces-Unies, la Suède, la Bavière, le duc de Saxe et plusieurs princes protestants d'Allemagne, rejoints plus tard par l'Electeur palatin, le Danemark, l'Angleterre, l'Espagne…
Le jansénisme doit son nom à l'évêque d'Ypres, Cornelius Jansen, qui a exposé sa thèse dans son ouvrage l'Augustinus en 1640. Interprétant la doctrine de saint Augustin, Jansen affirme que la grâce du salut, indépendante de la liberté et des mérites de l'homme, est réservée aux prédestinés qui ont été élus dès leur naissance. Cette doctrine, hostile aux jésuites, accusés de donner trop de place à la liberté, est condamnée en 1653 par le pape. En France, le jansénisme prend rapidement un aspect politique, rassemblant les opposants à Louis XIV.
Or le roi, ne pouvant tolérer de partis, fussent-ils religieux, persécute les jansénistes (…)
L’abolition de l'édit de Nantes procédera de la même erreur (…) En 1685, l'édit de Fontainebleau, qui révoque celui de Nantes, rompt l'équilibre qui avait été trouvé, en 1629, avec la paix d'Alès. Humilié et proscrit, le protestantisme français devient une force de contestation souterraine (…) un cinquième de l'élite économique française, de confession réformée, prend le chemin de l'exil, apportant ses aptitudes à des États qui, comme la Hollande ou la Prusse, sont ou seront des ennemis de la France.
Louis XIV disparaît en 1715, sans être pleuré : le monarque a régné trop longtemps, dans l'ambiance austère et dévote d'un Versailles dominé par Mme de Maintenon, épousée secrètement après la mort de la reine, en 1683 (…)
En quelques années, le vieux roi a successivement perdu son premier arrière-petit-fils, Louis (1705), son fils, le Grand Dauphin (1711), son petit-fils, le duc de Bourgogne (1712), et son deuxième arrière-petit-fils, le dauphin Louis (1712). Le successeur de Louis XIV est donc son troisième arrière-petit-fils, le duc d'Anjou, né en 1710, qui prend le nom de Louis XV.
Adversaire du pouvoir personnel, Fénelon, archevêque de Cambrai (…) souhaitait rétablir la noblesse dans toutes ses prérogatives, tout en soulignant les devoirs du roi et des grands à l'égard du peuple. Son ami le duc de Saint-Simon, qui sera le mémorialiste acerbe du règne de Louis XIV, voulait de même restaurer la grandeur passée des familles nobles.
Ayant hérité d'une situation financière dégradée - dette de l'État étant équivalente à dix années de recette fiscales -, le Régent accepte la proposition de John Law, un Écossais fixé en France. En 1716, celui-ci fonde une banque privée dont les billets sont admis dans toutes les caisses publiques. En 1718, la banque de Law devient une banque d'État dont on se dispute les actions, mais dont les émissions de billets sont sans rapport avec la réalité des valeurs qu'elle détient.
En 1755, Frédéric Il s'allie avec les Anglais, qui attaquent les Français sur mer. Aussi Louis XV accepte-t-il le rapprochement que lui offre Marie-Thérèse d'Autriche contre les Anglo-Prussiens. Signé à Versailles, en 1756, ce renversement des alliances (…) met fin à une rivalité de deux cent cinquante ans (…) car la Prusse, force montante du monde germanique, est l'ennemi de demain. Le renversement des alliances sera néanmoins impopulaire : les Français continueront à considérer les Autrichiens comme des ennemis, et les milieux philosophiques à préférer le despotisme éclairé du protestant Frédéric II de Prusse à la monarchie catholique de Marie-Thérèse d'Autriche.
Le traité de Versailles de 1756 inaugure la guerre de Sept Ans, qui est le premier conflit mondial (…) Les efforts dispersés de la France (…) se soldent par un désastre (…). Au traité de Paris (1763), la France perd l'Acadie, le Canada et les Indes (mais il lui reste les Antilles), tandis que l’Angleterre s'impose comme la première puissance maritime mondiale. Au même moment, la paix de Hubertsbourg entre l'Autriche et la Prusse consacre la victoire de Frédéric II (…) la France est éprouvée, humiliée et ruinée.
Il est loin, le temps du consentement à l'autorité observé au début du règne de Louis XIV. A partir du milieu du XVIIIe siècle, les écrits des Lumières procèdent à une révision générale de toutes les certitudes, mais ce bouillonnement des idées va dans le sens d'une radicalité croissante (…) L’Encyclopédie, œuvre collective à laquelle participent tous les penseurs du moment (…), répand un état d'esprit hostile aux traditions et à la religion (…) l'Encyclopédie, expression du rationalisme philosophique, constitue une critique du catholicisme, ses attaques étant déguisées derrière des articles comme « Fanatisme »,« Préjugé », « Superstition ». Et les libelles persiflent le roi, la Cour ou la Pompadour, tandis que le parti philosophique combat l'Eglise, le pape et les jésuites et que l'opposition parlementaire s'agite : sur tous les fronts, l'époque est à la contestation.
Excédé, Louis XV frappe un grand coup. En janvier 1771, 138 magistrats d'un coup sont exilés en province (…) Abolition de la vénalité et de l'hérédité des charges, gratuité de la justice : c'est plus qu'une réforme, c'est une révolution... royale.
Mais ces mesures autoritaires viennent trop tard. Les parlementaires, appuyés par l'opinion éclairée, font figure de martyrs…
Nommé ministre d'État, le comte de Maurepas, un vieillard de 73 ans (…) convainc Louis XVI de rappeler les anciens parlements. Le roi, espérant amadouer tous ceux qui avaient combattu son grand-père, remet ainsi en selle les privilégiés qui reprendront leur obstruction systématique envers l'autorité royale.
Turgot, ami des philosophes, a été nommé par crainte de l'esprit du temps (…) En 1776, Turgot est acculé à la démission par l'opposition qu'il rencontre. Il est remplacé par Necker (…) Ce banquier genevois, d'origine protestante, doit résoudre une crise financière paradoxale. Le royaume est en effet prospère (…) : armateurs et négociants ont acquis d'immenses fortunes. Les premières grandes manufactures apparaissent, des dynasties bourgeoises se fondent (…). Toutefois, (…) l'État manque structurellement d'argent. Le solution serait de refondre complètement le système fiscal, notamment en supprimant les privilèges financiers et en instituant l'égalité devant l'impôt. Or ces mesures sont systématiquement bloquées (…) car les nobles et les bourgeois refusent de supprimer leurs propres privilèges, tout en se donnant, comme d'habitude, des airs de défenseurs de la liberté, combattant le despotisme (…)
Quand Louis XVI, revenant dans un sursaut d'énergie à la politique de Maupeou, se décide enfin à briser les parlements (…) il est trop tard : l'État est au bord de la faillite. Et déjà la révolte gronde :(…) Necker revient aux affaires (août 1788), et décide le roi à convoquer, pour le printemps suivant, les états généraux que réclament les parlements…
Dans les années 1780, si les droits seigneuriaux avaient été abolis, si le développement de la petite propriété avait été encouragé, un sentiment d'injustice ne se serait pas répandu dans le royaume. L’étude des cahiers de doléances montre qu'en 1789 le peuple demande des réformes, mais c'est au roi qu'il le demande : à la veille de la Révolution, la monarchie reste immensément populaire.
Il n'empêche que, pendant toute la durée de la Révolution, la violence s'est imposée comme méthode d'action politique, au mépris justement de la liberté, de la démocratie et des droits de l'homme, qui ont été constamment violés. Dès 1789, ce sont des minorités qui se sont emparées du pouvoir (…) la Révolution, conduite au nom du peuple, s'est déroulée sans le consentement du peuple, et souvent contre lui.
Le 4 mai 1789, les états généraux (…) s’ouvrent par la procession du Saint-Sacrement dans les rues de Versailles (…) Mais les députés du tiers, sous la pression d'une minorité activiste, se déclarent les mandataires de toute la population française : le 17 juin, ils se proclament Assemblée nationale (…) ils se rassemblent dans la salle du Jeu de Paume, et font serment de ne pas se séparer avant d'avoir donné une Constitution à la France (…) « Nous sommes ici par la volonté du peuple, et nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes », clame le comte de Mirabeau. Défiguré par la petite vérole, violent et passionné, ce Méridional qui a été emprisonné pour rapt et adultère (…) De famille noble, mais rejeté par ses pairs (…)
Dès le 27 juin, Louis XVI transige : il enjoint au clergé et à la noblesse de se réunir avec le tiers état. La révolution politique, née d'un coup de force, est faite : la souveraineté ne réside plus dans le roi, mais dans l'Assemblée nationale. En pratique, cette Assemblée est dominée par des bourgeois ou des nobles. Le peuple, dont Mirabeau se réclame, n'a pas été consulté.
À l'autre bout de Paris, la Bastille est également assaillie, non par la population spontanément mobilisée, contrairement à la légende, mais par une bande d'agitateurs qui ont préparé l'opération. Le gouverneur Launay, les ayant laissés entrer, est assassiné. Des entrailles de l'édifice sont extraits, en fait de victimes de l'absolutisme, sept prisonniers, dont quatre faussaires, un libertin et deux fous (…)
Le 22 juillet, c'est au tour de Bertier de Sauvigny, intendant de Paris, et de son beau-père, Foulon, d'être massacrés. Les émeutiers leur arrachent les viscères, brandissent leur cœur en triomphe et plantent leur tête au bout d'une pique.
La Garde nationale, créée le 13 juillet 1789 par la nouvelle municipalité parisienne, est une milice d'autodéfense civique, dont les membres, équipés à leurs frais, doivent un service gratuit de garde et de patrouille.
Adoptée par l'Assemblée le 26 août 1789, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, inspirée par la Déclaration d'indépendance américaine de 1776 est un condensé de la pensée des Lumières.
(…) pendant les années qui suivront, l'Hôtel de Ville exercera un constant chantage sur l'Assemblée, dans le sens de la surenchère. Manipulation des députés, pression des factions, menace de la rue : le mécanisme révolutionnaire est lancé.
En raison des mauvaises récoltes précédentes et de la désorganisation qui gagne, Paris manque de pain. Exploitant le mécontentement provoqué par cette pénurie, des agitateurs excitent à nouveau les esprits. Le 5 octobre, 5000 à 6 000 femmes, accompagnées par 15 000 gardes nationaux, s'assemblent dans la capitale, et décident d'aller réclamer du pain au gouvernement.
L'initiative, une fois de plus, n'a rien de spontané. A Versailles, où la foule se déplace, se déroule en effet un nouveau coup de force. Les émeutiers demandent à voir le roi, tandis que des gardes du corps sont tués, leur tête étant plantée au bout d'une pique. En dépit de cet horrible spectacle, Louis XVI et Marie-Antoinette se montrent. Si la reine est huée, le roi, en revanche, est acclamé, mais la foule habilement manipulée réclame l'installation du monarque dans la capitale.
Au sein de l'Assemblée, ceux qui penchent du côté du roi se sont assis à droite, les partisans du changement siégeant à gauche. Gauche, droite : ces catégories nées du hasard deviendront universelles (…) le courant dominant souhaite une monarchie parlementaire. Les figures les plus représentatives de cette tendance sont le libéral La Fayette, héros de la guerre d'Indépendance américaine, l'abbé Sieyès, prêtre athée (…) qui, dès janvier 1789, a énoncé la théorie de la souveraineté nationale, Talleyrand, évêque qui, issu de la haute noblesse, n'en est pas moins acquis à l'idée d'arracher leur statut social au clergé et à l’aristocratie (…)
A l'extrême gauche, une fraction très minoritaire, mais plus révolutionnaire encore, a trouvé un champion ardent : l'avocat Maximilien de Robespierre, député d'Arras.
(…) Au nom du principe d'égalité devant la loi, la noblesse et le droit d'aînesse sont supprimés (…) Au nom de la liberté de la concurrence, corporations, associations ouvrières et règlements de métier sont interdits (…)
(…) la dîme, qui permettait à l'Église d'assurer sa mission sociale dans les écoles et les hôpitaux, est supprimée (…) les biens ecclésiastiques sont saisis, (…) les vœux monastiques sont interdits, les ordres contemplatifs supprimés, (…) les biens d'Église, déclarés biens nationaux, sont mis en vente. Le 12 juillet 1790, la Constitution civile du clergé est adoptée (…) C’est la population qui élit les curés et les évêques, ces derniers n'ayant qu'à notifier leur élection au pape (…) C'est donc bien avant la Terreur, dès la Constituante que la Révolution engage la bataille contre l'Église pour la première fois dans l'histoire de France (…), les catholiques, qui constituent 95% de la population, sont marginalisés dans leur propre pays (…)
Sur 130 évêques français, 4 seulement reconnaissent la Constitution civile du clergé. Sur 130 000 prêtres, plus de 100 000 refusent le serment ou se rétractent en apprenant la position du pape, et 30 000 acceptent de le prêter.
Le roi exerce le pouvoir exécutif, mais les lois et les impôt sont votés par l'Assemblée législative, élue au suffrage censitaire (…)
À gauche de l'Assemblée se trouvent ceux qui, issus de la bourgeoisie cultivée, souvent liés aux milieux d'affaires, notamment aux négociants de Marseille ou de Bordeaux, veulent au contraire accentuer les bouleversements politiques et sociaux. Ils font généralement partie du club des Jacobins, dont le nom est tiré du couvent dominicain de la rue Saint-Honoré où ses membres se réunissent. Dans ce club, les lois et les motions qui sont votées à l'Assemblée sont auparavant examinées, discutées, réécrites, en même temp que s'y préparent des stratégies politiques. Aux Jacobins adhèrent les Girondins, ainsi nommés parce que plusieurs d'entre eux sont originaires de Bordeaux (…)
Le club des Cordeliers, fondé en 1790, se réunit dans un ancien couvent franciscain (…) Les membres influents des Cordeliers sont Danton (…) Marat, le polémiste (…), le poète et comédien Fabre d’Eglantine (…)
Très vite, en tout cas, la lutte des factions devient un moteur interne du régime. Où s'observe une règle : la gauche tend à l’emporter sur la droite, parce que le mécanisme révolutionnaire ne revient pas en arrière et que les plus violents l'emportent toujours en temps de troubles (…)
En outre, les députés vivent sous la pression des révolutionnaires purs et durs, qui font alors leur apparition. Appelés « sans-culottes » parce qu'ils ont troqué la culotte courte et les bas contre le pantalon, vêtus de la carmagnole, une veste rouge sang de bœuf, et du bonnet phrygien, ces fanatiques, porteurs de piques, arme qui a pour but d'intimider, imposent le tutoiement général et remplacent les appellations « monsieur, madame » par les intitulés « citoyen, citoyenne » (…)
La radicalité révolutionnaire s'exprime notamment à l'occasion de deux lois qui inaugurent la catégorie de « suspects », a propos de la noblesse et du clergé (…)
Le 9 novembre 1791, un décret de la Législative force les émigrés à revenir dans un délai de deux mois ; à défaut, ils seront considérés comme criminels et leurs biens seront confisqués (…) un second décret déclare suspect tout prêtre non jureur, et le prive de son traitement (…) un autre décret ordonne la déportation des prêtres réfractaires dénoncés par « vingt citoyens actifs d'un même canton ».
Le 15 mars 1792, toutefois, Louis XVI doit accepter la formation d'un ministère girondin (…) ce ministère plonge la France dans la guerre en déclarant les hostilités au « roi de Bohême et de Hongrie », l'Empereur François II, fils de Léopold II, qui vient d'accéder au trône des Habsbourg. La France s'engage dans un conflit qui durera vingt-trois ans, et s'achèvera par la défaite de Waterloo et l'occupation du pays (…)
Si Jacobins et Girondins ont désiré l’affrontement, c’est par réflexe idéologique. « Il faut déclarer la guerre aux rois et la paix aux nations », lance le député Merlin de Thionville. Faire la guerre, c'était forcer Louis XVI à prendre parti pour la Révolution. La Législative, sans conteste, a voulu le conflit avec l'Europe pour des raisons de politique intérieure.
Les deux tiers des officiers de 1789 ayant émigré, l'armée est désorganisée. En toute hâte, il faut former des officiers, recruter des troupes. L'épopée patriotique de l'An II ? Encore un mythe postérieur. Parmi la population, aucun enthousiasme ne se manifeste. Ce ne sont pas des volontaires qui vont se battre, mais les hommes désignés au sein de chaque commune, un nombre considérable d'entre eux préférant l'insoumission ou la désertion. Les premières batailles sont désastreuses, des régiments entiers passant à l'ennemi.
Le général Dillon, qui veut enrayer la débandade, est tué par ses propres soldats. Le 11 juillet 1792, l'Assemblée sera dans l'obligation de déclarer « la patrie en danger ».
Le 20 juin, sous prétexte de célébrer le troisième anniversaire du serment du Jeu de Paume, les Tuileries sont envahies par 20 000 hommes et femmes, rassemblés par les clubs, qui vont présenter à l'Assemblée une pétition rédigée en termes injurieux pour Louis XVI, puis font irruption dans les appartements royaux. Pendant près de trois heures, le roi subit les familiarités et les menaces des émeutiers, accepte de trinquer avec eux, et de coiffer le bonnet rouge.
Mais il ne cède pas. La journée, cependant, a déclenché des forces que personne ne peut plus contrôler (…)
Le 10 août 1792, les Tuileries sont prises d'assaut par les Fédérés et par les membres des sections révolutionnaires, contraignant Louis XVI et sa famille à se réfugier à l'Assemblée. Répugnant à faire couler le sang, le monarque ordonne aux gardes suisses de n'opposer aucune résistance. Avec 200 gentilshommes venus prêter leur épée au roi et avec les domestiques du château, ces soldats fidèles sont massacrés dans des conditions abominables…
(…) tout prêtre ayant refusé la Constitution civile du clergé doit abandonner le pays « dans le délai de quinze jours ». Bannis de leur patrie, 45 000 ecclésiastiques français (45 % des réfractaires) s'exilent aux quatre coins de l'Europe, et jusqu'en Amérique. Environ 30 000 prêtres (30% des réfractaires) entrent dans la clandestinité ; 4 000 sont arrêtés et déportés sur les pontons de Rochefort, ou en Guyane, d'où une poignée seulement reviendra.
(…) les prêtres réfractaires internés à l'Abbaye et aux Carmes sont exécutés (…) près de 1 400 détenus ont été massacrés, à peu près la moitié des effectifs des prisons (…) 220 ecclésiastiques, 150 gardes suisses ou gardes du palais rescapés du 10 août, une centaine d'«aristocrates» (terme extensible à tout adversaire de la Révolution, quelle que soit son origine sociale)… Les historiens ont apporté la preuve que les massacres de Septembre ont été prémédités, (…) (le 1er septembre, Marat a fait placarder des affiches réclamant une justice populaire expéditive). Danton avouera qu'il voulait frapper Paris de peur, et réduire les modérés au silence.
Le 21 septembre 1792, sur intervention de l’abbé Grégoire, personnage tourmenté et contradictoire, chrétien sincère et républicain convaincu, les 300 députés à la Convention déjà élus et présents décrètent l'abolition de la royauté et proclament la République. Alors que la Constitution de 1791 n'a pas été abolie, cette rupture historique est un coup de force perpétré par une minorité. Au demeurant, même quand la nouvelle Assemblée sera au complet, ses 749 députés auront été élus par un citoyen sur dix seulement, les neuf autres s'étant abstenus en raison du climat de terreur régnant sur le pays, ce qui interdit de considérer la Convention comme le reflet de la France.
Les Girondins (…) affrontent en effet plus révolutionnaires qu'eux : les Montagnards. Ainsi nomme-t-on les radicaux parisiens qui se regroupent en haut des gradins de l'Assemblée et qui, eux-mêmes, s'efforcent de ne pas être débordés par la Commune.
[Le procès du roi] se déroule devant la Convention, qui s'est érigée en tribunal exceptionnel (…) Il les impressionne toutefois par sa majesté triste, lui qui prie en silence pendant les débats. Pour créer l'irréparable, les Montagnards veulent la mort de Louis XVI. Les Girondins, en revanche, tentent de le sauver en réclamant que la sentence soit soumise à la ratification du peuple (…) Louis XVI monte à l'échafaud, le 21 janvier 1793 à 10h30, sur l'actuelle place de la Concorde au milieu d'une foule immense. Avant de mourir avec dignité, il offre son sacrifice : « Je meurs innocent, je pardonne à mes ennemis. Que mon sang soit utile au Français, qu'il apaise la colère de Dieu.»
Le 6 avril 1793, la Convention institue un Comité de salut public. Formée de députés élus et renouvelables tous les mois, cette instance étend son emprise sur tous les organes civils et militaires de l'État. Danton, Saint-Just (« l'Archange de la Terreur »), Couthon, Robespierre ou Carnot, les conventionnels les plus implacables seront ses membres les plus célèbres.
Le soulèvement vendéen est populaire : ce sont les paysans qui forcent les nobles à leur servir d’officiers (…) Le 23 décembre 1793, les débris de l'« armée catholique et royale » sont anéantis à Savenay. « Il n'y a plus de Vendée, annonce le général Westermann à la Convention : elle est morte sous notre sabre libre. J'ai écrasé les enfants sous les pieds de mes chevaux, massacré les femmes qui n'enfanteront plus de brigands. Je n'ai pas un prisonnier à me reprocher. J'ai tout exterminé. »
(…) À Nantes, Carrier fait régner une terreur atroce, noyant 10 000 innocents dans la Loire. Afin de prévenir un nouveau soulèvement, les « colonnes infernales» de Turreau sillonnent la Vendée. De décembre 1793 à juin 1794, ces troupes massacrent la population, incendient fermes et villages, détruisent récoltes et troupeaux.
(…) le nombre de victimes de cette guerre, estimé entre 140 000 et 190 000 morts dans les deux camps (…) Or, au plus fort de la répression, en 1794, il n'y avait plus de danger pour la République (…) l’opération de maintien de l'ordre s'est bel et bien transformée en entreprise exterminatrice pour des raisons idéologiques. Des représentants en mission l'écrivaient au général Haxo : « Il faut que la Vendée soit anéantie parce qu'elle a osé douter des bienfaits de la Liberté. »
(…) la Convention met « la Terreur à l’ordre du jour » (…) Fouquier-Tinville, l'accusateur public, personnage corrompu et criblé de dettes, décide de la vie et de la mort de ses victimes en fonction de leurs ressources et de leur docilité (…)
À Lyon, où la révolte qui a éclaté en mai 1793 est matée six mois plus tard, les insurgés sont si nombreux qu'ils sont exécutés au canon. Il faut « réduire la population de plus de moitié », lance le conventionnel Jean Bon Saint-André.
La politique antireligieuse atteint son paroxysme au cours de cette période. Entré en vigueur le 5 octobre 1793, le calendrier de Fabre d'Églantine remplace le dimanche par le décadi (…) Notre-Dame de Paris devient le temple de la Raison. C'est là que se déroulera un peu plus tard le culte de l'Être suprême, rite laïc inventé par Robespierre. Toutes les églises parisiennes sont ensuite fermées. Dans la capitale ou en province, une vague de vandalisme s'attaque aux édifices religieux, qui sont pillés, mutilés et parfois démolis. Le député de l'Oise, Anacharsis Cloots, se proclame « ennemi personnel de Jésus-Christ ».
Robespierre a acquis une place prépondérante au sein du Comité de salut public. Petit, chétif, le teint blême, myope, le visage bourré de tics, l'homme se veut le chantre incorruptible d'une démocratie idéale et vertueuse, dont il développe une vision quasi mystique (…) Robespierre se débarrasse de Danton (…)
À Paris, les effectifs du tribunal révolutionnaire étant quintuplés, les interrogatoires préalables et les avocats sont supprimés : la guillotine fonctionne six heures par jour. Au cours des dix mois de la dictature de Robespierre, 500 000 personnes auront été emprisonnées, 300 000 assignées à résidence, 16 000 guillotinées (…)
En additionnant les condamnations capitales prononcées par l'instance judiciaire, les exécutions sommaires, les décès en prison et les victimes de la guerre civile (tous camps confondus), le bilan global de la Terreur s'établit entre 200 000 et 300 000 morts. Soit 1 % de la population. À l'échelle de la France d'aujourd'hui, cela donnerait plus de 600 000 victimes ! (…) 31% des guillotinés étaient des ouvriers ou des artisans, 28 % des paysans…
Un décret, toutefois, precise que les deux tiers des députés seront choisis parmi les membres de la Convention sortante. Dans l'esprit de ses instigateurs, cette clause a pour but d'écarter les royalistes qui s'affichent de plus en plus : les Thermidoriens veulent terminer la Révolution, mais non la renier, tout en conservant le pouvoir. En septembre, la Constitution est approuvée par référendum, mais 5 des 6 millions d'électeurs se sont abstenus.
Le 5 octobre 1795 (13 vendémiaire), les royalistes, privés de tout espoir de reprendre le pouvoir par les voies légales, tentent alors un coup d'État, appuyés par plusieurs sections parisiennes de la Garde nationale.
Mais Barras, l'homme en vue de la Convention finissante, fait appel au jeune général Bonaparte qui sauve la République en mitraillant 300 insurgés royalistes sur les marches de l'église Saint-Roch.
(…) au cours de l'année 1796, 1448 prêtres français et 8235 prêtres belges seront expédiés au bagne de Cayenne.
Aux élections d'avril 1797 au Conseil des Cinq-Cents, dont les députés se renouvellent par tiers, seulement 28 des 177 élus sont républicains, les royalistes devenant majoritaires avec les membres du Conseil des Anciens (…) le Directoire fait appel à l'armée. Lors de ce coup d'Etat, 65 députés et journalistes royalistes sont déportés en Guyane.
En 1799, le pape Pie VI, prisonnier de la république depuis l’année précédente, meurt à Valence…
Trois Assemblées sont créées, dont les membres sont nommés sous son contrôle. C'est donc par la dictature que se termine la Révolution. Six ans après avoir coupé la tête à son roi, la France se jette dans les bras d'un homme dont l'autorité et les moyens de gouvernement seront dix fois plus contraignants que ceux de Louis XVI. Tout ça pour ça...
1789-1799 : au crédit de cette décennie sont à porter toutes les réformes que la monarchie n'avait pas su mener à bien et que les Français attendaient : l'égalité devant la loi, l'égalité devant l'impôt, l'égalité devant la justice, l'abolition d'archaïsmes injustifiés, la création d'instances politiques représentant l'opinion.
(…) à l'issue du coup d'Etat du 18 brumaire (…) La Constitution de l'An VII adoptée le 13 décembre 1799, instaure, sous une apparence libérale, un régime autoritaire et centralisé, dont Bonaparte est l'homme fort (…) Bonaparte est Premier Consul (…) La nouvelle Constitution, comme en 1793 et en 1795, est soumise à référendum (…) Mais près de 4 millions d'électeurs sur 7 millions) se sont abstenus, et Lucien Bonaparte a falsifié les résultats. Il reste que ce pouvoir personnel, beaucoup plus puissant que celui d'un roi de France, possède toutes les apparences de la légalité républicaine (…)
« Ma politique, souligne-t-il en août 1800, est de gouverner les hommes comme le plus grand nombre veut l’être. C'est en me faisant catholique que j'ai gagné la guerre de Vendée, en me faisant musulman que je me suis établi en Egypte, en me faisant ultramontain que j'ai gagné les esprits en Italie.»
(…) un concordat est signé, le 15 juillet 1801 (…) Aux termes de cet accord, qui restera en vigueur jusqu'en 1905, l'État reconnait le catholicisme comme la religion « de la grande majorité des Français» et, garantissant la liberté du culte, assure un traitement au clergé. Au sortir d'une décennie de persécution religieuse sans précédent, c'est une avancée historique.
(…) assorti d'« articles organiques » - jamais reconnus par le pape - qui font de l'Église un instrument soumis à l'Etat, conformément à la pensée de Bonaparte selon qui « il faut une religion au peuple», mais « dans la main du gouvernement ». Le protestantisme et le judaïsme seront ensuite organisés selon le même principe, devenant des cultes reconnus par l'État.
L'État qui se met en place à cette époque est rigoureusement centralisé. Tous ses représentants, depuis les ministres jusqu'au moindre agent local, tiennent leur autorité du Premier Consul, et de lui seul.
Amalgamant le droit romain, le droit coutumier d’Ancien Régime, les principes de 1789, les exigences de la bourgeoisie libérale et la conception de l'État autoritaire et centralisé de Bonaparte, ce Code civil, promulgué le 21 mars 1804, devient un pilier de la société française. Il sera répandu dans toute l'Europe par les armées napoléoniennes.
Il ne lui reste plus qu'à rendre sa fonction héréditaire pour ressembler à un roi, mais un roi plus puissant que n'était Louis XIV.
(…) le 18 mai 1804, annonce que « le gouvernement de la République est confié à un Empereur qui prend le nom d'Empereur des Français », Napoléon Ier, dont la succession est dévolue à sa descendance par ordre de primogéniture masculine.
Aux yeux des pays européens, la France impériale de Napoléon n'est que le prolongement de la « Grande Nation » révolutionnaire, avec les mêmes visées idéologiques et hégémoniques. Aussi une nouvelle coalition se noue-t-elle contre Paris, à la fin de l'été 1805, rejoignant Londres. Cette coalition, la troisième depuis 1792, regroupe l'Angleterre, la Russie, l'Autriche, Naples et la Suède. Jusqu'en 1815, il y aura encore quatre autres coalitions européennes contre Napoléon.
Dix ans de guerre attendent la France - sans interruption avec l'Angleterre, par alternance avec les autres belligérants.
La Confédération du Rhin institue un quasi-protectorat français, mais représente un pas de plus vers l'unité allemande, qui s'effectue de surcroît au détriment des Habsbourg. Napoléon ne mesure pas que, sur le long terme, cette politique sert les desseins historiques de la Prusse. C'est la mort du Saint-Empire romain germanique…
La France est alors l'État le plus peuplé d'Europe (…) les villes et les campagnes françaises forment un inépuisable réservoir de soldats.
L'Angleterre qui reste l'irréductible adversaire, mais où Napoléon a perdu espoir de débarquer. C'est alors par l'arme économique que l'Empereur veut faire plier les Anglais. Le 21 novembre 1806, à Berlin, il a signé un décret proclamant que « les îles Britanniques sont en état de blocus ». (…) l’Angleterre, restant maîtresse des mers, compense la perte de ses marchés européens par le développement de son commerce sur le globe, acquérant des positions qui seront des atouts, plus tard, à l'heure des empires coloniaux
En 1808, (…) Joseph Bonaparte qui devient roi d'Espagne, lui-même cédant sa couronne de Naples à Murat, dont il faut rappeler qu'il est le mari de Caroline Bonaparte. Napoléon continue de faire et défaire le trônes, mais toujours au profit de son clan.
Le 2 mai, cependant, Madrid s'est soulevée contre les Français, insurrection brutalement réprimée par Murat (300 morts). Cette journée du « Dos de Mayo », immortalisée par le tableau de Goya, marque le début de la guerre d’Espagne (…)
Dans la péninsule Ibérique, jusqu'en 1813, la France s'épuisera dans un conflit sans issue, où elle perdra près de 400 000 hommes.
1808 (…) Talleyrand (…) Convaincu que la politique étrangère de Napoléon court à l'échec, parce qu'elle ne respecte aucun équilibre et dresse toute l'Europe contre la France, le « Diable boiteux » mène une sorte de double jeu. En secret, il informe le tsar de l'impopularité auprès des Français de l'expédition d'Espagne, met en garde le souverain contre la « folie » de conquêtes de Napoléon, et lui suggère de se rapprocher de l'Autriche.
En 1808 (…) l’Empereur occupe Rome et les États pontificaux, puis les annexe en 1809. Enlevé et conduit à Savone, Pie VII réplique en excommuniant l'Empereur et en refusant d'accorder toute institution canonique, bloquant ainsi les nominations épiscopales et la vie religieuse dans la grande France impériale.
En 1809 (…) Le général en chef autrichien se retranche ensuite au nord de Vienne, à Wagram, où il est battu, les 5 et 6 juillet, à l'issue d'un gigantesque affrontement d'environ 150 000 soldats dans chaque camp, la Grande Armée ayant perdu 34 000 hommes et les Autrichiens, 50 000.
Décimée par la guérilla et la résistance des Anglais, la Grande Armée perdra sa suprématie, obligeant Napoléon à se reposer sur des contingents « alliés » de plus en plus incertains.
En 1811, lorsque « Napoléon II » vient au monde, la France sur laquelle règne l'Empereur compte 130 départements, qui englobe la Belgique, la Hollande, Hambourg, les villes de la Hanse, Luxembourg, la rive gauche du Rhin, Genève, le Piémont, Gênes, la Toscane et Rome (…) Seules l'Angleterre, la Sicile et la Sardaigne échappent à son emprise.
En 1812, Napoléon entre dans Moscou, elle aussi vidée de ses habitants. Dès le lendemain éclate un gigantesque incendie, provoqué par les Russes, brasier qui dévore la ville et détruit le ravitaillement de la Grande Armée. Le 19 octobre, sans réponse d'Alexandre Ier à ses offres de négociation, l'Empereur ordonne la retraite. La neige et le froid ont fait leur apparition et, Koutouzov lui barrant la route du sud-ouest, Napoléon doit emprunter le même itinéraire qu'à l'aller, dans un pays dévasté (…) Le 13 décembre 1812, ce sont moins de 30 000 hommes qui repassent le Niémen, contre 700 000 à l'aller, six mois plus tôt.
Désastre militaire sans équivalent, et tragédie humaine sans nom, la campagne de Russie se traduit par environ 200 000 morts (la moitié au combat, l'autre de froid, de faim ou de maladie), de 150 000 à 190 000 prisonniers (…), et 130 000 déserteurs (…) La cavalerie, anéantie, ne se relèvera jamais, alors qu'elle constitue le pilier de la guerre de mouvement napoléonienne.
Pour la sixième fois depuis 1792, voici l'Europe coalisée contre la France.
(…) Du 16 au 19 octobre 1813, à Leipzig, se déroule la plus grande bataille de l'histoire napoléonienne…
En mars 1814 (…) le tsar Alexandre Ier, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III, accompagnés de Blücher et de Schwarzenberg, font leur entrée dans Paris.
Ce n'est donc pas « dans les fourgons de l'étranger», comme le prétendront les bonapartistes et les républicains, que les Bourbons reviennent en 1814. L'homme de la manœuvre est Talleyrand (…) Âgé de 59 ans, Louis XVIII en paraît beaucoup plus : au physique, c'est un homme gros, impotent, usé par la fatigue. Mais il est doté d'une rare force de caractère, grâce à laquelle il ne s'est pas abandonné au désespoir au cours de son long exil (…) il était un esprit libéral et même libertin (…) son frère, Louis XVI (…) son neveu, Louis XVII…
Cette Constitution, inspirée de celle de 1791 et du modèle britannique (…) il s'agit d'affirmer, dans les nouvelles institutions, la légitimité royale qui vient de l'Histoire. « Chef suprême de l'État», sa personne étant « inviolable et sacrée », le roi dispose de l’exécutif : nommant les ministres, promulguant les lois, il peut gouverner par ordonnances.
(…) une Chambre des députés (…) est élue au suffrage censitaire, par les citoyens s'acquittant d'un impôt (cens)…
Loin de revenir à 1789, les Bourbons consacrent donc l'œuvre administrative et sociale de la Révolution et de l'Empire. Le Code civil, la division du territoire en départements administrés par des préfets, le franc, l'Université ou la Légion d'honneur, toutes les « masses de granit» du Premier Consul, restent en place. De l'Ancien Régime, il n'est rétabli que le décor (…) Le drapeau blanc à fleur de lis remplace le drapeau tricolore.
(…) les caisses de l'État étant vides (…) Quant aux soldats licenciés et aux officiers demi-solde, ils grossissent la masse de mécontents. C'est au prétexte de répondre à leur appel que, moins d'un an après son abdication, Napoléon revient de l'île d’Elbe (…) entame son ultime campagne : à ses soldats, il déclare que « le moment est venu de vaincre ou de mourir » (…) il affronte Wellington et ses alliés sur le plateau du Mont-Saint-Jean, près de Waterloo, le 18 juin 1815 (…) Napoléon abdique une seconde fois. L'aventure a duré cent jours. Rouvrant des blessures à peine cicatrisées, et s'achevant par une catastrophe militaire, elle a fait du mal à la France (…)
Pendant ce temps, Fouché prépare le second retour de Louis XVIII (…) de retour aux Tuileries... cent jours après les avoir quittées.
Le résultat, en 1815, laisse une France plus petite qu'avant 1792. Mais alors que, pendant des siècles, la France avait été le seul grand Etat national du continent, les bouleversements de la carte européenne par Napoléon ont donné au pays des concurrents de son niveau : l'Angleterre, la Russie, l'Autriche, désormais menacée par la Prusse. Pour la France, la prépondérance a été perdue... à jamais.
À l'orée de cette seconde Restauration, la situation est périlleuse pour les Bourbons. En 1814, ils se sont imposés aux Alliés ; en 1815, ils paraissent imposés par les Alliés. À l'intérieur, les Cent-Jours ont ranimé des passions révolutionnaires qui, par contrecoup, ont excité les contre-révolutionnaires (…) À tous égards, les Cent-Jours ont rendu plus difficile la réconciliation des Français, divisés en deux camps hostiles.
(…) 1815, le tsar Alexandre Ier, l'Empereur d'Autriche François Ier et le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III concluent, à l'initiative du tsar, la Sainte-Alliance, qui est une sorte de pacte mystique entre trois souverains chrétiens - un orthodoxe, un catholique et un protestant - manifestant leur volonté que leur gouvernement soit inspiré par la foi. Louis XVIII adhérera deux mois plus tard à la Sainte-Alliance.
(…) le second traité de Paris (…) apporte des conditions plus dures pour la France que le précédent de 1814 (…) Pour négocier avec les Alliés, Louis XVIII a dû sacrifier Talleyrand - ce qui ne lui a pas été trop difficile, car il déteste l'ancien évêque d'Autun - et confier le ministère à un ami du tsar, le duc de Richelieu. Ce dernier saura rembourser en trois ans l'indemnité de guerre exigée par les Alliés, et obtenir, avec deux ans d'avance, l'évacuation de leurs troupes.
En 1822, l'Europe s'interroge pour savoir si elle doit venir au secours du roi d'Espagne, Ferdinand VII, dont le trône est menacé par une insurrection libérale (…) la France, poussée par Chateaubriand, qui devient alors ministre des Affaires étrangères, envoie 100 000 hommes (…) L’expédition, dont la prise du fort de Trocadero, qui défendait Cadix (septembre 1823), restera le symbole s'achève par l'écrasement des libéraux espagnols, à la grande fureur de l'opposition en France.
Nouveau roi, Charles X est un homme de l'ancien temps : il avait déjà 32 ans quand la Révolution a éclaté, en 1789, année où il a pris le chemin de l’exil (…) En mai 1825, le roi est sacré à Reims. Nul ne sait alors que ce sera le dernier sacre de la longue histoire de la monarchie française.
La loi indemnisant les émigrés dont les biens ont été confisqués sous la Révolution, loi qu'il fait adopter en 1825, vise à clore le dossier une fois pour toutes, et à rassurer les acheteurs de biens nationaux. Cependant, caricaturée comme un cadeau fait aux nostalgiques de l'Ancien Régime (le milliard des émigrés »), elle n’est pas comprise et se transforme en chef d’accusation contre le pouvoir. Il en est de même, en 1825, de la loi punissant le sacrilège, texte voté mais jamais appliqué…
Une expédition navale française, menée aux côtés des Anglais et des Russes, aboutit à la victoire de Navarin, au large du Péloponnèse, contre la flotte turco-égyptienne (20 octobre 1827), prélude à l'indépendance de la Grèce, acquise en 1830.
L'autre intervention extérieure du règne, due presque au hasard, va peser sur cent trente ans d'histoire de France : la prise d'Alger. En avril 1827, à la suite d'une obscure querelle au sujet d'une créance impayée, le dey d'Alger donne trois coups d'éventail au consul de France, ce qui provoque la rupture diplomatique entre la France et la Régence d'Alger, qui est théoriquement vassale de l'Empire ottoman. Mais c'est plus pour des raisons de politique intérieure, dans le but de rehausser le prestige du gouvernement alors en difficulté, que Polignac prépare une expédition contre Alger au printemps 1830.
(…) la prise d'Alger a rendu le roi euphorique, le persuadant que ce succès lui valait le soutien populaire contre la fronde parlementaire. Grave erreur d'appréciation, qui pousse Charles X et
Polignac, comme l'article 14 de la Charte les y autorise, à gouverner par ordonnances.
Quatre ordonnances, signées le 25 juillet 1830, sont donc publiées le lendemain. La première suspend le régime libéral de la presse. La deuxième dissout la nouvelle Chambre qui, tout juste élue, ne s'est même pas réunie. La troisième convoque de nouvelles élections pour le mois de septembre (…)
Le 30 juillet, Charles X retire ses ordonnances. Trop tard : l'insurrection a triomphé. A l'Hôtel de Ville, La Fayette fait hisser le drapeau tricolore (…)
La grande masse du pays est restée étrangère aux événements. Les « Trois Glorieuses » (27, 28, 29 juillet 1830), néanmoins, sont à l'origine d'un mythe puissant (…) Ce mythe, glorifié par le tableau de Delacroix La Liberté guidant le peuple, considère la capitale comme l'avant-garde de la France, dont la mission serait de porter la liberté à toutes les nations.
Pour cent ans et plus, ce mythe fera partie de l'imaginaire politique de la gauche française.
Le 31 juillet 1830, Louis-Philippe, duc d'Orléans, accepte le titre de lieutenant général du royaume (…) le roi abdique au profit de son petit-fils, le duc de Bordeaux…
Tenu à l'écart par Louis XVIII, qui le détestait, et Charles X, Louis-Philippe recevait chez lui des hommes d'affaires, des libéraux et des bonapartistes (…) « Il est du sang des Bourbons et il en est couvert. » Le 3 août 1830, trois jours après avoir accepté le titre de lieutenant général du royaume, Louis-Philippe annonce devant les députés l'abdication de Charles X, mais en omettant de faire allusion au duc de Bordeaux. Le 7 août, la Chambre déclare le trône vacant, et y appelle Louis-Philippe (…) Orléans contre Bourbons ?
Quand il s'agit de faire régner l'ordre, Thiers, le ministre de l'Intérieur, est impitoyable. En 1832, la dernière insurrection royaliste de Vendée, tentative romanesque et sans issue menée avec panache par la duchesse de Berry au nom des droits au trône de son fils, le comte de Chambord, est réprimée sans pitié (…)
En novembre 1831, les républicains ont tenté de récupérer la révolte des ouvriers tisserands de Lyon, les canuts. En vain, car ceux-ci, dont l'esprit corporatif était tout le contraire de l'esprit révolutionnaire et dont le meneur, Pierre Charnier, était d'ailleurs un catholique légitimiste, avaient des revendications purement professionnelles.
En Algérie, la conquête continue, parce qu’on ne sait pas quoi faire de ce territoire, et parce que la guerre apparaît comme un dérivatif pour une armée qui reste hantée par le mythe impérial.
À nouveau les événements ont cristallisé un épisode parisien, provoqué par un coup de force de la rue. À aucun moment la France n'a été consultée : voulait-elle la révolution ? La monarchie de Juillet, de même que la Restauration, a eu peur du suffrage universel. Si elle avait élargi sa base électorale, elle aurait pu durer. Car le peuple, on le verra au long du XIXe siècle, peut aussi être conservateur.
En finir avec les rois, rendre le pouvoir au peuple, tel était le but des émeutiers qui ont renversé le trône de Louis-Philippe. Tel était aussi l'objectif des têtes pensantes de la révolution. Des hommes comme Lamartine ou Arago étaient des bourgeois, mais ils avaient instauré la République dans l'espoir de donner la parole à ceux qui ne la détiennent jamais.
Changement majeur (…), la IIe République établit de manière définitive le suffrage universel masculin (…) 84% des 9,4 millions de Français inscrits sur les listes électorales se déplacent pour aller voter. Les résultats consacrent une victoire écrasante des modérés républicains, qui raflent 500 sièges. Les royalistes, orléanistes ou légitimistes, en ont 300, et les républicains de gauche et les socialistes, moins de 100. Stupéfiante révélation : le suffrage universel est conservateur.
Le 21 juin, l'Assemblée décide la fermeture des Ateliers nationaux, qui n'ont donné de travail à personne et sont devenus, en revanche, des foyers d'agitation. Les chômeurs sont invités à s'enrôler dans l'armée ou à partir pour la Sologne, où des chantiers les attendent. Dès le lendemain, la nouvelle provoque des attroupements spontanés dans les quartiers populaires de la capitale.
(…) l’archevêque de Paris, Mgr Affre, prélat républicain, est tué, place de la Bastille, en tentant de s'interposer entre les deux camps. Le bilan de la répression est lourd : 4 000 tués parmi les insurgés et 1600 parmi les forces de l'ordre, auxquels s’ajoutent 1 500 insurgés abattus sans jugement après la fin des combats, et 25 000 arrestations, dont 11 000 se solderont par des condamnations à des peines de prison ou à la déportation en Algérie (…) « La République a de la chance, elle peut tirer sur le peuple », ironisera tristement Louis-Philippe en exil.
(…) les chefs socialistes sont poursuivis, même s'ils n'ont pas pris part à l'insurrection (Louis Blanc part alors pour l’Angleterre) (…) Aux élections locales qui se déroulent au cours de l'été 1848, la province vote massivement à droite…
Louis-Napoléon est le fils de Louis Bonaparte, l'ancien roi de Hollande (…) Élevé en Suisse par sa mère, il a été confié à des précepteurs aux idées révolutionnaires (…) un nouveau coup de force. L'opération se déroule à Boulogne en 1840. C'est un nouvel échec. Arrêté, condamné à la prison à vie (…) En 1846, il réussit à s'évader du fort de Ham…
(…) 1848, son triomphe est écrasant : Louis-Napoléon est élu au premier tour président de la République avec (…) 74% des suffrages exprimés (…) son nom a servi d’attrape-tout.
(…) le parti de l'Ordre, qui rassemble des monarchistes, légitimistes ou orléanistes, et des catholiques hostiles à l'esprit de 1848 (…)
1849, les élections à l'Assemblée législative sont gagnées par la droite. Le parti de l’Ordre (…) sous la devise « Ordre, propriété, religion », remporte 64 % des élus (…) Une nouvelle fois, les révolutionnaires n'acceptent pas le verdict des urnes…
(…) la loi présentée par Falloux, le ministre de l'Instruction publique, qui est adoptée le 15 mars 1850 (…) satisfait à toutes les revendications des partisans de la liberté d’enseignement (…) Brisant le monopole d’Etat de l'Université napoléonienne, cette disposition multipliera les écoles confessionnelles.
(…) C’est l'époque où un simple prêtre de campagne dont on vante l'extraordinaire charisme, l'abbé Jean-Marie Vianney, curé du village d'Ars, dans l'Ain, depuis 1817, déplace les foules (il mourra en 1859). Les vocations affluent dans l'Église : on comptait 36 000 prêtres en 1814, ils sont 44 000 en 1848, et seront 56 000 en 1870. Les congrégations religieuses, quant à elles, connaissent une croissance encore supérieure…
Au cours de l'été 1850, alors que la droite parlementaire, réitérant l'erreur de la Restauration et de la monarchie de Juillet, a voté, au printemps précédent, une loi restreignant le nombre d'électeurs, le prince-président, pour le coup, fait savoir son hostilité à cette mesure.
Le 2 décembre suivant, Louis-Napoléon déclenche un coup d'Etat (…) huit jours après le coup d'État, on dénombre 26 000 arrestations, qui aboutiront à 10 000 déportations en Algérie.
Le plébiscite a lieu les 21 et 22 décembre 1851 : 7,4 millions de suffrages, soit 92% des électeurs, approuvent « le maintien de l'autorité de Louis-Napoléon Bonaparte » (…) Paradoxale IIe République : née d'une révolution parisienne contre la monarchie parlementaire, dotée par la province d'une Assemblée aux trois quarts royaliste, elle se termine par un coup d'Etat qui profite à un dictateur, avec le consentement du pays (…) Sauf que la question sociale a pris le pas sur la fracture politique entre noblesse et bourgeoisie (…) En résumé, Marx, qui publie son Manifeste du parti communiste avec Engels, a remplacé Robespierre.
Élue au suffrage universel pour dix ans (…)
La presse est muselée, et l'opposition éliminée (…) les monarchistes restent paralysés par la division entre légitimistes et orléanistes, d'autant que le comte de Chambord, le prétendant Bourbon, qui est plus tradionnaliste que n'était son grand-oncle Louis XVIII, n’est guère enclin à transiger avec ses principes (…)
À gauche, les responsables du parti républicain sont sous les verrous, ou en exil. Neuf jours après le coup d'État, Victor Hugo est parti pour la Belgique (…) « Après Auguste, Augustule ! Parce que nous avons eu Napoléon le Grand, il faut que nous ayons Napoléon le Petit ! » Hugo s'installera ensuite à Jersey, puis Guernesey, passant près de vingt années en exil.
Appelés aux urnes pour ratifier le nouveau régime, le 21 novembre, 7,8 millions de Français disent « oui » à l’Empire, contre 250 000 « non » (…) Le 2 décembre 1852, Louis-Napoléon est proclamé Empereur sous le nom de Napoléon III.
(…) la décision du prince-président de confisquer les biens personnels de la famille d'Orléans (…) 1858, trois bombes sont lancées contre le carrosse du couple impérial. Napoléon III et l'impératrice sont indemnes, mais l'explosion a fait 8 morts et 150 blessés. Les coupables, Orsini et ses complices, sont des républicains italiens réfugiés en France.
La grande réussite du régime se situe sur le plan économique. De 1850 à 1870, la France, servie par une conjoncture mondiale favorable, connaît deux décennies de croissance et de modernisation de son outil industriel et financier. Le souverain, marqué par les idées saint-simoniennes, considère que l'Etat possède une mission déterminante dans le développement économique, devant financer les grands travaux et soutenir l'appareil productif à travers ses dépenses.
Ce sont les années où le pays se dote d'un système bancaire moderne, et où sont fondés des établissements financiers restés célèbres : Crédit industriel et commercial (1859), Crédit lyonnais (1863), Société générale (1864) (…)
En 1853, une épidémie de choléra, conséquence de l'utilisation d'eaux usées, provoque près de 6000 victimes dans la capitale. Napoléon III décide d'en finir et nomme à la préfecture de la Seine un homme intègre et expérimenté, Eugène Haussmann (…)
Symboles de l'élévation du niveau de vie, les grands magasins, « cathédrales du commerce moderne » selon Zola, sont fondés dans ces années-là : le Bon Marché (1852) (…), le Bazar de l'Hôtel de Ville (1855) (…) Au Printemps (1864), la Samaritaine (1869).
(…) la journée de labeur, sous le Second Empire, reste, légalement, de onze heures à Paris et de douze heures en province, durée qui est souvent dépassée. Familles misérables, logements insalubres, enfants exploités, alcoolisme : le monde de Zola n'est pas le fruit de son imagination (…)
En 1864, le droit de grève est reconnu par la loi (…) En 1867, les coopératives ouvrières sont autorisées, prélude à la reconnaissance du droit syndical qui interviendra sous la IIIe République (1884)…
Napoléon fera beaucoup la guerre, sans que l'intérêt du pays trouve forcément son compte.
En 1854 (…), la France et l'Angleterre déclenchent donc les hostilités contre la Russie, en s'assurant du soutien tacite de l'Autriche. Les batailles sanglantes qui se dérouleront durant dix-neuf mois en Crimée ont légué des noms familiers aux Parisiens : Sébastopol, l'Alma, Malakoff. Les Russes vaincus, le traité de paix est signé à Paris le 30 mars 1856.
En 1858 (…) Napoléon III rencontre Cavour, le chef du gouvernement du royaume de Piémont-Sardaigne. Celui-ci a entrepris de réaliser l'unité italienne autour de son pays (…) Les deux hommes s'accordent pour expulser l'Autriche de la péninsule. La France recevra Nice et la Savoie, et le royaume sarde annexera la Lombardie, la Vénétie et les duchés de Modène et de Parme (…)
À Solferino, au sud du lac de Garde, le 24 juin 1859, l'Empereur des Français et l'Empereur d'Autriche, François-Joseph, se font face. Les Français arrachent une difficile victoire, mais les pertes sont lourdes dans les deux camps : outre les morts, 20 00 blessés français, italiens ou autrichiens sont abandonnés sur le champ de bataille.
Tant de détresse donnera idée au Suisse Henri Dunant, qui était sur place, de fonder la Croix-Rouge (…)
Confronté à la question romaine, Napoléon III sera tiraillé, pendant tout son règne, entre les exigences contradictoires de son soutien de principe à l'unité italienne et de sa volonté de soutenir le pape pour ne pas s'aliéner les catholiques. En 1861 (…) Victor-Emmanuel II, le roi de Piémont-Sardaigne, est proclamé roi d'Italie : Cavour a atteint son objectif, mais il meurt trois mois après (…)
La garnison française n'abandonnera Rome qu'au début de la guerre franco-allemande de 1870, laissant l'armée italienne occuper la ville, le 20 septembre 1870.
En 1863, Napoléon III engage la France au Mexique, dans une expédition politiquement absurde et militairement perdue d’avance.
En 1866 survient une nouvelle séquence désastreuse pour la France en matière de politique étrangère. Fidèle au principe des nationalités qui le guide, Napoléon III se montre favorable à l'unité allemande, dont Bismarck a entrepris la réalisation. Rencontrant le chancelier de Prusse à Biarritz, en octobre 1865, l'Empereur confirme la neutralité de la France en cas de conflit austro-prussien.
(…) 1870, des négociations se déroulent à Ems, en Allemagne, entre l'ambassadeur de France et le roi de Prusse, Guillaume Ier, au sujet de la candidature du prince de Hohenzollern-Sigmaringen au trône d'Espagne, hypothèse à laquelle Napoléon III s'oppose car elle menace la France d'encerclement. Le roi de Prusse fait montre de bonne volonté en annulant la candidature de son cousin, mais Napoléon III insiste en exigeant de son ambassadeur des garanties nouvelles de la part des Allemands, demande que le roi Guillaume refuse en termes courtois, le 13 juillet.
C'est au soir de ce même jour que Bismarck, désolé par la trop grande patience de son souverain et qui cherche l'affrontement, communique à la presse une dépêche (la fameuse « dépêche d'Ems») qui résume l'affaire sur un ton agressif et à dessein insultant pour les Français.
À Paris, l'opinion s’enflamme (…) Le 19 juillet, sûre de sa force, la France déclare la guerre à Berlin, Devant les députés, Emile Ollivier annonce qu'il prend cette responsabilité « d'un cœur léger ». « L'armée prussienne n'existe pas », plastronne le ministre de la Guerre, le maréchal Lebœuf (…) Mais cette armée est repoussée vers Sedan, où Napoléon III capitule le 2 septembre.
(…) Le surlendemain, une foule de 100 000 personnes rassemblée à la Concorde déborde la troupe, entoure le Palais-Bourbon et envahit la Chambre. Devant un hémicycle rempli d'émeutiers, Léon Gambetta prononce la déchéance de l’Empereur (…)
Le 19 septembre, Paris est encerclé. Ne voulant pas risquer un assaut coûteux en hommes, Bismarck se contente d'assiéger la ville, dans l'intention de l'affamer. Le 7 octobre, Gambetta s'envole en ballon et installe une délégation du gouvernement à Tours. De là, il parvient, ce qui stupéfiera les Allemands, à mobiliser 600 000 hommes.
(…) Depuis deux mois, la capitale vit sous les bombardements. Elle meurt de froid, n'ayant plus de charbon, et de faim, mangeant du chien, du rat, et même les animaux du Jardin des Plantes.
Le 21 mai, début de la « Semaine sanglante», l'armée pénètre dans la capitale par la porte de Saint-Cloud (…) Le bilan humain de la Semaine sanglante est terriblement lourd : un millier de morts dans les forces gouvernementales, 3 000 à 4 000 insurgés tués au combat, 17 000 autres pris les armes à la main et fusillés sans jugement ; 43 000 personnes ont été arrêtées : 27 000 seront relâchées ou bénéficieront d'un non-lieu, mais 11 000 seront condamnées à une peine de prison, 4 500 à la déportation en Nouvelle-Calédonie et une centaine à la peine capitale.
À gauche, un mythe est né, relayant l'imaginaire des révolutions de 1830 et de 1848, mythe fécondé par un martyrologe qui, commémoré chaque année au mur des Fédérés, nourrira pendant un siècle le romantisme révolutionnaire.
Signe qui ne trompe pas, les possédants manifestent leur confiance dans le régime instauré sur les décombres de la Commune en souscrivant massivement à l'emprunt nécessaire au recouvrement des 5 milliards dus à l’Allemagne : à la surprise de Bismarck, ce montant est couvert près de dix fois, révélant une richesse qui est le fruit d'une épargne accumulée pendant le Second Empire. Les dernières troupes d'occupation évacueront le pays dès septembre 1873, Thiers y gagnant le surnom de « Libérateur du territoire ».
(…) le comte de Chambord, petit-fils de Charles X (…) héritier des Bourbons (…) Ne voulant pas céder un pouce de ses principes, il fait savoir, en octobre 1873, qu'il ne renoncera jamais au drapeau blanc (…) Le temps passant, la majorité monarchiste de l'Assemblée se disloque, nombre d'orléanistes devenant des conservateurs républicains.
(…) l’instabilité ministérielle devient endémique : on comptera 52 gouvernements de 1875 à 1914, la durée moyenne d'un cabinet étant de deux cent trente jours.
Les partis n'existant pas encore, les loges maçonniques, chez les républicains, sont un creuset où se distinguent ceux qui accéderont demain aux affaires (…)
Les dirigeants politiques de la droite, à l'époque, restent en effet issus de la noblesse ou de la haute bourgeoisie, alors que l'Église catholique, elle, pratique en son sein la promotion des talents (…) En abandonnant, en politique, les idéaux d'égalité et de promotion sociale à la gauche, les conservateurs fournissent des armes à leurs adversaires.
Jules Ferry domine la période 1879-1885 (…) devient chef de fil des républicains modérés hostiles au radicalisme de Gambetta (…) ce grand bourgeois est franc-maçon, au moment où le Grand Orient a rayé de sa constitution, en 1877, toute référence spiritualiste, transformant la principale obédience maçonnique en association rationaliste et anticléricale, pour qui la laïcité est une arme contre le trône et l'autel. À la Chambre, Ferry mène une double bataille : contre l'Eglise et la droite, qui sont ses adversaires, mais aussi pour la banque et l'industrie, qui sont ses alliées.
Les grandes libertés modernes sont contemporaines de ses années de gouvernement : liberté de réunion (1881), liberté de la presse (1881) (…) liberté syndicale (1884).
(…) les lois de Jules Ferry sur l’école (…) Ce n'est pas Ferry qui a inventé la gratuité de l'école : les petites écoles fondées sous l'Ancien Régime n'étaient déjà pas payantes. En 1786, elles alphabétisaient 47% des garçons et 26% des filles ; en 1816, ce taux était respectivement de 54% et de 34% (…) En 1872, 80% des enfants sont scolarisés : 3,8 millions dans les écoles publiques, et 1 million dans les écoles confessionnelles, sachant qu'une école publique sur dix et plus de la moitié des écoles de filles sont alors administrées par des congrégations religieuses.
En 1880, Paul Bert, une personnalité marquante du parti républicain, reconnaît que 85% des enfants en âge de fréquenter l'enseignement primaire sont scolarisés. Mais mal scolarisés, car ils le sont par des gens d’Église (…) Dans la trilogie de Jules Ferry - gratuité, obligation, laïcité - l'essentiel repose sur le troisième terme : la laïcité, c'est-à-dire la séparation de l'Eglise et de l’école (…) En confiant à l’Etat la tâche de l’éducation, le chef de gouvernement - qui aspire, selon ses mots, à « désenténébrer les esprits du dogme» - assigne un but idéologique à l'institution scolaire : arracher les Français à l'influence de l'Eglise, former des citoyens pénétrés des principes de la Révolution (…)
« Le cléricalisme, voilà l'ennemi», lançait Gambetta à la Chambre, en 1877 (…)
L'animosité est d'autant plus vive que le catholicisme français est florissant (…)
Si le clergé diocésain reste soumis au Concordat de 1801, donc au pouvoir de l'État, les congrégations, ne relevant que de Rome, suscitent particulièrement la vindicte des anticléricaux. Au premier chef les jésuites (…) le mythe du complot jésuite, à gauche, est le pendant du mythe du complot maçonnique répandu à droite.
En 1880, Jules Ferry (…) fait expulser de leurs couvents, manu militari, les jésuites et les membres d'autres ordres, soit près de 6 000 religieux, contraints de quitter la France (…) la loi Goblet laïcise le personnel des écoles primaires publiques : 3 000 frères des écoles chrétiennes et 15 000 religieuses sont interdits d’enseignement (…)
Jules Ferry veut « organiser l'humanité sans rois et sans Dieu » (« mais non sans patrons», lui répondra malicieusement Jaurès). Sa conception de la liberté exclut donc ceux qui ne partagent pas sa vision du monde. Rayant Dieu des manuels de morale, sortant les ecclésiastiques de l'école, dispensant les militaires de l'assistance aux cérémonies religieuses, supprimant les prières publiques à l'Assemblée, retirant leur emploi dans l'armée aux princes d'Orléans, le ministre agit en sectaire. En 1884, le rétablissement du divorce, qui avait été autorisé en 1792, partiellement supprimé par le Code civil en 1804 et définitivement interdit en 1816, appartient de même aux mesures législatives adoptées dans le cadre du bras de fer entre le régime et l'Eglise.
Outre-mer, Jules Ferry mène une politique coloniale audacieuse (…) la Tunisie (…) Madagascar (…) Congo (…) Tonkin…
(…) les « races supérieures » ont « le devoir de civiliser les races inférieures » (…)
Contrairement à une idée reçue, les œuvres missionnaires catholiques ne se confondent pas avec l'œuvre coloniale, lui étant antérieures…
(…) le général Boulanger (…) réduisant le service militaire de cinq à trois ans
En 1886, une loi frappant d'exil les descendants des familles ayant régné sur la France a contraint le comte de Paris à quitter le pays.
(…) la Compagnie du canal de Panama (…) a dû être mise en faillite, interrompant le chantier et ruinant les investisseurs. Mais les révélations de 1892 montrent que le vote de la loi a été obtenu par le paiement pots-de-vin à 140 députés et ministres (…) (dont Rouvier, Clemenceau et Floquet) (…) le scandale de Panama nourrit l'antiparlementarisme et l'antisémitisme, les principaux financiers coupables étant juifs.
À peine les derniers remous du scandale de Panamá sont-ils calmés qu'éclate une affaire (…) Tout au long de cette histoire qui ne fait que commencer, la presse (dont la diffusion s'accroît (…) ) jouera un rôle essentiel, puisque l'opinion sera sans cesse prise à témoin, à charge ou à décharge (…) Si l'innocence de Dreyfus est acquise, l'identité du véritable coupable de la trahison de 1894 reste controversée (…) Sur le plan politique, cette secousse a marqué un nouveau glissement à gauche de toute la société française : une institution aussi conservatrice que l'était l'armée, institution où les républicains étaient minoritaires et qui formait une sorte d'État dans l'Etat, a été ouvertement contestée, son autorité battue en brèche.
(…) 1902, le sénateur radical Émile Combes forme le nouveau cabinet (…) c’est la vieille France que le président du Conseil a dans le collimateur. Ancien séminariste (et pour cela surnommé le Petit Père Combes), médecin, il a transféré sa foi de jeunesse vers la République (…) Son gouvernement, jusqu'en janvier 1905, se résume à une obsession : réduire la puissance de la religion catholique en France (…) Au total, entre 1901 et 1904 de 30 000 à 60 000 religieux et religieuses doivent quitter la France, et 17 000 de leurs maisons - écoles, dispensaires, maisons de charité - ferment leurs portes. Républicain et libre penseur, le général André, ministre de la Guerre de 1900 à 1904, veut « décatholiciser l'armée ». A partir de 1901, chaque officier est observé, au moyen d'une fiche consignant se compétences, mais aussi ses idées politiques et son comportement religieux. Les fiches, rédigées à partir des indications procurées par les loges du Grand Orient, avec lequel André s'est entendu, sont transmises au ministère et permettent de classer les officiers en deux catégories : ceux qui sont à écarter, ceux qui doivent être promus. Pendant quatre ans, la filière fonctionne discrètement (…) en janvier 1905, c'est le gouvernement d'Émile Combes qui tombe, victime de cette affaire des fiches.
Georges Clemenceau a 65 ans quand il entre pour la première fois au gouvernement (…) le ministre de l'Intérieur modernise la police, créant notamment les mobiles « brigades du Tigre », la brigade mondaine et l'Identité judiciaire.
En juillet 1913, la durée du service militaire est portée à trois ans contre deux auparavant. Les socialistes, certains radicaux et la CGT ont ardemment milité contre cette loi (…) « Dans l'ordre international, écrit Jaurès dans L'Humanité en 1912, c'est nous qui avons raison de dire que l'ère des grandes guerres de nationalités est close.»
En 1892, la France et la Russie concluent un traité secret par lequel elles se promettent assistance mutuelle en cas d'attaque par l'Allemagne. Cet accord prélude à deux décennies d'amitié franco-russe.
À Verdun, lieu devenu un symbole pour toute une génération, les Français ont laissé 360 000 hommes, et leurs adversaires 335 000 (…) Dans les plaines de la Somme, les Alliés ont perdu 700 000 hommes, dont les deux tiers étaient britanniques, et les Allemands 500 000.
1917 est une année de transition (…) En Russie, les défaites militaires et la désorganisation économique se conjuguent pour provoquer la révolution et la chute du tsarisme, en mars, prélude à la révolution bolchevique qui survient en octobre ; arrivés au pouvoir, les soviets demandent l’armistice, en décembre…
En janvier 1918, le président américain, Wilson, propose ses « Quatorze Points » pour une paix fondée sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, la limitation des armements, la liberté des mers. Le 21 mars 1918, Hindenburg, le nouveau commandant en chef des armées du Reich, et son adjoint Ludendorff (…) lancent une offensive foudroyante : ils savent que c'est leur dernière chance de remporter la victoire avant que l'arrivée en masse des Américains joue en leur défaveur.
Paris est bombardé de nuit par les avions gothas, tandis que les tirs de la grosse Bertha, un monstrueux canon à longue portée installé par les Allemands à 120 km de la capitale, terrorisent les habitants.
En France, le bilan est de près de 1,4 million d'officiers et de soldats tués, auxquels s'ajoutent 210 000 victimes civiles.
(…) 400 000 morts de la grippe espagnole de 1918-1919
(…) 1 million d'invalides de guerre, 300 000 mutilés, 600 000 veuves, 700 000 orphelins.
(…) Clemenceau, en novembre 1917, a repris la tête du gouvernement, à 76 ans. Volontaire, orgueilleux, autoritaire, le Tigre a dirigé le pays d'une poigne de fer. « En politique intérieure, je fais la guerre ; en politique extérieure, je fais la guerre, je fais toujours la guerre », disait-il en mars 1918. C'est son énergie qui a permis au pays de l'emporter, lui valant le surnom de Père la Victoire (…) Or cet homme qui a su faire la guerre ne saura pas faire la paix.
Le 28 juin 1919, cinq ans jour pour jour après l'attentat de Sarajevo, 28 Etats sont représentés à Versailles lors de la signature du traité de paix avec Berlin (…) la France n'a pu gagner cette guerre d'un type nouveau qu'avec l'aide décisive de l'Angleterre et des Etats-Unis (…) l'Europe sort blessée à mort au profit de l’Amérique (…)
Largement inspiré des Quatorze Points du président Wilson, le traité de Versailles est précédé du pacte constitutif de la Société des Nations (SDN) (…)
Sur les ruines de l'empire des Habsbourg naissent deux États sans fondement historique - la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie…
(…) le courant bolchevique de la SFIO triomphe au congrès de Tours, en décembre 1920, donnant naissance au parti communiste, qui revendique un projet fondé sur la dictature d'un parti révolutionnaire. En regard, les socialistes réformistes, qui font scission et maintiennent la SFIO, se dotent d'un nouveau leader : Léon Blum.
Un million de maisons ont été détruites ou endommagées par les combats, 116 000 hectares de terres ravagés, des centaines d'usines bombardées ou sabotées par les Allemands lors de leur retraite.
(…) une Chambre de gauche, en 1932, votera une loi « protégeant la main-d'œuvre nationale ».
(…) la conférence de Lausanne met fin aux réparations de guerre allemandes. Vingt jours plus tard, avec 230 députés élus au Reichstag, le parti national-socialiste devient la première formation politique allemande… Les conservateurs, s'imaginant amadouer Hitler, lui ouvrent les portes du pouvoir : le 30 janvier 1933, le maréchal Hindenburg, président de la République, nomme chancelier d'Allemagne l'ancien caporal de l'armée bavaroise.
En 1922, le roi Victor-Emmanuel III a appelé Mussolini au pouvoir. Si le régime, fondé sur l'autorité sans partage du Duce et du parti unique, est une dictature, l'actif de ses dix premières années est avéré : reprise économique, baisse du chômage, traité du Latran avec le Saint-Siège, donnant naissance à l'État du Vatican.
L'opinion italienne adhère massivement à la politique de Mussolini, dont les admirateurs, de Roosevelt à Churchill, sont nombreux à l'étranger.
En France, en 1934, il n'existe pas d'organisations fascistes (…) Mais les communistes amalgament sous l'étiquette « fascisme » toutes les formes d'anticommunisme, quelle que soit leur inspiration, et l'antifascisme, stratégie mise en œuvre par le Komintern, l'Internationale communiste et ses agents à Paris, devient, comme naguère l'anticléricalisme, le ciment de l'unité de la gauche. En juillet 1934, le parti communiste et la SFIO signent un pacte d'unité d’action.
Le 7 mars 1936, Hitler se livre à un coup de force : ses troupes envahissent la zone démilitarisée de la Ruhr (…) Mais les élections sont proches et le haut commandement estime n'avoir pas les moyens d'agir sans une mobilisation générale. Quant à l'Angleterre, elle fait savoir à Paris qu'elle ne suivrait pas une intervention militaire. Aucune réplique n'est donc apportée à l'opération d'Hitler, dont on sait aujourd'hui qu'elle était une partie de poker : le Führer aurait reculé si les démocraties l'avaient exigé.
Réduire la durée du travail de 48 à 40 heures hebdomadaires provoque une chute de la production industrielle : c'est seulement en 1939 que sera retrouvé le niveau de 1928. En Allemagne, dans le même temps, la production, et spécialement la production d'armement, aura fait un bond de 17%.
La flotte française stationnée dans la rade de Mers el-Kébir, près d'Oran, reçoit donc un ultimatum : les bâtiments doivent rejoindre l'Angleterre ou les États-Unis. Le 3 juillet, l'ultimatum ayant été repoussé, les bâtiments sont bombardés par les Anglais. Plus de 1 300 marins sont tués par leurs alliés de la veille. En France, l'indignation est immense, et suscite une vague d'anglophobie qui ne sera pas sans conséquences.
La majorité des socialistes et des radicaux, élus en 1936 sur des listes Front Populaire, ont dit oui à Pétain (…) Laval, député socialiste en 1914 et en 1924, dix fois ministre ou président du Conseil entre 1925 et 1935, était un pilier de la République laïque (…)
Sur le plan économique et social, l'État français a promulgué des centaines de textes législatifs dont les trois quarts seront repris, trait pour trait, à la Libération et transmis de la IVè à la Vè République (…) peu osent le rappeler, mais notre législation abonde de textes élaborés sous Vichy (…)
En quatre ans, on assiste à l'abandon progressif des thèmes de la Révolution nationale, et à une perte d'autonomie vis-à-vis des Allemands.
La Résistance (…) de Gaulle devra s'imposer à cette constellation de mouvements nés en dehors de lui.
(…) la volonté du Général d'intégrer des hommes politiques de la IIIè République au sein de son embryon de gouvernement. Préparant l'après-guerre, de Gaulle veut placer tous les partis sous son autorité. Nombre de résistants, idéalistes, imaginent un autre monde en vue du jour où le pays sera libéré. Mais le chef de la France libre parviendra à ses fins, en reprenant les rênes de l'ensemble de la Résistance, tâche assurée par Jean Moulin, préfet radical de 43 ans révoqué par Vichy et qui est parvenu à gagner Londres à l'automne 1941.
Avec le titre de « représentant personnel du général de Gaulle en France », Moulin, dont la mission ne porte que sur la zone sud, est parachuté en Provence dans la nuit du 1er janvier 1942.
Pour les résistants de l'intérieur, et notamment les communistes, le CNR a vocation à devenir le gouvernement de la Libération, tandis que de Gaulle prévoit d'exercer le pouvoir à travers le Comité français de libération nationale, qui est constitué au même moment à Alger.
Dès le 21 août 1941, en assassinant un officier allemand à la station de métro Barbès, Pierre Georges (le futur colonel Fabien) a inauguré la technique communiste fondée sur le cycle provocation-répression : commettre des attentats qui, entraînant des représailles, ont pour but de dresser l'opinion contre les forces d'occupation et de rendre le gouvernement de Vichy complice de ces dernières.
Le général de Gaulle, lui, réprouve les attentat individuels, tout comme l'activisme insurrectionnel qu’il juge prématuré (…)
Au sein des FFI, les communistes conservent cependant leur organisation particulière, les Francs-tireurs et partisans.
Sur les 16 000 locomotives d'avant 1939, il n'en reste plus que 3 000 (…) La production d'acier est de 7000 tonnes par mois, contre plus de 500 000 en 1938. Un million de familles sont sans abri…
Les communistes ont le sentiment de s'être débarrassés de de Gaulle, dont la personnalité faisait obstacle à leurs plans. Un document interne du bureau politique explicite ainsi la ligne du PCF : « Créer le climat nécessaire qui nous permettra de revendiquer la direction des affaires du pays en faisant pénétrer dans les masses l'idée que nous avons été les seuls à dire la vérité. »
En 1947, un nouveau statut de l’Algérie octroie la citoyenneté à tous les Arabes (…) un nombre égal de députés à l’Assemblée nationale et à l’Assemblée algérienne, alors que les Européens représentent seulement 10% de la population (…)
À leurs débuts, le FLN et sa branche militaire, l'Armée de libération nationale (ALN), représentent quelques centaines d’hommes (…) de 1955 à 1957, on passe ainsi d'une moyenne de 5 Européens assassinés à 50 chaque mois. Mais se heurtant à l'attentisme ou à la résistance de la population, les rebelles font également régner la terreur chez leurs frères musulmans, ciblant les anciens combattants, les gardes champêtres ou les notables locaux, tous ceux qui sont liés à la France.
Contrôlant 156 villes de plus de 30 000 habitants, la gauche installe un réseau d'associations locales en tout genre, de l'animation culturelle à l'action humanitaire, étendant son emprise sur la société. Ainsi le parti socialiste bénéficie-t-il, via la gauche chrétienne, d'un pouvoir d'influence naguère détenu par l'Église.
En décembre 1978, de l'hôpital Cochin, où il séjourne, la jambe dans le plâtre, à la suite d'un accident de voiture, Jacques Chirac, conseillé par Pierre Juillet et Marie-France Garaud, lance un appel où il met en cause la politique européenne du président de la République : « Derrière le masque des mots et le jargon des technocrates, on prépare l'inféodation de la France, on consent à l'idée de son asservissement. »
(…) 1978, l'installation à Neauphle-le-Château, non loin de Paris, de l'ayatollah Khomeiny, chef chiite exilé d'Iran pa le shah et accueilli par le gouvernement français au nom de la tradition d'accueil de la patrie des Droits de l’homme…
L'antiracisme qui fait bon ménage avec le capitalisme - les fêtes de SOS Racisme sont sponsorisées par de grandes sociétés -, devient, pour la gauche, une arme idéologique et morale qui sert à délégitimer tous ceux qui s'interrogent sur la gestion de l'immigration en France : aborder le sujet entraîne le risque de se faire soupçonner de racisme, or cette accusation tue.
Jusqu'à la crise provoquée, fin 1986, par le projet de réforme universitaire présenté par le secrétaire d'État, Alain Devaquet, qui déclenche un mouvement de rue chez les jeunes. Au cours de heurts avec la police, un étudiant, Malik Oussekine, meurt à la suite d'un accident tragique. Celui-ci provoque un tollé, qui pousse Jacques Chirac à retirer la loi.
À Creil, toujours en 1989, le principal d'un collège renvoie trois élèves tunisiennes qui refusent d'enlever leur voile islamique. Faut-il interdire le voile ?
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